Dilili à Paris : Magie en stock

Michel Ocelot a voyagé à travers l’Afrique pour les aventures de Kirikou, l’Europe médiévale pour Azur et Asmar et fait le tour du monde et de ses rêves pour les contes irriguant Princes et Princesses. Le rêve se poursuit cette fois à La Belle Époque de Paris, au début du 20e siècle. Une période favorable à l’imaginaire et au fantasme trouvant l’écho au cœur d’une réalité loin d’être si fantasque. En ces temps de La Belle Époque se croisait dans la ville des lumières les grands artistes du moment : Rodin, Camille Claudel, Chocolat, Le Douanier Rousseau, Toulouse-Lautrec ou encore Renoir et Monet. 

Mais c’est par le contraste horrifique d’une époque que Michel Ocelot choisit d’ouvrir Dilili à Paris. L’image d’une famille Kanak traditionnelle en démonstration de leurs coutumes devant les badauds aux pieds de la Tour Eiffel. Le travelling arrière prend au cœur pour mieux nous attacher à Dilili, cette chère petite métisse profitant du luxe d’une comtesse l’ayant recueilli. Dilili est polie saluant chaque personne rencontrée, en quête d’aventures et de rencontres. Paris va être le théâtre de l’une des aventures de sa vie. Le film est une promesse de la part de Michel Ocelot de retrouver Dilili dans d’autres péripéties si le film est un succès. On peut penser aussi à une série animée. Mais cela est une autre histoire.

Dilili à Paris nous emmène aux confins d’un Paris si merveilleux et si obscur. Les Mal-Maîtres enlèvent des petites filles. Paris est sous tension et à l’affût de leurs agissements. Dilili est une nouvelle cible. Mais à la sortie de sa représentation, elle fait la rencontre d’Orel, triporteur de son métier, qui va la protéger suite à une tentative d’enlèvement par un dissident. À bord de ce triporteur, le spectateur va circuler à grande vitesse dans les grandes largeurs de Paris. Montmartre, Pigalle, le moulin du diable où la rage d’un chien ayant mordu Orel nous fera rencontrer Pasteur après une vertigineuse descente des hauteurs de La Capitale. Dilili à Paris est un dépaysement total, un émerveillement complet. L’aventure est palpitante, même si on regrettera une perte significative de rythme dans le dernier tiers.

Dilili à Paris est une proposition de cinéma marquant les mémoires. Michel Ocelot prend le pari de retranscrire le Paris de 1900 grâce à des photos-réalistes où se juxtaposent des animations 3D du plus bel effet. Le film décontenance dans le fait de se perdre dans une réalité parallèle où une époque s’anime brillamment et nous aspire dans une aventure utopique et magnifique. On est décontenancé par une perte relative des repères ne sachant plus sur certaines séquences desquelles sont les trucages, l’animation et la réalité d’un décor. 

À près de 75 ans, Michel Ocelot met en scène une prouesse où l’imaginaire côtoie une réalité subliminale. L’aventure est palpitante, les rencontres malicieuses et ludiques avec notre duo d’enquêteurs d’un charme fou. Comment ne pas craquer devant Dilili, petite métisse kanake au visage de poupon, puit sans fond d’apprentissage et une verve discontinue. Elle souhaite l’aventure, mais elle est surtout l’aventure, telle une variation féminine du Tintin d’Hergé agrémentée de magnifiques robes et d’un compagnon tout terrain. Orel est son Haddock, prêt à tout pour elle, son protecteur et homme d’action, ce qui fait de cette association un duo du tonnerre.

Dilili à Paris est une réussite en tout point. Peut-on juste lui reprocher un essoufflement dans le final de l’aventure aux pieds de la Tour Eiffel. Comme un pied de nez à l’élévation morale et sociale d’une petite fille, simple représentation fasciste d’un exotisme pour touristes et français conformistes. Dilili devient alors l’héroïne des petits et grands, le pivot de l’échange, de l’entraide et de la bonté au cœur d’un spectacle familial de haute volée.

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  1. Edmond : à la fin de l'envoi, il touche ! -

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