Sugarland : A qui profite le sucre?

Il aura fallu attendre 10 ans pour voir une suite non-officielle à Supersize Me de Morgan Spurlock. Alors qu’on pensait assez idiotement qu’un tel documentaire engendrerait une multitude de films réalisés sur le même schéma et dénigrant toutes les perversions des différents aspects de la malbouffe, il n’en est rien. Jusqu’en 2014 où un réalisateur australien finit par avoir pitié de certaines habitudes nutritionnelles de son pays au point de vouloir transmettre son message à la plus large audience possible par le biais d’un documentaire. Ce film est Sugarland et ce péché nutritif est le sucre.

Son réalisateur, Damon Gameau, adopte exactement la même approche que son homologue américain en décidant de baser son régime alimentaire autour du sucre que l’on trouve dans des aliments dits « saints » afin d’observer ses méfaits les plus violents, notamment en Australie, où la consommation de sucre est particulièrement élevée et peu surveillée par des institutions de santé. Et accessoirement car c’est la nationalité du réalisateur. L’idée est d’essayer de ne pas consommer de soda ou de barres chocolatées réputées comme très sucrées, mais d’opter pour des aliments bio parfois, des jus de fruits souvent et tout un tas de nutriment que l’on retrouve dans les aliments qui semblent, au premier abord, parfaitement sains. Son expérience dure 2 mois et s’avère aussi éloquente que l’expression « un bon exemple vaut mieux qu’un long discours ».

Il ne suffit pas d’être vegan ou de manger bio pour avoir une santé parfaite, il faut également surveiller sa consommation de sucre. Un régime alimentaire parfait si l’on veut une santé parfaite mais qui demande beaucoup d’efforts. On se rend compte ici de l’importance du taux de glucide dans les aliments car il est certainement ce qui peut nuire le plus au corps humain, loin devant la présence de certains conservateurs ou autres additifs. La raison principale est, comme pour le sel, la « surconsommation » et la « sur présence » de ce nutriment dans les divers aliments et produits de consommation. Celui-ci permet de rendre chaque aliment doux en bouche et donc plus savoureux. En diminuant son taux d’acidité, d’amertume ou de tout ce qui agresse les papilles gustatives, on rend les gens naturellement addict au goût sucré. Pas au sucre, mais bien au goût sucré. Ce dernier ayant même un seuil d’appréciation, le bliss point, au delà duquel un aliment passe d’un état savoureux ultime à un état de rejet total de la part du consommateur. Ajoutez un gramme de sucre dans votre coca ou votre yaourt sucré et d’un seul coup il vous semblera parfaitement immangeable.

Ce qui est intéressant avec ce format documentaire est qu’il est parfaitement ludique. Damon Gameau utilise une forme de pédagogie très simple adaptée à de jeunes enfants comme à n’importe qui d’un peu plus mature. Son approche permet de comprendre les enjeux de l’expérience à n’importe qui. Elle est ponctuée de plusieurs intervenants qui savent transmettre une information lourde de sens et pas forcément accessible à des novices du domaine avec une certaine simplicité. Entre les illustrations animées, l’explication scientifique, l’explication par l’exemple et parfois même une représentation un tantinet comique, tout semble parfaitement clair et concis. On est alors face à un film rythmé et coloré qui nous explique un état de fait actuel qu’il serait vivement bon de modifier. L’important dans ce documentaire est de voir à quel point l’industrie agro-alimentaire à la main-mise sur la population sans qu’ils s’en rendent compte.

En ce sens, des portes paroles comme Kyan Khojandi en France ou Stephen Fry en Amérique sont de gros avantages, tout comme l’apparition furtive de Hugh Jackman qui a accepté de se prêter au jeu, montrant accessoirement l’intelligence de l’acteur. Il faut bien ces figures publiques pour dénoncer les dérives qu’utilisent les lobby avec ce nutriment. Ici c’est l’Australie qui est directement impacté car il est le principal problème de santé du pays à l’instar de la malbouffe aux États-Unis. Mais c’est un problème mondial et on en apprend plus sur l’histoire de sa commercialisation à travers ce documentaire. C’est en ça que les films de ce style sont passionnants car ils nous enseignent de la physique chimie, de l’histoire, de philosophie/psychologie et nous propose des alternatives pour améliorer cette condition de vie.

En conclusion, Sugarland est un documentaire extrêmement complet vis à vis de son sujet malgré la multitude de choses en plus que l’on pourrait aborder. A une époque où les questions écologiques et de santé alimentaires sont au cœur de notre société, un projet comme celui-ci était voué à voir le jour. Il n’arrive pas encore trop tard mais il va falloir un travail intense pour faire de ce documentaire une institution dans le milieu scolaire comme le fut son prédécesseur américain.

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  1. Une fois que tu sais : ça change pas grand chose -

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