First Man – Le Premier homme sur la Lune : Fly Me To The Moon

Après le succès de La La Land, Damien Chazelle était attendu au tournant. Le plus jeune cinéaste à avoir reçu l’Oscar du Meilleur Réalisateur surprend avec First Man, s’éloignant du monde de la musique mis en avant dans ses précédents films. Cette fois, Chazelle se tourne vers la conquête spatiale et met en scène un scénario de Josh Singer (Spotlight, Pentagon Papers) centré sur Neil Armstrong, de ses débuts à la NASA jusqu’à son premier pas sur la Lune, le tout avec la Guerre Froide et la course spatiale en toile de fond.

Étonnant choix que celui de Damien Chazelle aux commandes de ce film. Pour le réalisateur, c’était un beau défi, s’attaquant à un sujet qu’il ne maîtrise pas, impliquant une autre approche dans la réalisation. Certes, le cinéaste n’est pas complètement en terrain inconnu puisqu’il retrouve Ryan Gosling après La La Land et qu’il raconte l’histoire d’un homme capable de délaisser son couple au profit de sa réussite professionnelle (comme dans… Whiplash et La La Land tiens !). Cela dit, on peut affirmer que Chazelle a pris un risque en tournant First Man. Le réalisateur se dévoile étonnamment à l’aise avec le film, continuant de révéler un talent de mise en scène évident, collant cette fois au plus près de son personnage pour mieux sonder son ambition, sa motivation, sa détermination et le chagrin qui le hante (Armstrong est marqué par la mort de sa jeune fille Karen et semble incapable de communiquer avec sa femme et ses enfants depuis). Avec First Man, Damien Chazelle prouve surtout son habilité en tant que metteur en scène  à passer d’un sujet à l’autre, en l’occurrence de la comédie musicale au biopic ici.

On pourra cependant reprocher au film d’être un poil trop appliqué. Certes, du côté du réalisateur, le défi est relevé, évitant même les écueils habituels du film spatial. Les cadrages sont sans cesse travaillés, axés sur les fuselages, sur les cockpits et sur de belles lignes d’horizon permettant d’instaurer une tension permanente dans chacune des séquences de vol.

Malgré tout, Damien Chazelle peine à transcender un scénario trop classique, bien trop calibré pour la saison des récompenses pour vraiment convaincre. L’approche du réalisateur a beau être intéressante et tous les acteurs ont beau être impeccables (Ryan Gosling et Claire Foy en tête, formidables), le scénario écrit par Josh Singer manque de souffle et empêche le film de vraiment décoller.

Si le contexte est bien resitué sans être pédagogique, le récit n’en demeure pas moins un poil étriqué, mettant en scène des personnages auxquels on désespère à s’attacher. Les séquences s’enchaînent en peinant à créer de l’émotion, donnant l’impression d’un film solidement agencé mais un poil dénué d’âme. On regrettera d’autant plus cette sensation de froideur que la séquence de l’alunissage est tout simplement sublime, merveille technique renforcée par la superbe composition musicale de Justin Hurwitz. Un grand moment de cinéma pour un film qui aurait cependant pu nous mener bien plus haut. Une chose est sûre cependant, c’est que la carrière de Damien Chazelle suit parfaitement sa trajectoire et sans aucun problème technique…

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