Tulip Fever : L’amour au temps de la tulipomanie

En chantier depuis des années, d’abord prévu avec Jude Law et Keira Knightley, Tulip Fever aura connu quelques périples avant d’arriver jusqu’à nous. Adaptation d’un roman de Deborah Moggach par Tom Stoppard et Moggach elle-même, le film avait même connu une pré-production intense en 2004 avant d’être interrompu. Resurgi plusieurs années plus tard avec un tout nouveau casting, Tulip Fever devait sortir début 2017 et c’est finalement en toute confidentialité qu’il est sorti en septembre 2017 aux États-Unis, laissé tomber par un Harvey Weinstein apparemment mécontent du montage. Des mois plus tard, le film, désormais réalisé par Justin Chadwick (Deux sœurs pour un roi) finit par arriver chez nous mais par le biais d’une sortie en E-Cinéma dès aujourd’hui.

Avec tous ces tumultes, que vaut donc Tulip Fever, romance historique lorgnant du côté de Shakespeare in Love ? Et bien pas grand-chose, en tout cas rien de nouveau dans un registre déjà amplement exploité. Le film ne manque pourtant pas d’intérêt, en premier lieu pour son contexte. Se situant dans les années 1630 à Amsterdam en pleine tulipomanie (première crise spéculative de l’histoire de la finance où l’on s’arrachait des bulbes de tulipes pour des centaines de florins), le film nous conte l’histoire d’amour liant Sophia, épouse du riche marchand Cornelis Sandvoort, à Jan Van Loos, un jeune peintre mandaté par Cornelis pour effectuer son portrait. Pour pouvoir se libérer de son mari et vivre son amour avec Jan, Sophia va mettre au point un plan fomenté avec l’aide de Maria, sa servante…

C’est donc une histoire plutôt classique que nous sert Tulip Fever même si le récit a le mérite de s’attarder sur quelques points intéressants. D’abord, il y a le contexte, peu exploité au cinéma et qui donne lieu à une passionnante reconstitution. Il y a aussi le rôle du mari, ici différent du genre. Bien que trompé et un peu balourd, Cornelis (à qui Christoph Waltz prête sa subtilité) s’avère être un homme sensible et touchant, d’ailleurs bien plus que le peintre Jan pour qui l’on n’éprouvera guère de sympathie. Il faut dire que Dane DeHaan ne manque pas de qualités mais il n’a pas celles qui lui permet de jouer l’amant passionné. Il passe tout le film à avoir l’air un peu tarte, comme si lui-même ne savait pas comment il a fait pour mettre Alicia Vikander dans son lit. L’actrice suédoise, par contre, est une fois de plus impeccable. Dans un rôle assez classique, elle démontre une belle intensité de jeu, conférant à son personnage des nuances dramatiques bienvenues. Le reste du casting, bien que de qualité (Jack O’Connell, Judi Dench, Cara Delevingne, Tom Hollander, Zach Galifianakis) se retrouve malheureusement embarqué dans des rôles sans saveur et seule Holliday Grainger parvient à donner du souffle à son personnage.

Semblant parfois hésiter entre deux intrigues (la romance et la fièvre de la tulipe), Tulip Fever n’arrive jamais à imbriquer parfaitement les deux récits et se perd parfois dans des séquences sans intérêt. Il est dommage que jamais Justin Chadwick, mettant pourtant en image une belle palette de couleurs, ne parvienne à faire véritablement transpirer la passion dans ce film romanesque fort plaisant certes mais finalement trop classique pour être véritablement retenu.

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