Le Voyage de Ricky : Du plomb dans l’aile

Sorti en DVD le 26 Juin, Le Voyage de Ricky est un film Belge, mais aussi Allemand, Norvégien et Luxembourgeois et on sait ce que cela veut dire lorsqu’autant de pays se joignent à la production d’un long métrage d’animation sans prétention : un budget limité (10 millions de dollars ici). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela se ressent. Le synopsis est on ne peut plus classique : Ricky est un jeune moineau  dont les parents meurent dès sa naissance. Il est ensuite recueilli par une famille de cigognes. Persuadé d’en être une lui-même, il mène une vie de famille paisible. Mais arrive alors l’automne et la petite famille est obligée de migrer, sans Ricky évidemment, dont la constitution fragile ne le permettrait pas de survivre à une telle entreprise. Ni une, ni deux, Ricky, désormais livré à lui-même, décide de braver la nature sauvage et la sienne pour tenter de rejoindre sa famille en Afrique.

Mais ce voyage accuse beaucoup trop de carences pour réellement convaincre. On peut aisément pardonner une qualité graphique en deçà d’un blockbuster moyen, notamment sur les textures des personnages (les humains que l’on voit peu, sont bâclés). Le tout réussi même à être rattrapé par des paysages colorés (point pourtant boudé par de nombreux films d’animation 3D), parfois des peintures en 2D qui réussissent à établir un ensemble agréable à l’œil. Mais le bât blesse lorsque l’on s’arrête sur son écriture facile.

L’aventure est un enchaînement de saynètes de remplissage, presque interchangeables, à l’humour ras des pâquerettes, un accent trop prononcé par-ci, les héros qui se prennent une vitre par-là, jamais on ne va plus loin qu’un soupir amusé. Idem pour les personnages : entre des compagnons de route — les classiques laissés pour compte — aux traits forcés pour une caractérisation express et des opposants jetables qui ne restent que quelques instants à l’écran, difficile d’y trouver son compte. Les relations que partage Ricky avec sa famille ou ses amis restent également trop en surface, sans compter que ce petit héros, à quelques doutes près, ne laisse pas l’hésitation ou la peur prendre le dessus sur sa témérité naturelle. Trop volontaire et fonceur pour être vraisemblable, le changement attendu qui s’opère en Ricky à l’arrivée de la conclusion est minimisé par son état initial déjà trop vaillant. On peine donc à s’attacher aux personnages, et le rythme inégal (mort des parents expédiée…) ne permet pas de s’ancrer dans ce récit chancelant. Il manque avant tout un réel ennemi, qui reste en place plus de 5 minutes (ce que les nombreuses escales empêchent), qui aurait apporté une stabilité à l’œuvre et à la quête de Ricky.

Il y a ça et là quelques bonnes idées, des scènes d’actions correctes, un passage en 2D intéressant (mais desservi par ce qu’il nous raconte) ou encore une critique des réseaux sociaux, qui partait d’une bonne intention, mais qui intervient comme un cheveu sur la soupe et s’alourdit avec sa longueur. Mais cela ne suffit pas à rattraper ce malheureux naufrage. Trop décousu pour convaincre, malgré un message convenu mais bienveillant, ce bal des clichés épouse une forme classique qu’il n’arrive jamais à transcender, ni même à atteindre. Pire, il s’y emprisonne, sans jamais parvenir à en sortir.

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