L’Aliéniste – saison 1 : Le silence des jeunes garçons

Annoncé en grande pompe il y a quelques mois, L’Aliéniste, adaptation du fameux roman éponyme de Caleb Carr, a achevé sa diffusion outre-Atlantique la semaine dernière sur la chaîne TNT. Arrivé en France depuis le 2 avril dernier sur Polar+, cette mini-série de dix épisodes nous avait d’abord aguiché par son casting (Daniel Brühl, Luke Evans, Dakota Fanning) et par la présence de Cary Joji Fukunaga derrière la caméra. Manque de chance, le réalisateur de Beasts of No Nation et de la saison 1 de True Detective, sacrément doué dès qu’il touche une caméra, s’est finalement contenté du rôle de producteur exécutif et de scénariste sur deux épisodes de la série.

Quand on voit le pilote, réalisé par Jakob Verbruggen, on ne peut que regretter l’absence de Fukunaga tant l’ensemble peine à installer son ambiance. Mais la faute n’incombe pas à Verbruggen seulement. Toute la série, de son premier à son dernier épisode, se révèle plate et peine à passionner. Pourtant le sujet est idéal : dans le New York des années 1890, une série de crimes atroces est perpétrée sur de jeunes garçons qui se prostituent déguisés en filles. Impuissante et peu encline à trouver le coupable vu le profil des victimes, la police ne bouge pas beaucoup. Le tout jeune commissaire Theodore Roosevelt, ouvert à de nouvelles méthodes fait appel à son ami Laszlo Kreizler, aliéniste brillant, usant de méthodes peu orthodoxes (pour l’époque) afin de définir le profil du meurtrier et de le retrouver. Réunissant une équipe composée d’un journaliste, d’une femme intrépide (la première à travailler à la police de New York) et de deux jeunes policiers intelligents, Kreizler entreprend donc de se plonger dans l’esprit du tueur afin de le traquer.

Vous l’aurez compris, la série parle du profiling avant l’heure, une méthode expérimentée par Kreizler et qui a depuis longtemps fait ses preuves. C’est cette plongée progressive dans la psyché du tueur et le suspense lié à sa capture qui rendait le livre tout à fait passionnant dans sa deuxième partie, la première partie étant un peu lente à se mettre en place. Même chose ici pour la mini-série dont les premiers épisodes se regardent assez péniblement, lançant même le spectateur dans une fausse piste assez grossière quant à l’identité du tueur. La deuxième moitié de saison est bien meilleure, apportant de la tension et du suspense à une série qui ne soulève pourtant qu’un intérêt poli chez nous.

Il faut dire que le récit n’apporte guère de surprises pour quiconque a lu le roman. L’Aliéniste se contente majoritairement de lui être fidèle, si fidèle que c’en est agaçant. Et c’est d’autant plus agaçant que les digressions que fait la série pour donner de la consistance à l’intrigue et aux personnages ne sont guère palpitantes. Si l’on ajoute à ça une reconstitution assez glauque mais dont on sent certains fonds verts avec insistance, difficile de se plonger totalement dans L’Aliéniste surtout quand il débarque après Mindhunter, série sur le profiling beaucoup plus passionnante et sacrément mieux réalisée.

Ne nous plaignons pas pour autant, ceux qui n’ont pas lu le roman pourront se laisser porter au cœur d’une intrigue bien ficelée et apprécieront certainement la façon dont la série montre les balbutiements du profiling et les doutes assaillants les enquêteurs quant à leur pertinence au fur et à mesure que les cadavres et les ennuis s’accumulent. Il est vrai que pour quiconque connaît l’intrigue, l’intérêt est sacrément amoindri et ce d’autant plus que la réalisation et les scénarios manquent de souffle, peinant à nous immerger totalement dans le récit. L’écriture assez simpliste de la série et la direction d’acteurs un peu trop légère (seul Daniel Brühl embrasse totalement son personnage d’aliéniste tourmentée, Luke Evans et Dakota Fanning semblant parfois être aux fraises) ne viendra guère nous remonter le moral. Tout juste trouvera-t-on du réconfort à croiser parmi les seconds rôles certaines gueules trop rare sur le grand comme le petit écran à l’instar de Ted Levine, Michael Ironside et même David Warner.

C’est ceci dit bien trop peu pour totalement se consoler, non pas du gâchis que représente la série (car elle n’est pas trop mal foutue) mais de la déception qu’elle apporte en dépit du potentiel qu’elle avait. A l’instar de la saison 2 de Jessica Jones, elle est bourrée de péripéties qui peinent pourtant à passionner. L’Aliéniste souffre donc d’un défaut tout à fait dommageable : sans provoquer notre courroux, elle ne nous offre guère d’enthousiasme, se suivant à la fois sans déplaisir et sans entrain. Et c’est triste à dire mais à cette époque où les séries sont un vivier de talents, on aura du mal à se contenter d’une qui n’apporte pas grand-chose, si ce n’est de la fadeur.

1 Commentaire

  1. Vu les deux premiers épisodes, trop nul, je lâche l’affaire, dommage il y a Luke Evans.
    Un série qui veut avoir le style Jack l’éventreur, une pincée de la série Esprits Criminels, etc..
    Puis trop de clichés, un New York trop comme on l’imagine à cette époque.
    Un psychologue, pardon un aliéniste, en avance sur son temps, Sara la première femme à ce poste, sans oublier un ville qui vit dans le vice, bien sûr
    Je crains que le corps de l’enfant soit sur le pont George Washington, si c’est ça, une grosse erreur, la série se déroule en 1896. Le pont fût construit de 1927 à 1931.
    https://structurae.info/ouvrages/pont-george-washington

    Ceux qui ont lu le roman qui a inspiré la série, sont très déçus.

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  1. L'Aliéniste - Angel of Darkness : It's a cruel, cruel world -

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