Paranoïa : Crazy Or Not Crazy ?

Il n’aura décidément pas fallu longtemps à Steven Soderbergh pour qu’il sorte de sa retraite annoncée en 2013. Avec The Knick, le cinéaste a vite retrouvé l’envie de tourner et s’est rendu compte que ce n’était pas de réaliser des films qui ne lui plaisait plus, mais bien le fait d’évoluer dans le milieu du cinéma et de ses studios contraignants. Depuis ses débuts, Soderbergh a déjà fait montre d’une volonté d’indépendance farouche, de plus en plus caractérisée au fil des années puisque Logan Lucky, son précédent essai était auto-distribué. La forme de liberté accompagnant son nouvel essai Paranoïa se fait via un iPhone qu’il a utilisé pour le tournage. La garantie d’un tournage rapide et de nouvelles expérimentations de la part d’un réalisateur qui ne cesse de fasciner.

Le problème de ce tournage à l’iPhone plein de liberté, c’est qu’il fait subir au spectateur une image numérique particulièrement laide, totalement froide. Si le travail sur la profondeur de champ et la couleur est appréciable, force est de reconnaître que cet outil formel a ses limites. C’est cependant sur la forme que Soderbergh se montre le plus inspiré, parvenant à dégager une ambiance inquiétante de ces couloirs d’hôpital où son héroïne est enfermée, ayant signé sans le lire un formulaire d’admission qui la coince pendant plusieurs jours…

L’idée du scénario est d’ailleurs assez simple et pue le déjà vu. Internée pour paranoïa, Sawyer Valentini est persuadée que l’homme qui la harcèle depuis deux ans l’a retrouvé au sein de l’hôpital et qu’il veut s’en prendre à elle. Piégée, passant pour folle dès qu’elle essaye d’en parler, elle tâche de savoir si ce qu’elle voit est bien la réalité ou simplement le fruit de son imagination. Un pitch classique pour un film se déroulant dans un hôpital psychiatrique et auquel la dernière partie du récit, éventant rapidement le suspense, vient donner un tour étonnamment cruel. On ne sera cependant guère surpris du film (si ce n’est pour l’apparition éclair de Matt Damon dans un petit rôle) qui n’apporte rien de nouveau à un genre déjà bien balisé.

Reste alors la liberté avec laquelle Soderbergh a tourné le film et qui se sent durant tout le visionnage de Paranoïa. On sent le plaisir de tourner vite et bien, d’expérimenter, d’oser quelques plans audacieux (avec en prime une Claire Foy au diapason) mais ce plaisir trouve rapidement ses limites tant la forme audacieuse adoptée par Soderbergh n’est pas vraiment à la hauteur d’un scénario sympathique mais peu inspiré, expédiant rapidement ses personnages secondaires et reposant sur un suspense un brin trop facile. On préférera Logan Lucky, l’essai précédent du cinéaste qui était plus enthousiasmant. On reste tout de même curieux des projets de Steven Soderbergh, réalisateur hors-normes et si éclectique qu’il est impossible d’aimer ou de détester tous ses films.

2 Rétroliens / Pings

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