Geostorm : Incontrôlable raz-de-marée.

Les films catastrophes ont eu le vent en pompe au milieu des années 90. Un retour en fanfare après la période au cœur des années 70 (La Tour Infernale ; Tremblement de Terre; Le Toboggan de la Mort) qui fera de nouveau le succès des salles de cinéma avec Armageddon, Le Pic de Dante, Twister, Daylight ou Volcano avec Tommy Lee Jones. Au début des années 2000, Roland Emmerich permettra un sursaut avec deux films, Le Jour d’Après et 2012.

Ces deux derniers sont produits en collaboration avec Dean Devlin, collaborateur de longue date du réalisateur allemand. Dean Devlin assiste Roland Emmerich depuis son arrivée fracassante à Hollywood. Ensemble, ils ont signé Universal Soldier, Stargate, Godzilla ou encore Independance Day. Des énormes machines à dollars qui ont égayé les étés des cinéphiles pendant presque une quinzaine d’années. Depuis, Dean Devlin continue son chemin seul sans véritable succès. Producteur et scénariste, il ne signe rien de marquant depuis la fin de sa collaboration avec Emmerich, qui lui persiste avec ses spectacles gorgés d’effets visuels lui facilitant le travail.

Pour revenir sur le devant de la scène, Dean Devlin imagine Geostorm. Signant le scénario et la production, le film est confié au solide Danny Cannon, réalisateur de Judge Dredd avec Stallone et responsable actuellement de la série Gotham. La sortie du film est annoncée pour le 26 mars 2016. Mais très vite Warner Bros annule la sortie pour le remplacer par Batman V Superman. Le film est alors trimballé de date en date pour finalement sortir dans l’anonymat total le 1er novembre 2017. Geostorm a vécu une gestation agitée. Le travail de Danny Cannon n’a pas convaincu la production, notamment Dean Devlin. Voyant ce coûteux film partir en vrille, Danny Cannon est remercié. Dean Devlin prend alors le contrôle total pour rectifier le tir. Mais rien n’y fera. Après un retard d’un an et demi en termes de sortie et un budget explosé, le film est une catastrophe critique et publique.

Warner Bros s’est clairement débarrassé de Geostorm. Beaucoup plus centré sur ses films de super-héros avec DC Comics, Geostorm a été le caillou dans la chaussure du studio permettant de boucler un trou de calendrier. Il faut dire que le pitch de départ est d’une ringardise aberrante. Comment a-t-on pu produire un tel film en 2016 ? Pur film au pitch accrocheur au milieu des années 90, Geostorm est un film mort-né. Qui a sincèrement pensé que les spectateurs se déplaceraient en salles pour un spectacle ressassé des dizaines de fois ? Il est vrai que le succès presque surprise de San Andreas avec Dwayne Johnson a ravivé certaines envies de producteurs avides d’argents faciles avec du spectacle simple et efficace. Mais les spectateurs se sont sans aucun doute déplacés pour voir le nouveau film avec Dwayne Johnson et non un spectacle d’envergure. Malheureusement pour Geostorm, Gerard Butler ne fait pas déplacer les foules.

Flop retentissant pour la Warner Bros en 2017 juste avant celui de la Justice League, Geostorm est un film malade. Script accrocheur n’arrivant jamais à tenir les deux heures de métrage essayant de se raccrocher à des effets visuels ne sauvant en rien un spectacle vu et revu. Des vagues géantes ou des grêlons mastodontes tombant tels des météores ne faciliteront en rien le manque flagrant d’imagination d’une production sans le moindre souffle. Il en est presque gênant de constater que rien n’est à souligner de ce film poussif. Geostorm fera le travail le soir dans son canapé tel un spectacle du dimanche. Mais force est de constater que chaque ligne, chaque moment du film est attendu à la minute prête. Les retrouvailles entre frères, ce besoin de retrouver le créateur originel du projet qui s’est retranché dans une caravane au bord de la plage, bricolant des trucs incroyables avec des pièces détachées, tout en sirotant une bière la chemise sale au vent. Son retour se fait sous conditions. Puis le président des États-Unis n’est jamais loin dans son Air Force One, en meeting et mis en danger bien sûr. Tout cela finalement se concluant par une course poursuite contre les éléments en furie, le président faisant partie des héros puis gloire à l’Amérique, bla-bla-bla bla…

Ce type de produit faisait rire et fonctionnait il y a de cela 20 ans. Tout juste l’a-t-on accepté avec 2012 et Le Jour d’Après, nostalgie oblige. Puis les deux productions étaient d’actualité et plutôt bien produites. Clairement, le chant du cygne du genre catastrophe au cinéma, nous le devons à Roland Emmerich. Avec Geostorm, Dean Devlin imite son confrère de façon plutôt maladroite et grossière. Il faut le faire concernant le travail d’Emmerich, lui qui imite Michael Bay depuis la sortie tonitruante d’Armageddon en 1995. Un cinéma catastrophe qui se vampirise pour muter en bout du bout à une vulgarisation putréfiante de cinéma/spectacle nauséeux. Certes, on s’amuse devant un rollercoaster n’évitant en rien le mal de crâne final pour notre déplaisir. Geostorm est un assourdissant gloubi-boulga sans queue ni tête qui s’oubliera dans les limbes du cinéma.

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