L’Envol de Ploé : Savoir se poser

Production islando-belge, L’Envol de Ploé s’adresse avant tout à un jeune public. On suit les aventures de Ploé, un jeune pluvier qui vient de naître et doit apprendre à voler avant l’arrivée de l’hiver islandais pour pouvoir migrer avec le reste des oiseaux. Mais rien ne se passe comme prévu pour le pauvre volatile : son père va perdre la vie en voulant défendre sa famille contre le terrible faucon Shadow, expérience qui va de plus laisser Ploé pour mort aux yeux des autres pluviers, qui migreront sans lui. Pour couronner le tout, Ploé n’a pas fini sa formation pour voler, ce qui l’empêche de les rejoindre. Le jeune héros devra donc redoubler de courage pour atteindre la mythique « Paradise Valley », où l’hiver ne frappe jamais et où tous les animaux vivent en paix.

Un résumé qui semble condensé à première vue, mais qui illustre l’un des problèmes du film : son rythme hasardeux. Les relations importantes, comme celle de Ploé avec son père, qui est sensée dramatiser le sacrifice de ce dernier, sont vite expédiées tout comme le deuil qui s’ensuit. On ne dispose pas de point d’accroche marquant, ni d’un plan iconique sur lequel se reposer (difficile de ne pas repenser à la mère de Bambi ou à Mufasa qui marquent encore des générations). Et Il en va de même pour la relation entre Ploé et Plovina, sa petite camarade dont il tombe amoureux. Un point de départ qui nous prend de court, alors qu’il aurait mérité un meilleur approfondissement. On se repose donc sur un enjeu prétexte (faute de mieux) pour un voyage qui lui, sera riche en péripéties.

Il faudra attendre l’apparition de Giron, un grand et fier lagopède à l’accent anglais cliché, qui fera office de père de substitution, pour que l’aventure démarre réellement et nous montre ce qu’elle a dans le ventre. On entre alors dans un modèle classique de voyage initiatique pour Ploé, qui se fera au gré des rencontres et des intempéries. Alors que l’ombre de Shadow rode au-dessus des montagnes, Ploé fera la connaissance de souris à l’accent italien (là aussi bien cliché), d’un renard qui donne des cours de cuisine aux spectateurs ou encore des habitants de la Paradise Valley pour un instant « Hakuna Matata » (une richesse respectable, pour un film qui ne fait que 80 minutes, où il est difficile de tout condenser sans faire des choix de coupes). Mais alors qu’il atteint la vallée, Ploé sera mis face à un dilemme à la manière de Simba dans Le Roi Lion : rester dans son nouveau et confortable cocon bien à l’abri du danger, ou affronter ses peurs et retourner vers les siens menacés à nouveau par Shadow, en remettant tout en jeu.

Cette structure commune mais bien exploitée, vient soutenir un ensemble inégal et fragile. Dans son rythme comme dans sa représentation, L’Envol de Ploé peine à trouver sa respiration et évolue en saccades. Les liaisons entre les scènes sont parfois maladroites, les ellipses, troubles, si bien qu’on se pose plus de questions que l’on ne devrait le faire. On alterne entre des moments d’action et d’héroïsme bien exploités, et des instants dramatiques gâchés par leur mise en scène ou leur durée. Et il en va de même pour la technique : alors que les gros plans sur les différents personnages, notamment les oiseaux, rendent compte d’un soin particulier apporté à leurs modèles (le très bon rendu des plumes), certains plans souffrent au contraire de textures fades manquant de relief. Un défaut en partie imputable au budget (7 millions de dollars), largement inférieur aux grosses productions d’animation sur le marché.

L’Envol de Ploé reste malgré tout un film honnête et charmant pour le jeune public (malgré le sort réservé à Shadow, un poil violent). Ce dernier saura sans doute se concentrer sur l’aspect positif du long métrage (en particulier grâce à la dernière scène d’action), qui malgré un manque d’équilibre, parvient à se stabiliser pour nous mener à sa conclusion. Une aventure inoffensive et agréable, pour qui lui pardonne ses égarements.

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