Society : Les plaisirs de la bonne chair

Dénicheur de pépites, The Ecstasy of Films a décidé de particulièrement nous gâter en ce mois de juin. En effet, après un travail de longue haleine, l’éditeur a sorti de sa musette Society, première réalisation de Brian Yuzna. Disponible depuis le 11 juin dernier, Society était jusqu’à présent invisible dans une copie correcte. L’erreur est maintenant réparée avec une édition DVD et Blu-Ray de toute beauté, si tant est que l’on puisse utiliser ce terme pour qualifier le film !

Derrière Society, il y a donc Brian Yuzna, producteur à succès de Re-Animator qui décida de passer enfin à la réalisation après un projet abandonné avec Dan O’Bannon. La lecture du scénario de Rick Fry et Woody Keith lui permit de transposer une partie de ses envies de cinéma dans Society même s’il fut à l’origine d’un changement de scénario majeur, la scène d’orgie finale et désormais culte étant dans la première version un simple massacre commis par une secte. Amateur du surréalisme et de bizarreries en tout genre, Yuzna profite donc ce scénario politiquement incorrect pour pousser le vice plus loin et offrir des visions d’horreur inoubliables…

L’histoire est simple, même si simple qu’elle aurait méritée d’être un peu plus resserrée (Yuzna le dit lui-même, le film ne manque pas de maladresses) mais l’essentiel de Society réside surtout dans son propos, charge féroce (et plus que jamais d’actualité) contre la classe des nantis, ces gens qui possèdent toutes les richesses du monde et qui ne pensent qu’à briller en société tout en écrasant les autres. Le capitalisme effréné des années 80 a conduit à un consumérisme et à une course à la fortune que dézingue Yuzna dans son film. A vrai dire, le cinéaste va plus loin, nous montrant la cellule familiale de Bill devenir de plus en plus menaçante. Cette famille américaine aisée, pourtant si rassurante pendant les années 50, devient le centre de tous les dangers pour Bill : elle est la cause de ses névroses, de ses légères envie d’inceste et finira par le menacer directement.

Audacieux, Society dénonce la toute-puissance des riches et leur mépris de l’humanité. Quand Bill accuse ses assaillants d’être des extra-terrestres, ceux-ci rient aux éclats. Ils sont pire que des aliens, ce sont les nantis, une espèce complètement à part. Dans une débauche de chair et de sexe, Yuzna va même jusqu’à appliquer à la lettre l’adage qui veut que les riches se soient toujours nourris des pauvres pour renforcer leurs pouvoirs. Pour cela, il est aidé par les effets spéciaux de Screaming Mad George qui livre ici ses visions les plus folles dans un final particulièrement hallucinant dont on peine à se remettre.

A redécouvrir aujourd’hui, Society est toujours aussi intriguant et puissant. Son scénario souffrant de quelques répétitions vient parfois arrêter la course du film dans sa folie mais il fourmille de tant de détails et de répliques irrésistibles (‘’How do you like your tea? Cream, sugar… or do you want me to pee in it ?’’ propose tranquillement la jolie Clarissa à Bill) qu’on ne peut pas détourner notre regard de cette critique acerbe de la société américaine, ironiquement interprétée par un beau gosse habitué des soaps (Billy Warlock qui fit sa carrière dans Happy Days, Alerte à Malibu ou encore Des jours et des vies) et une ancienne playmate (Devin DeVasquez, à l’origine d’un très beau croisé/décroisé de jambes trois ans avant celui de Sharon Stone dans Basic Instinct). Complètement dingue, toujours féroce et jamais complaisant, Society est donc un incontournable du genre, pépite d’autant plus appréciable que plus personne n’oserait la tourner aujourd’hui…

2 Rétroliens / Pings

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