Corps et âme : Rêves d’amour

Sorti de façon assez discrète en octobre dernier, Corps et âme, film hongrois auréolé de l’Ours d’Or à Berlin se découvre désormais grâce à sa sortie vidéo. Disponible dès aujourd’hui en DVD et Blu-ray chez Le Pacte, réalisé par Ildiko Enyedi, le film est une ode à l’amour pudique et très belle, reposant sur une idée très forte.

En effet, dans la vie, Endre et Maria n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est l’entreprise dans laquelle ils travaillent et leur solitude. Lui, infirme d’une main, plus tout jeune, semble lassé de la vie, comme si elle ne lui réservait plus de surprises. Elle, avec son visage d’ange, est une femme discrète, évitant tout contact avec les gens, souffrant de quelques troubles (elle voit toujours le psy qui la suit depuis qu’elle est toute petite). Toutes les nuits, ces deux-là partagent le même rêve. Ils se voient, lui en cerf, elle en biche, arpenter une forêt enneigée, chercher à manger, se toucher le mufle… Quand ils s’en rendent compte, ils vont essayer de trouver dans la vie ce qui les unit dans le sommeil.

L’idée est sublime, aussi simple que bouleversante et la réalisatrice s’en empare avec ferveur, bien décidée à montrer comment ces rêves vont peu à peu ouvrir ces deux êtres l’un à l’autre, eux qui vivaient si renfermés auparavant. C’est donc une histoire d’amour, filmée avec pudeur et avec une certaine distance. Comptant essentiellement (à raison) sur les visages de Morcsányi Géza et Alexandra Borbély pour faire passer les émotions, se reposant sur une photographie douce et lumineuse, Ildiko Enyedi tisse lentement son intrigue, rapprochant ses personnages au fil des nuits, ceux-ci apprenant à s’apprivoiser et à se connaître.

Certes, on peut aisément reprocher au film de tomber dans une certaine mollesse et ce d’autant plus que les dialogues ne sont pas tous très convaincants. Prenant parfois trop son temps, Corps et âme ne manque pas de soulever quelques soupirs d’ennui tant il aurait pu durer un quart d’heure en moins. Mais une fois la vision du film achevée, il nous faut bien reconnaître que cela faisait longtemps qu’une œuvre à l’apparence aussi simple ne nous avait pas autant touché. Car derrière chaque détail du scénario, chaque regard des personnages se cache un amour palpable, une passion brûlante, de celles que seul le cinéma peut offrir. Et il faut le dire, une véritable poésie se dégage de Corps et âme, renforcée par sa superbe idée de départ, exploitée jusqu’au bout, ouvrant ses personnages à l’autre sans pour autant négliger leurs failles respectives.

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