Les Gladiateurs : Un cinéma à l’ancienne résonnant dans l’éternité.

Les Gladiateurs est souvent considéré comme une suite au film d’Henry Koster, La Tunique, avec Richard Burton et Jean Simmons. En réalité, il n’est qu’un même et seul film. Les deux longs-métrages ont été produits en même temps, à l’été 1953 dans les mêmes décors aux studios Fox. Mêmes décors, mais point la même équipe, outre les costumiers, accessoiristes et décorateurs en commun avec La Tunique.

La Tunique et Les Gladiateurs sont un même et seul film. Cela se ressent d’emblée quand Les Gladiateurs de Delmer Daves vient reprendre le fil de l’histoire à La Tunique d’Henry Koster. C’en est même éprouvant pour celui qui n’a pas vu La Tunique au préalable. Il faut alors quelques minutes d’appréhension. Les Gladiateurs se détache ensuite de La Tunique pour mieux suivre les tribulations de Demetrius, incarné par le physique Victor Mature. Demetrius est un esclave affranchi par son maître le tribun Marcellus (Richard Burton). Suite aux événements survenus auparavant, Demetrius a récupéré la tunique du Christ, remise par l’apôtre Pierre. Mais l’empereur Caligula s’empare de la relique et Demetrius est condamné à l’arène: les jeux des gladiateurs. La troublante Messaline, l’épouse de Claude, l’oncle de Caligula, mettra à rude épreuve la mission de Demetrius, pour le perdre ou le sauver du destin cruel des combats singuliers.

La première partie de l’histoire s’enfonçait malgré elle dans le discours et l’imagerie religieuse un brin balourde. Avec Les Gladiateurs, retour à la production typique d’un divertissement péplum en bonne et due forme. Dans des décors sublimes, nous sommes totalement dépaysés retrouvant ce souffle parfois épique des productions de l’époque. Les combats dans les arènes sont acharnés. Tout va se jouer dans ce lieu iconique ayant fait les grandes heures du genre. Les Gladiateurs, assumant jusqu’au bout son titre, n’est pas seulement un spectacle bourrin. Il est avant tout une partie d’échecs où chaque personnage joue son rôle entre trahison, manipulation et meurtre. On est au cœur d’une Rome plus vraie que nature, en dépit de quelques anachronismes grossiers. Le premier est de voir Caligula persécuter les chrétiens, alors que les événements impliquant la religion chrétienne et Jésus Christ n’avaient pas encore eu lieu, lors de son règne.

Le spectacle avant tout, et Caligula est présent pour être ce grand méchant. Personnage secondaire dans La Tunique, Caligula prend toute sa démesure dans Les Gladiateurs. Incarné par le possédé Joy Robinson, le rôle ne le quittera plus. Quelques mois après la sortie du film, incarcéré pour possession et consommation de drogues, l’acteur reprenait en boucle les partitions de l’Empereur se prenant pour un dieu devant ses co-détenus, redevenant le Caligula dans les arcanes de la prison. L’acteur est comme fou, possédé par son rôle, totalement imprévisible dans le long-métrage réalisé par Delmer Daves. Une véritable composition pour la découverte d’un acteur impressionnant.

Pendant qu’Henry Koster mettait en scène une première partie centrée sur la naissance de la chrétienté, Delmer Daves met en scène un vrai spectacle péplum. Une seconde partie bien supérieure à laquelle Victor Mature apporte sa force en reprenant le rôle principal dans la peau de Demetrius. D’abord fervent défenseur de sa religion, puis gladiateur et ensuite tribun pour finalement devenir le  défenseur de Rome, Demetrius est le héros salvateur dans la pure règle du péplum au cœur des multiples manigances parcourant l’assemblée. Les Gladiateurs privilégie le spectacle avec comme fil rouge une histoire prenante et des personnages fabuleux. Susan Hayward est irrésistible en Messaline, tout en n’omettant pas la partition de Joy Robinson en Caligula, totalement renversant de folie et de cruauté. On assiste alors à un véritable divertissement du genre péplum, ce qui s’est fait de mieux à l’époque, pour un genre aujourd’hui totalement désuet.

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