Perdus dans l’espace – Saison 1 : Danger… Série pour enfants !

Nous avions ce souvenir naïf d’un superbe divertissement de notre adolescence, rythmé et efficace, de l’adaptation cinéma datant de 1998 de Perdus dans l’Espace réalisé par Stephen Hopkins avec William Hurt et Matt Leblanc. À la revoyure, nous tombons bien de haut, surtout pour introduire la nouvelle série qui est tirée des aventures de la famille Robinson par Netflix, disponible depuis le 13 avril. 

Perdus dans l’Espace est une série originale créée par Irwin Allen en 1965 et diffusée jusqu’en 1968, une série typique de l’époque avec une première saison en noir & blanc qui sera préférée à Star Trek par la CBS. Summum du kitsch 60′, plutôt invisible ces dernières années, en produire un remake est une idée astucieuse de la part de Netflix. Surtout que cela permet de remettre en lumière la série originale et d’apprendre que Guy Williams n’aura pas fait qu’incarner Zorro dans sa carrière. 

Revoici donc la famille Robinson en quête d’une nouvelle planète pour implanter la vie. Notre chère terre devient invivable en cause un taux de pollution trop élevé. L’air y est irrespirable et seule une élite triée sur le volet peut aspirer à faire partie de la première expédition. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu, et très vite, la famille Robinson se retrouve perdue… sur une obscure planète.

Cette première saison de Perdus dans l’espace a tous les éléments en sa faveur pour être accrocheuse et palpitante, un divertissement à partager en famille. Mais dès les premiers épisodes, on déchante par une monotonie plombante. Il ne se passe peu ou pas grand-chose, de simples péripéties déjà-vu dont on connaît d’avance les finalités. Si les différents scénarios mettent en permanence la famille Robinson en danger, les ressorts utilisés sont si gros et si simplistes que l’on craint jamais vraiment pour eux. L’habitué de SF et de fantastiques ne pourra trouver son compte avec ces 10 épisodes nonchalants, peinant à créer l’enthousiasme chez le spectateur et à laisser défiler l’épisode suivant. En milieu de saison, on redoute même à relancer l’aventure. Certes les péripéties sont dépaysantes, la série redoublant d’efforts avec des décors sublimes, bien utiles à l’exploration et l’aventure. Nous sommes dans un ailleurs aux figures naturelles familières (forêt ; ruisseau ; vallée ; montagne ; désert), mais leurs combinaisons et leurs utilisations permettent de croire en un nouvel écosystème.

Seulement tout ce qui s’y déroule est d’un commun mortel. La série peine à innover et inscrire son récit dans une variation de science-fiction pertinente pour la famille. Perdus dans l’Espace lasse les parents (ou sérivores/cinéphiles) pour laisser les enfants devant un spectacle qui leur est directement destiné. Tout ou presque s’adresse aux enfants dans cette première saison. Tout d’abord les péripéties (récupérations d’objets, voyages lointains, sauvetages d’un colon ou d’un membre de la famille), mais surtout les relations entre les différents protagonistes. Perdus dans l’espace a l’habilité de dépeindre une famille recomposée aux relations complexes. Le père, interprété par Toby Stephens (Black Sails ; Meurs un autre jour) est un militaire absent forçant la mère à prendre sa place, s’effaçant des décisions de la famille. Ce voyage devient alors l’occasion de la réconciliation et le rapprochement avec les enfants. Les enfants composés d’un petit génie en manque de confiance en lui, sans repère paternel, une fille métisse issue d’un premier mariage, géniale médecin ayant tendance à tout diriger et la première fille du couple, une adolescente trublion qui découvre les joies de son corps. De cette composante familiale complexe et moderne, tous les maux sont passés aux cribles au fil des 10 épisodes de la série. Le couple en crise travaillant sur leur relation pour essayer de reconstruire une base familiale solide, tout en soutenant les épreuves vécues conjuguées avec la relation père/fils distendue et les problèmes d’adolescences typiques ayant parfois des conséquences sur la trame des épisodes. 

Perdus dans l’Espace est une variation des aventures Disney de la grande époque impliquant en permanence une famille avec des problèmes dont l’incroyable va permettre la résolution. Le schéma de cette série y est identique, presque confondant. Si la forme semble moderne, le fond est d’un classicisme absolu. Cela n’empêche en rien le divertissement pour les plus jeunes qui auront tout le loisir d’avoir le choix pour s’identifier. 

Il faut bien avouer que certaines tournures tiennent en haleine comme la relation entre le jeune fils et le robot. Leur relation, presque fraternelle, est forte permettant à la série de nous accrocher sur deux/trois moments soit palpitant ou dramatique. L’autre tournure est la place perfide du Docteur Smith interprétée par Parker Posey (Superman Returns). Ici transposée par une figure féminine à l’orée de la folie, elle sème par petites touches, au fil des épisodes, le chaos au cœur de la colonie pour mieux tirer son épingle du jeu. Elle s’évertue à tromper, mentir et monter la famille entre eux avec une certaine ambivalence entre joie et perfidie. On ne comprend jamais sa position et son but caché derrière son regard fermé. Le final nous confortera dans cette idée de stéréotype ambiant, notamment dans la confrontation entre elle et la famille Robinson. 

Perdus dans l’espace est une simili déception. La première saison, qui a vu quelques réalisateurs talentueux œuvrer pour elle (Neil Marshall  ; Vincenzo Natali), se force à nous convaincre, mais surtout à nous accrocher pour continuer l’aventure. Une saison 2 est d’ores et déjà commandée pour 2019, une suite qui peine d’ores et déjà à créer l’enthousiasme de repartir à l’aventure avec la famille Robinson, autant sympathique soit-elle.

3 Rétroliens / Pings

  1. Escape Game : D'une "Saw"ttise accablante ! -
  2. Hellboy : Comme un vieux souvenir de Bis. -
  3. Perdus dans l'Espace - Saison 2 : Ennui... Consommateurs Netflixiens ! -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*