Skyscraper : Back to the 90’s (en moins bien tout de même)

Avec la canicule qui règne dehors, c’est confiant et sans à priori que l’on entre dans la salle climatisée projetant le nouveau film d’action avec Dwayne Johnson, car il s’agit du parfait prototype, du moins sur le papier, du film d’été que l’on va voir pour se détendre à l’abri dans une salle de cinéma ! Tout comme les spectateurs se déplaçaient dans les années 80 pour voir le nouveau film avec Schwarzy ou Stallone, le Dwayne Johnson movie est devenu un genre en soi depuis quelques années, sa popularité ayant clairement pris une grande ampleur depuis son arrivée triomphale dans la saga Fast and Furious ! Depuis, c’est donc avec bienveillance que le public accueille chacun de ses nouveaux films, puisque quelle que soit leur qualité intrinsèque, ils possèdent toujours ce petit capital sympathie du à notre colosse préféré, le nouveau chouchou de l’Amérique, sauvant le monde de tous types de menaces, humaines ou plus monstrueuses comme dans Rampage, et dont le personnage public se confond souvent avec celui de ses films ! Qui sait, peut-être sera-t-il un jour président des États-Unis ! Quoi qu’il en soit, il nous revient donc avec ce qui s’annonçait clairement comme un succédané à Piège de cristal, situé à Hong Kong, époque oblige, dans un building démesuré, véritable ville dans les airs, et parfait high concept pour une nouvelle démonstration d’héroïsme à l’Américaine ! Et, pour une fois, disons-le pour couper court à tout suspense, les promesses sont respectées dans la limite des ambitions de base ! Vous veniez voir Dwayne Johnson sauver sa famille d’un building en flammes, pris d’assaut par de vilains assaillants cherchant un disque dont le contenu sera révélé très tard dans le film, en accomplissant une suite d’actes de bravoure aussi improbables qu’inévitablement amusants ? Vous aurez tout ça, avec, cerise sur le gâteau, une durée pour une fois mesurée, à peine plus d’1h40, permettant un rythme impeccable, sans baisse de régime !

Ce qui étonne dès la scène d’ouverture, c’est le premier degré dont font preuves les instigateurs du film, à travers ce qui fera office de trauma pour notre héros, indispensable selon les critères hollywoodiens actuels pour éprouver de l’empathie pour cet homme sur qui les évènements s’acharnent, mais dont l’amour pour sa famille le fera braver tous les dangers sans sourciller, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui en redemandent ! Le problème avec cette option, somme toute acceptable sur le papier, surtout en cette ère de cynisme effroyable induit par le système Marvel, consistant à rire de tout avec la complicité du public, se trouve tout simplement être l’incapacité du scénariste/ réalisateur à accepter l’invraisemblance totale de son postulat et de ses scènes d’action, et à tout filmer avec un sérieux papal, qui, si l’on est d’humeur ricanante, peut se retourner contre le film et en devenir gênant à certains moments ! La solution reste donc d’accepter le fait que l’on est dans un film Américain, à destination du grand public, et que malgré les dizaines de morts, exécutés froidement  (le film est tout de même assez violent, malgré sa classification PG-13 empêchant toute effusion de sang), la finalité est et restera toujours que le bien doit l’emporter sur le Mal, et surtout que la famille restera unie pour le meilleur et pour le pire. C’est donc avec beaucoup de bienveillance que l’on accueille ces défauts, soupirant intérieurement lors des éternels couplets sur la famille, avec les « Je t’aime » de circonstance, et s’amusant gentiment devant les scènes héroïques !

Il est juste dommage d’en arriver à un point où l’on est tellement gavé des blockbusters modernes à base de super héros lisses et interchangeables, que l’on prend systématiquement la moindre proposition paraissant un peu old school comme un cadeau, passant donc plus facilement sur des défauts pourtant évidents ! Car il est loin le temps où des Mc Tiernan ou Cameron régnaient en maîtres à Hollywood, livrant régulièrement de nouvelles déflagrations filmiques où le besoin d’attirer le plus grand nombre et de faire des pépètes n’empêchait jamais l’ambition et la virtuosité cinématographique ! Il faut donc semble-t-il accepter que les temps ont changé, que l’ambition ne se trouve être que dans le porte feuille (quel scoop !) et que les cinéastes officiant désormais dans le genre ne sont que de solides artisans (au mieux), ou, malheureusement, des tâcherons à la solde des exécutifs (le plus souvent) ! Disons qu’ici, pour rester poli, on se situe un peu entre les deux, mais que jamais la moindre étincelle ne se fait ressentir ! On est gentiment diverti le temps de la séance, mais le film se voit aussi vite qu’il risque de s’oublier, et même si l’on a souvent le sourire en le regardant, jamais l’on est grisé comme on l’était devant les premiers Die Hard ou les « Lethal Weapon », encore aujourd’hui de véritables modèles de film d’action grand public ne prenant pas les gens pour des débiles et sans aucune concurrence sérieuse ! Mais ne soyons pas trop mauvaise langue, le film est suffisamment divertissant pour que l’on en sorte sans colère, mais sans exaltation non plus ! Même lorsqu’il s’essaie à une scène d’action formaliste, qui ne dépareillerait pas dans un thriller asiatique, ou dans les John Wick, le cinéaste ne sait trop que faire de ce décorum propice à une démonstration de technicité dans la mise en scène, mais qui au final, ne s’avère qu’illustration d’un concept excitant sur le papier, mais dont le résultat s’avère oubliable au final, malgré le professionnalisme de l’exécution ! Il y a le savoir faire, manque juste la dose de talent et de folie des plus grands cinéastes asiatiques du genre, au premier rang desquels Tsui Hark aura fait preuve, au début des 2000’s, d’une inventivité encore inégalée avec son jubilatoire Time and Tide !

Pour finir, on notera tout de même, pour les nostalgiques des 90’s, la présence, même pas dans un second rôle, mais au premier rang, de Neve Campbell, éternelle Sidney Prescott de l’indémodable quadrilogie de Wes Craven, que nous retrouvons donc avec grand plaisir ! Car non seulement son charme est intact et elle s’avère dans le ton juste dans son jeu,  mais elle se paye même le luxe de quelques scènes d’action dont un combat de filles dans une voiture, court mais efficace ! La nouvelle génération à qui s’adresse prioritairement le film ne la connaît certainement pas, mais pour qui aura grandi devant ses films des 90’s (seuls les vrais sauront), cela contribuera en grande partie au plaisir modeste mais tout de même réel ressenti, au moins durant la durée de la projection, devant cet objet aussi sympathique qu’inoffensif !

2 Rétroliens / Pings

  1. Box-Office France du 11/07/2018 au 17/07/2018 -
  2. Édito – Semaine 31 -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*