Édito – Semaine 33

Produire et mettre en scène de nouvelles adaptations de romans cultes, c’est parfois un risque énorme. La volonté est d’atteindre de nouvelles générations pas à même à redécouvrir les trésors de l’histoire. Alors on leurs sert sur un plateau en argent de nouvelles relectures pour les satisfaire de leurs nonchalances.

Cette semaine sort Papillon de Michael Noer avec Charlie Hunnam et Rami Malek. Michael Noer est un metteur en scène peu connu par le grand public. Il s’est fait connaître en France par la sortie tardive de R en collaboration avec Tobias Lindholm à la réalisation. Aujourd’hui, il opère une nouvelle adaptation de Papillon, alias Henri Charrière, un voleur ayant pris perpétuité à Cayenne dans les années 30. L’homme n’a alors de cesse d’essayer de s’évader, une affaire lui ayant pris presque toute sa vie avant de réussir par un mystérieux miracle.
Les romans de Charrière ont porté polémique à l’époque pour des soupçons de faussetés, notamment Papillon, lequel lui répondra Banco pour satisfaire les langues bien pendues de l’époque. Il s’est avéré après enquête que Charrière avait eu recours à quelques facilités dans sa retranscription de son parcours, s’attribuant la vie et les péripéties d’autres détenus. Mais ses facilités serviront l’aventure épique du Papillon de Franklin J.Shaffner pour les besoins de la première adaptation cinéma avec Steve McQueen et Dustin Hoffman. Le réalisateur américain ne pourra s’appuyer sur Banco, sorti bien après la production du film. Ce que Michael Noer va pouvoir faire, s’appuyant de même sur le premier film comme un hommage et par obligations de droits.

Faire une nouvelle adaptation peut être à double tranchant. Créer la révulsion suintante envers le cinéphile et la totale indifférence d’un jeune public. Papillon n’est pas de ce calibre. Il est aux premiers abords un bon film, avant de pourquoi pas devenir un grand film dans quelques années. Laissons-lui pour cela le temps de mûrir et se revoir avec une distance bienvenue. Papillon est un film fidèle, mieux que cela, personnel dans la volonté du metteur en scène à l’adapter de nouveau. Le long-métrage n’est point un objet commercial essayant vainement de jouer la nostalgie à la manière de La Planète des Singes de Tim Burton en 2001, nouvelle adaptation du livre de Pierre Boule (1963) avant d’être un film de Franklin J. Shaffner sortie en 1968.

Nouvelle adaptation, mais surtout nouvelle proposition d’un cinéma personnel, celui de Michael Noer, qui avance des thèmes similaires à son film carcéral de 2010, R. Les deux films se rapprochent, se répondent même, par sa volonté à investir les corps et la brutalité de ce monde parallèle en plein milieu des mers, sur les îles de Cayenne. L’homme perd toutes réalités, devient une bête, se confronte à la bestialité de l’homme, de la présence de la mort et investie les chairs via des armes bricolées pour mieux défendre sa mécanique matricielle. Michael Noer est alors un excellent choix pour orchestrer cette relecture, mieux cette nouvelle incarnation de Papillon avec Charlie Hunnam agit comme un complément parfait au travail de Shaffner. 40 ans après, Papillon n’a pas pris une ride, mieux il s’est bonifié avec le temps.

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