Alberto Giacometti, The Final Portrait : L’artiste au travail

Acteur habitué aux seconds rôles, capable de se glisser avec classe dans le moindre de ses personnages, Stanley Tucci est également réalisateur. Avec Alberto Giacometti, The Final Portrait, Tucci signe son cinquième long-métrage après une carrière de réalisateur plutôt discrète.

Passionné par le travail du peintre et sculpteur Alberto Giacometti, Stanley Tucci porte ce film depuis une dizaine d’années. Plutôt que de choisir la voie du biopic, Tucci a décidé de centrer son film sur 18 jours. Nous sommes en 1964 à Paris où vit Alberto Giacometti depuis plusieurs années. Artiste prospère et reconnu, Giacometti propose à son ami écrivain James Lord de poser pour lui afin qu’il réalise un portrait de lui. Ce qui ne devait prendre qu’un jour ou deux s’étalera en 18 séances de pose durant lesquelles Lord est un témoin privilégié du processus de création de Giacometti, jamais satisfait de son travail, remettant toujours tout en question. En effet, pour l’artiste, il est impossible de retranscrire la réalité et le doute est un moteur essentiel de son travail. Lorsque Lord demande à Diego, le frère de Giacometti, combien de temps ces séances de pose peuvent prendre, celui-ci lui répond qu’elles pourraient durer indéfiniment…

Se basant sur les écrits de James Lord d’après ses rencontres avec Giacometti, Stanley Tucci livre donc un film très documenté, condensant l’artiste Giacometti en 1h30 : ses caprices, son humour, sa mauvaise humeur, son éternelle insatisfaction, sa relation avec Caroline, une prostituée qu’il eut comme maîtresse, tout y passe et la sensation d’être proche de lui, voulue par Tucci qui nous enferme essentiellement dans le studio de Giacometti, est une des grandes qualités du film.

Si Giacometti est aussi passionnant, c’est aussi parce que Geoffrey Rush lui prête ses traits. L’acteur, qui partage une petite ressemblance avec l’artiste, embrasse le rôle de Giacometti avec sa folie habituelle, livrant une prestation admirable et haute en couleur. Les seconds rôles, d’Armie Hammer en passant par Sylvie Testud, Tony Shalhoub ou encore Clémence Poésy sont également au diapason mais forcément plus effacés devant le charisme qu’impose Geoffrey Rush.

Reste malgré toutes ces qualités, un film qui manque de souffle. Si Stanley Tucci a bien fait de concentrer son récit un peu de temps et peu de lieux, il ne parvient jamais à donner une réelle profondeur émotionnelle au scénario. Celui-ci, bien qu’abordant de façon complète le travail de Giacometti, n’a pas vraiment d’ampleur et ne parvient jamais à passionner complètement. Alberto Giacometti, The Final Portrait se regarde donc avec intérêt mais sa photographie grisâtre et son récit finalement assez linéaire auront du mal à transporter le spectateur. Reste alors une belle réflexion sur la création, ses douleurs et ses insatisfactions.

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