Opération finale : Loin du coup d’éclat

Drôle d’idée que de conclure le festival de Deauville par Opération finale de Chris Weitz. Attendu sur Netflix un peu plus tard dans l’année, le film, outre son casting solide, n’a vraiment pas les épaules pour clôturer en grande pompe un festival. Certes, la présence de Ben Kingsley et Oscar Isaac ont offert de beaux moments en conférence de presse mais à l’arrivée, Opération finale est à l’image de la plupart des précédentes productions originales Netflix : soutenues par un bon casting, elles manquent d’envergure.

Le récit aurait pourtant être palpitant. Dans les années 60, des agents du Mossad parviennent à localiser Adolf Eichmann en Argentine. Le grand architecte de la Solution Finale mène une vie modeste avec sa femme et ses deux enfants, employé d’usine sans histoire. Une opération aux rouages complexes se met alors en place du côté du Mossad, l’agent Peter Malkin étant l’une des têtes pensantes du plan. Si la capture d’Eichmann se fait sans trop d’encombres, encore faut-il pouvoir l’amener à Jérusalem où il sera jugé. La condition pour l’exfiltrer est qu’Eichmann signe un document attestant son accord d’aller au procès. Celui-ci refuse, sachant très bien qu’il sera vu comme le bourreau qu’il est. Malkin devra alors obtenir cette signature dans un temps limité…

De ce pitch alléchant, Chris Weitz, artisan sans grand génie, tire un film mou, jamais franchement palpitant. Le film de traque promis par l’idée de base se transforme en huis-clos, face à face entre deux hommes. Un face à face où Malkin découvre que l’un des plus grands monstre du régime nazi n’est finalement qu’un homme chétif qui s’inquiète pour sa famille quand il est pris. Approcher le mal, c’est aussi se rendre compte qu’il n’a rien de surnaturel mais qu’il est surtout profondément humain. Thématique intéressante pourtant vite bazardée aux oubliettes tant le film se hâte dans ses ficelles tout en se montrant beaucoup trop mou dans son récit.

On sauvera évidemment la prestation d’Oscar Isaac, impeccable en Malkin hanté par le passé et la surprise de voir Ben Kingsley endosser le rôle d’un nazi après avoir joué beaucoup de personnages juifs. Les deux acteurs n’ont malheureusement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ils ne sont ni aidés par la mise en scène purement fonctionnelle ni par les dialogues manquant d’énergie à l’exception de quelques scènes près. C’est dommage car le huis-clos a pourtant réussi à d’autres cinéastes (on pense d’ailleurs au film La jeune fille et la mort de Polanski). Opération finale se savoure alors comme un film assez balisé, finalement peu mémorable en dépit de l’importance de son sujet. C’est d’autant plus dommage que les ingrédients d’une œuvre palpitante étaient ici réunis…

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