Avant que nous disparaissions : Invasion singulière

Cinéaste décidément prolifique, Kiyoshi Kurosawa continue d’explorer certains genres du cinéma avec une approche bien particulière et tout à fait personnelle. L’année dernière, il avait revisité le film de fantôme en France avec Le secret de la chambre noire puis nous avait offert le portrait inquiétant d’un serial-killer avec Creepy. Pour Avant que nous disparaissions, découvert cette année au festival de Gérardmer, Kurosawa prend à nouveau le parti de la science-fiction et décide de raconter rien de moins que les prémisses d’une invasion extra-terrestre !

En effet, trois extra-terrestres prennent possession d’êtres humains dans le but de leur voler des concepts (concept de la liberté, concept de la justice, concept de l’amour) afin de mieux les comprendre. Ensuite, les trois extra-terrestres doivent se réunir et lancer leur invasion. Le film nous fait suivre deux destins parallèles. D’abord il y a Shinji et Narumi dont le couple battait de l’aile. Depuis qu’un extra-terrestre habite le corps de Shinji, le couple se ressoude mais doit faire face à de dangereux imprévus. Des imprévus en la personne des deux comparses aliens de Shinji, beaucoup plus féroces, aidés dans leur quête par Sakurai, un journaliste désabusé.

De cette idée audacieuse, Kiyoshi Kurosawa fait comme à son habitude. Il truffe le récit d’idées brillantes, de scènes marquantes, alliant violence sèche et poésie mais s’égare sur la longueur. Cela fait des années que ses films sont trop longs, que l’on pourrait aisément en couper vingt à trente minutes mais le cinéaste insiste quitte à plomber le récit et les spectateurs avec. Avant que nous disparaissions, sur sa dernière partie, fait office d’ascenseur émotionnel. Une scène est superbe, on se dit qu’elle ferait une fin parfaite mais finalement, non, Kurosawa décide de prolonger le tout pour finir sur une mauvaise impression, une impression de remplissage un peu creux mettant à mal le spectateur.

C’est d’autant plus dommage que le film, dans ses meilleurs moments, est très beau. Si les effets numériques sont un peu voyants lors des scènes à volonté spectaculaires, Avant que nous disparaissions tire sa force de Shinji et Narumi, couple qui se redécouvre et qui réapprend à tomber amoureux petit à petit depuis que leur relation est repartie de zéro à cause de l’alien ayant pris possession de Shinji. Une très belle idée que cet amour renaissant, donnant à son film ses scènes les plus réussies, empreintes d’un joli romantisme et d’une tension parfois sacrément palpable.

Globalement inspiré en terme de mise en scène, lorgnant parfois du côté de la comédie (les personnes à qui l’on a volé des concept ne cessent de s’étaler sur le sol façon slapstick) mais aussi du thriller (Kurosawa se permettant au passage un panoramique circulaire dans un hôpital traversé par des crises d’hystérie, le tout clairement inspiré par le cinéma de Brian De Palma), Avant que nous disparaissions ne manque pas d’idées. S’il est dommage de voir le scénario en étirer certaines pour nous faire pousser quelques soupirs sur les vingt dernières minutes, force est de reconnaître que le cinéaste réussit une fois de plus à aborder le genre d’une manière singulière, offrant au passage de jolies réflexions sur ce qui fait de nous des êtres humains.

 

 

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