Désenchantée- Saison 1 : C’est pas le futur mais c’est bien quand même

Après la vie moderne d’une famille américaine moyenne, après un saut dans le futur de 1000 ans, Matt Groening s’attaque dorénavant au moyen-âge. Mais, est-il encore nécessaire de présenter Matt Groening ? Créateur des Simpsons, de Futurama et aujourd’hui de la nouvelle série animée produite par Netflix, Désenchantée (ou Disenchantment en V.O.). Netflix a commandé 20 épisodes, les dix premiers sont disponibles depuis le 17 Août 2018 sur la plate-forme.

Pour cette nouvelle série, Matt Groening s’est entouré d’anciens collaborateurs et producteurs des Simpsons et/ou de Futurama. De même, l’animation a été confiée au studio de Matt Groening, The Curiosity Compagny responsable de Futurama, des Simpsons depuis 2015 et maintenant de Désenchantée.

La princesse Tiabeanie A.K.A. « Bean », alcoolique et fêtarde vit dans le royaume de Dreamland. Étant une femme au moyen-âge, elle n’a pas voix au chapitre concernant son mariage. Son père la force à se marier au prince Guysberg afin de conclure une alliance entre les deux royaumes. Dans ses cadeaux de mariage, elle y découvre un paquet contenant Luci, son démon personnel qui l’incite à boire. Elle se présente alors à la cérémonie ivre et provoque la mort de son ex-futur époux. Pendant ce temps chez les elfes, Elfo est fatigué d’un monde riant, chantant et heureux et ne souhaite qu’une seule chose, vivre dans un monde où les gens sont malheureux.

Alors, quelle est notre impression sur la série car tout le monde l’attendait au tournant ?

Déjà on est sortis de la zone de confort d’une banale sitcom avec dorénavant des épisodes de 28 minutes, qui sont rendus à 25-26 minutes avec les génériques et les crédits à la place d’épisodes de 18 minutes. Il faut le remplir cet écart et tenir la distance, pour une série comique n’est pas simple. Ici, l’histoire tient une plus grande place que chez ses grandes sœurs. Donc la série est confinée dans un cadre bien particulier et il est difficile de s’en défaire. Il est important de noter que ces 10 épisodes sont présentés comme la « partie 1 » et non la saison 1. Il feront donc partie d’un tout avec les prochains épisodes. Ce qui remet en question la façon de percevoir la série qu’on a actuellement. Comment juger une série en n’en connaissant que la moitié ? Par conséquent, la série peut sembler avoir un rythme inégal en comparaison des Simpsons et Futurama. Les épisodes sont plus longs et on oscille entre épisodes « fillers » – très utiles car ils permettent de poser l’ambiance de la série et ses personnages – et les épisodes à fil rouge qui nous mènent vers les événements des deux derniers épisodes de cette première partie. On peut être gêné par le rythme au premier abord car on sent que la série a une vraie histoire ou veut avoir une histoire sans pour autant bien comprendre où elle veut nous emmener. Étant donné la façon dont se conclue cette première partie l’histoire sera sûrement plus développée dans la seconde.

Mais, pourquoi on s’intéresse à une série de Matt Groening en premier lieu ? L’humour bien entendu. Là-dessus, on est servi, amateurs des Simpsons ou Futurama ne seront pas dépaysés. Les piques acerbes, les remarques incisives et le cynisme sont au rendez-vous. Certains gags feront bien évidemment plus mouche que d’autres mais ça reste subjectif. Nous mettons au défi quiconque de ne pas se perdre en explications en répondant à la question : « Pourquoi c’est drôle ? ». On est quand même plus proche d’un humour type Futurama que type Simpsons. Le contexte moyenâgeux est source de blagues sur la condition de la femme et dans l’ensemble la comparaison moyen-âge/monde moderne est évidemment un ressort comique. Mais on sent que la série tâtonne entre les moments d’histoire sérieux et l’humour décomplexé.

En terme d’animation et de graphismes, la série est assez pauvre. Rien à voir avec le character design qui demande d’être proche du style Groening. Mais la série manque d’excentricités ce qui vient du cadre assez restreint du moyen-âge. Mais même le royaume des elfes est assez pauvre et d’ailleurs le design des elfes, notamment Elfo fait bâclé. Ce qui est dommage parce qu’à première vu, on est face à du Futurama plus moderne. D’ailleurs Futurama avait pour elle un monde sans limites dans lequel l’imagination des créateurs pouvait s’exprimer à son plein potentiel. Maintenant, à voir ce que nous offrira la seconde partie quand on voit comment se termine cet épisode 10.

Parlons du doublage très réussi, surtout quand on le compare aux autres séries Netflix qui a tendance à être faiblard. Ici, la direction artistique a été confiée à William Coryn qui est un excellent directeur artistique, en particulier sur les séries d’animations comme il a déjà pu le montrer avec les premières saisons de Futurama, South Park ou encore en tant qu’adaptateur pour Great Teacher Onizuka qui est souvent considéré comme une des séries d’animation japonaise avec le meilleur doublage français. L’adaptation est signé Marc Bacon, dont il est difficile de trouver une liste exhaustive des projets sur lesquels il a travaillé. Mais on le retrouve comme directeur artistique sur les séries Charmed, Stargate SG-1 et pour Netflix sur Unbreakable Kimmy Schmidt et le film Mariage à Long Island avec Adam Sandler et Chris Rock. Son travail d’adaptation sur Désenchantée est plus que correcte (Omer et Dalor…) malgré quelques défauts qui peuvent parfois faire tiquer. Du côté des comédiens, William Coryn s’entoure d’un petit comité composé de ses amis Thierry Wermuth et Christophe Lemoine, respectivement les voix de Stan Marsh et Eric Cartman dans South Park qui joue ici les acolytes Elfo et Luci. Le rôle de la princesse Bean a été confié à Laetitia Coryn, la fille de William Coryn, très convaincante en Bean même en étant moins expérimentée que ses collègues. On retrouve aussi d’autre grands noms du doublages comme Barbara Beretta ou encore Pierre-François Pistorio.

Désenchantée est une série pleine de promesses. Mais son principal défaut se trouve être les deux ombres qui planent sur elle, à savoir Les Simpsons et Futurama. Aucun spectateur ne peut s’empêcher de la comparer à ses prédécesseurs. Malgré tout, Désenchantée est une série remplie d’humour déjanté et cynique qui vaut le détour. C’est 10 épisodes, c’est drôle, c’est Matt Groening, qu’est-ce qu’il faut de plus ?

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