Les étoiles restantes : Le spleen en pleine odyssée

Il y a, comme ça, des films rayonnants mais sans moyens. Des films qui, tout simplement / modestement, avec seulement un peu de passion, tentent de donner de la joie et promouvoir le spleen. Les étoiles restantes est dans la tradition du film d’auteur décalé à la française, avec sa part d’artisanal. Évidemment, le protagoniste est un trentenaire parisien (certains crieront à un énième film de bobos) qui a plein de mélancolie en lui. Avec ce postulat, mais pas que, on se croirait chez un hommage au cinéma de Cédric Klapisch. Mais avec seulement la surface.

Alexandre doit faire face à une romance contrariée et une relation paternelle assombrie. Le film s’articule alors autour d’une intention, voire même une contradiction : celle où le masculin est remis en question (la mélancolie d’Alexandre, la santé de son père, la misanthropie du colocataire) et où la féminité est mise en valeur (les personnages féminins sont incroyablement libres et solaires). A partir de cette idée, Les étoiles restantes se narre comme une odyssée poétique. Son ambiance se calque alors sur une frontière, celle où le voyage plein de spleen s’intègre au drame, et où la poésie est issue de la part de comédie. Parce que Loïc Paillard navigue constamment entre les deux tons. Sauf que la mise en scène est vite larguée.

Ça se veut décalé, mais ça s’essouffle rapidement avec une redondance des attitudes absurdes. Ça se veut tragique, mais les problématiques ne sont que des prétextes pour un voyage. La dimension tragique est mise en scène avec une constante impression qu’il y a toujours du positif caché, ou qu’il suffit de relativiser. Or, il n’y a pas de travail en profondeur sur les personnages, sur leurs drames personnels. Le cinéaste ne prend pas la peine de temporiser, de contourner, il suit un schéma linéaire déjà tracé par le genre. Il en résulte une mise en scène au rythme totalement décousu, où les scènes finissent par être attendues. Il y a même un plus gros point faible : le film se veut littéraire (à défaut d’avoirs davantage de moyens). Pourquoi pas, mais il est bien trop bavard et se repose trop souvent sur la rationalité de la tragédie.

Le trop plein littéraire a une conséquence forte sur l’esthétique, parce que l’image est monoforme. Il n’y a pratiquement aucune différence dans les points de vue, entre la vie citadine et toutes les séquences en voyage. Même le titre du film tient d’une citation (dictée par l’un des personnages), et n’a donc aucune référence esthétique dans le film. La caméra de Les étoiles restantes est comme un témoin permanent, tel un narrateur omniscient qui ne fait que réciter des actes et des comportements. Sauf que l’on comprend que, dès le début, toutes les propositions esthétiques sont préparées pour converger vers un même point : la beauté picturale supposée du voyage qui permet la libération et d’effacer une mélancolie.

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