John McEnroe – L’Empire de la Perfection : Coup droit parfait !

Il est trois films au centre de L’Empire de la Perfection. Par perfectionnisme sûrement, pour partir d’un point A vers un point B avec une continuité narrative singulière, parfois déconcertante, un brin démagogique sûrement. Mais le documentaire de Julien Faraut atteint une certaine perfection par l’exercice mis en place. 

Tout d’abord, il est un film institutionnel. Ou comment découvrir le tennis pour des profanes du sport par une vidéo datant des années 60 sortant tout droit des archives de l’INSEP. Un aspect plombant, mais déclenchant un certain comique de situation par son aspect désuet. Julien Faraut en sort lui aussi de cet institut (Institut National du Sport) où il s’est occupé des archives 16 mm liées au sport au début de sa carrière. C’est là-bas qu’il a retrouvé les archives vidéos réalisées par de Gil de Kermadec entre 1976 et 1985, sujettes à la destruction et sans réelles annotations. Près de 600 mètres de bobines par boîtes et 3 ans de travail pour tout relier et archiver. Les images donneront L’Empire de la Perfection, tiré directement de ses bobines et du travail de de Kermadec. 

Gil de Kermadec est un ancien joueur de tennis que les anciens reconnaîtront mieux que non. Fils d’un grand arbitre international et grand ami de Philippe Chatrier (qui a donné son nom au terrain principal de Roland-Garros, mais surtout Président de la Fédération Française de Tennis en 1973 et 1993, mais aussi de la Fédération Internationale de Tennis entre 1977 et 1991). Gil de Kermadec vivait dans le court des grands du Tennis. Il était un grand photographe de tennis, fut le premier Directeur Technique National dans les années 60. Puis il scruta les meilleurs joueurs du monde pendant une dizaine d’années à l’occasion de Roland-Garros chaque année. 

Les images du film de Julien Faraut proviennent du travail de Gil de Kermadec. L’Empire de la Perfection lui rend hommage dans sa deuxième partie. Après avoir expliqué le Tennis et son fonctionnement à l’époque, le documentaire bifurque vers la recherche et la trouvaille des images en profitant pour tirer le portrait de Gil de Kermadec. En cela, L’Empire de la Perfection est un vrai outil pédagogique, notamment pour sa troisième partie. 

Mais d’abord, Julien Faraut explique le dispositif mis en place par de Kermadec lors des tournois Roland-Garros. Caméras multiples dissimulées autour du court, annotation sur papier des prises par le preneur de son, etc.. Il est maintenant prêt pour nous de suivre John McEnroe.

Gil de Kermadec a suivi John McEnroe lors de différents Roland-Garros, mais plus particulièrement en 1984. Le joueur est alors un N°1 mondial indétrônable. Le meilleur joueur du monde à l’époque invaincu sur 42 matchs consécutifs. Le tournoi cette année-là est d’une banalité pour le joueur, jusqu’à la fameuse finale contre Lendl. La troisième partie du film nous entraine dans la tête de John McEnroe. Nous apprenons tout de l’homme, du sportif. Sa technique avec images à l’appui, son style et sa personnalité. Star discrète, acteur génial sur un court de Tennis reprenant l’arbitre, leur mettant le doute sur les fautes, ne supportant pas l’amateurisme quand lui est un professionnel jusqu’au bout des ongles. McEnroe est un sportif capricieux, colérique et insupportable pour certains, un génie pour d’autres. Il a tout gagné ou presque, ne reste plus que Roland-Garros. 1984 est son année.
McEnroe ne supportait pas les caméras. Il ne jouait jamais le jeu des marques, celui de l’égocentrisme à se vendre via l’image du Tennis. Il était un homme discret chassant et insultant les caméramans tout au long des matchs. Il faut bien avouer que le matériel faisait un boucan du tonnerre pouvant sensiblement déconcentrer le joueur. Les situations débloquent alors des ressorts comiques impalpables. McEnroe, dans sa sincérité et sa franchise, devient un véritable comédien des courts. Le voir fustigé les caméras, celle-là même de Gil de Kermadec permet de sourire. Ce qui nous amène vers le dernier acte suivant la finale sur sa longueur, la dominance de McEnroe sur les deux premiers jeux, le tutoiement de la perfection du jeu par le joueur new-yorkais puis les twists tels une série Netflix. 

Trois films en un que ce film, John McEnroe – L’Empire de la Perfection en salles mercredi 11 juillet. Nous sommes comme décontenancés au départ puis nous assistons à un cheminement parfait pour atteindre et découvrir un certain éclat de la perfection. Mais qu’est-ce que la perfection ? Vous le saurez à la fin, un terme philosophique s’appliquant à tout à chacun, du moment où vous combinez les détails au bon moment.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*