Happy Birthdead : Rendez-nous Jason

Nostalgiques des néo slashers des 90’s, cette époque désormais bénie où des films tels que Souviens-toi l’été dernier, Urban Legend et, bien évidemment, Scream florissaient sur les grands écrans, pour le plus grand plaisir des adolescents, le film présent, sur le papier, avait tout pour être pour vous. Avec son mélange des genres, associant de façon totalement décomplexée le slasher de campus, au concept de la boucle temporelle type Un jour sans fin, le film avait à priori tout pour être une sorte de récréation ludique et nostalgique au milieu des films de genre actuels, ne sachant plus proposer autre chose que des histoires de possessions démoniaques ou de maisons hantées. Seulement voilà, il ne suffit bien évidemment pas d’un concept rigolo pour tenir un film, et celui-ci montre très rapidement ses limites à force de concessions au grand public rendant le film totalement aseptisé, pour rentrer dans le moule d’un PG-13 castrateur.

Et pourtant, on voulait y croire, l’entame de l’intrigue se montrant enlevée et bien tenue, avec son héroïne ressemblant  à un certain cliché du teen-movie, à savoir la garce méprisant son entourage et finissant par se mettre beaucoup de monde à dos par son comportement. Et cette caractérisation sommaire finit par être un atout pour le scénario, reposant comme d’habitude sur un whodunit, car tous les personnages gravitant autour d’elle s’avèrent des suspects potentiels, ayant tous à priori des raisons personnelles de vouloir attenter à sa vie. On revit donc avec amusement chaque nouvelle journée, suspectant chaque personnage à tour de rôle, en se disant à chaque fois que ce serait trop évident.

Mais passé ce plaisir de retrouver un univers si singulier que l’on pensait appartenir à une espèce disparue du divertissement populaire, on est bien obligés de redescendre quelque peu de notre nuage, et de se rendre à l’évidence, le film tire très vite toutes ses cartouches, et n’aura dès lors plus grand-chose à proposer, se bornant à répéter les mêmes situations ad nauseam, et le tout, beaucoup trop au premier degré et dénué du moindre mauvais esprit pour se montrer un minimum irrévérencieux et donc réjouissant. On se retrouve donc  à regarder le film sans implication émotionnelle, celui-ci se montrant beaucoup trop sérieux pour son propre bien. Certaines scènes restent néanmoins efficaces, comme cette course poursuite démarrant dans un hôpital, se poursuivant dans un parking et s’achevant de manière plutôt cruelle sur une route. Cette volonté d’éviter au maximum les jump scares faciles au profit de bonnes vieilles poursuites est plutôt sympathique, mais cela reste mineur par rapport au déroulement général de l’intrigue, désespérément plat et dénué d’enjeux. Car même quand le film se risque timidement à des scènes de meurtres très propres, le spectateur sait bien qu’aucun personnage ne restera mort bien longtemps. Au vu du concept, il aurait mieux valu oser un peu plus de violence, sans avoir besoin de tomber dans la boucherie, au lieu de quoi, on se retrouve face à un gentil film d’horreur pour enfants, dont l’interdiction aux moins de 12 ans en France reste un mystère total. Le pire étant cet interminable couplet moralisateur arrivant vers la fin du film, durant lequel la jeune fille profite de ses multiples retours en arrière pour devenir une meilleure personne, le comble de la niaiserie étant atteint lors de son face à face avec son père. Pour un film sensé être un minimum horrifique, le goût reste plutôt amer en bouche. Et ce n’est pas cet ultime revirement très peu surprenant qui permettra de revoir le film à la hausse.

Si l’on veut rester gentil, on dira que la comédienne principale s’avère très sympathique et amusante, avec sa mine tantôt abattue, tantôt candide. Le film reste réalisé de manière plutôt efficace, et ce type de proposition est toujours plus sympathique que le tout venant horrifique mainstream. Mais il faudrait vraiment que les réalisateurs américains cessent de vouloir rentrer dans la case du PG-13, tant celle-ci s’avère difficilement conciliable avec une quelconque volonté d’en mettre plein la vue. En attendant, tout ceci est bien gentil, mais l’on préfèrera attendre patiemment le prochain Halloween réalisé par David Gordon Green, avec le retour de Jamie Lee Curtis, pour peut-être voir le retour du slasher véritable, loin de cette soupe sans saveur que l’on nous sert aujourd’hui.