Line of Fire : Au feu les Pompiers !

Joseph Kosinski, c’est tout d’abord un fameux réalisateur de publicités. Il s’est fait repérer suite à ses travaux pour les sorties de Gears of War et Halo 3 en 2006 et de Halo 4 en 2011. Disney le récupère sous son giron pour mettre en scène la suite tardive de Tron l’héritage en 2010, toujours avec Jeff Bridges. Soutenu par la musique entraînante des Daft Punk pour le film, Tron l’héritage est une prouesse généreuse, mais superficielle au possible qui ne marquera ni les spectateurs ni les critiques. La mise en scène est inspirée, promettant une suite dans les idées interessantes pour un jeune réalisateur indéniablement à suivre.
Faute à un box-office mitigé voire décevant, Kosinski s’en va travailler avec Tom Cruise pour la proposition qu’est Oblivion. Nouveau flop au box-office américain, mais véritable spectacle en terme d’imageries et d’idées où Tom Cruise trouve l’un de ses meilleurs rôles. Il retrouvera l’acteur pour les besoins de Top Gun : Maverick prévu en salles pour 2019. En attendant, il a réalisé un film qui aura peiné à traverser les frontières. Only the Brave, traduit en France en Line of Fire, présenté en compétition au 44e Festival du cinéma indépendant Américain de Deauville et tronqué de 25 minutes pour des raisons qui nous échappent. Pour une version Uncut, on vous renvoie vers le Blu-ray US disponible avec des sous-titres français un peu partout.

Only the Brave est sorti en 2017 aux Etats-Unis, une année où le cinéma américain a célébré les drames subis par le pays de par son histoire récente. En porte drapeau, Peter Berg et le succès de son film, Du sang et des larmes avec Mark Whalberg. Suivront ensuite Deepwater et Traque à Boston, toujours avec la star, une trilogie honorant les hommes sacrifiés pour l’honneur de la nation. Des films d’actions époustouflants et émouvants mettant en avant des hommes dont l’oeuvre en elle-même sert à commémorer les décès réels.

Only the Brave (traduction « Seuls les courageux ») suit une équipe de pompiers combattant les incendies dans les étendues sèches de l’Arizona. Joseph Kosinski ne cherche pas à faire du Peter Berg, mais les idées s’en rapprochent, à l’image de ses intentions proches d’un Ridley Scott pour Oblivion, voir pour Tron l’héritage. On ne perçoit pas encore l’identité propre à la mise en scène de Kosinski. Il a peu de films à son actif, pire il aspire trop à coller à ses références directes trop prégnantes. Mais Line of Fire se laisse apprivoiser facilement aux fils des minutes. Kosinski évite les grossièretés narratives, mieux il trouve une certaine douceur dans le traitement fin de ses personnages, une galerie empathique de gueules souvent sous-exploitées ailleurs et par d’autres.

Line of Fire suit les Granite Mountain Hotshots, une équipe de 20 pompiers dirigée par Eric Marsh (Josh Brolin), un superviseur vétéran courageux et bienveillant. Il comprend le feu mieux que tout le monde, capable de contempler les montagnes lointaines et deviner la vitesse à laquelle un incendie se propage et sa direction. Il est un expert sur lequel son équipe compte et boit ses paroles. Il possède une aura et une autorité saine, que Josh Brolin campe à merveille. L’acteur trouve ici l’un de ses rôles les plus intéressants et forts. Il est au quotidien accompagné par sa femme interprété avec beauté et charisme par Jennifer Connelly. Son regard nous transperce tant son rôle secondaire est écrit avec justesse. Son envie d’être mère et de s’accrocher à Marsh est d’une tendre intensité. March va alors se lier à Brendan, un accro au crack totalement perdu qui apprend à être père. Miles Teller interprète Brendan, un pauvre garçon en roue libre, totalement paumé. Avec cette envie de se réinsérer, il va intégrer l’équipe. L’épreuve va être au début compliquée, notamment dans sa relation avec Marsh, ayant un passé similaire. Miles Teller procure au personnage une humilité croissante n’exagérant jamais sa position de petit junkie lamentable. Mieux la relation entre Marsh, lui et l’équipe conduit la première partie du film de façon engageante. L’amitié s’installe via les épreuves de son intégration et les rituels du bizutage.

Un casting de tronches attachantes, soutenue par la participation de Jeff Bridges, et un acte de courage qui se conclura par une tragédie d’une émotion rare. Nous n’avions pas vu un si bon film sur la bravoure des pompiers américains depuis Backdraft. Enfin, l’ouverture du film réalisé par Ron Howard, tant ensuite les deux films n’ont rien à voir. C’est dire la position des pompiers au cœur du cinéma américain. Peut-on seulement retenir le World Trade Center d’Oliver Stone. Quoique l’on en dise, l’émotion est présente au cœur du film. Kosinski ici arrive au même constat via l’écriture tendre et juste d’une galerie de personnages attachants, que l’on apprend à chérir au gré de la première partie stimulante. Voir sortir le film bien trop tard en France, en E-Cinéma et tronqué de 25 minutes est un crève cœur, tant Line of Fire mérite une exploitation en salles et sur 135 minutes. Joseph Kosinski signe ici son meilleur film, loin d’être une pâle copie à de multiples références, Line of Fire devenant de par sa nature brave, humble et héroïque une référence en tant que long-métrage dédié aux exploits et aux sacrifices des pompiers américains.

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