Invasion : Coup de mou pour Kiyoshi Kurosawa

Cinéaste prolifique, Kiyoshi Kurosawa nous offre un deuxième film dans l’année après Avant que nous disparaissions. Avec Invasion, le cinéaste reste d’ailleurs dans le même thème et le même univers que son film précédent, les deux films étant adaptés d’une pièce de théâtre de Tomohiro Maekawa. Soit l’histoire d’une invasion extra-terrestre perçue par un petit groupe d’humains alors que les extra-terrestres planifient leur arrivée en volant aux humains leurs concepts émotionnels (la peur, la haine, la joie), les privant ainsi de leur émotion. D’abord diffusée en tant que série télévisée de cinq épisodes à l’instar de Shokuzai, Invasion a trouvé un tel engouement au Japon qu’elle s’est vue remonter en un film de 2h20 pour le cinéma.

Et autant le dire tout de suite, 2h20 c’est trop ! Le sens du rythme, qui est de loin le plus gros défaut de Kiyoshi Kurosawa depuis plusieurs années, n’y est pas du tout et en 2h20, le récit a le temps d’assoupir plusieurs fois tout spectateur qui ne sera pas un minimum attentif à ce qui se passe à l’écran. Le problème c’est qu’après les belles fulgurances de Avant que nous disparaissions, Invasion paraît bien fade. Certes, c’est un autre point de vue que le récit propose avec cette fois-ci une femme insensible aux pouvoirs des extra-terrestres et son mari au service d’un alien énigmatique. Mais en dépit de cela, les thématiques sont les mêmes (les prémisses d’une invasion, à peine démantelée par la puissance de l’amour, seule émotion que les extra-terrestres ne peuvent pas voler) et Kurosawa donne l’impression de se répéter. Pire encore, on a l’étrange sensation qu’il régresse tant sa mise en scène manque d’ampleur et son scénario (pourtant co-écrit avec son vieil ami Hiroshi Takahashi) pédale dans la semoule, peinant à allier tension et romantisme un peu fou.

A l’inverse de sa précédente réalisation, Invasion manque de sel et d’inventivité. Peut-être que la format télévisuel permettait à l’univers et aux personnages d’être mieux développés et construits. Transformée en film bien trop long pour son propre bien, la série Invasion ne dévoile pas grand chose de piquant si ce n’est la qualité du jeu de ses interprètes, Kaho et Masahiro Higashide en tête. Higashide se montre particulièrement troublant dans le rôle d’un extra-terrestre énigmatique, fasciné par la jeune femme qu’est Etsuko, résistant à ses pouvoirs. Seuls ces deux-là parviendront à nous faire ressentir de l’empathie pour un film traversé par quelques fulgurances certes mais avec infiniment moins de grâce que les films précédents du cinéaste, tous trop longs mais tous sacrément inventifs ou surprenants. Or, deux fois la même thématique dans la même année, c’est un peu trop surtout s’il n’y a plus grand-chose de nouveau à raconter. On sauvera toujours des plans et des séquences chez le cinéaste mais force est de constater qu’Invasion est l’un de ses films récents les plus faibles…

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