Le Retour du Héros : Le retour en berne d’un genre bien français.

Si Jean Dujardin attire, Laurent Tirard pourrait déjà faire fuir. Après un très moyen Un homme à la hauteur et surtout un bien triste Astérix, Au service de sa majesté, le réalisateur semblait avoir fait une croix à la fois sur les comédies et sur les films « à costume ». Avec un pitch comme celui de Le Retour du Héros, avec Jean Dujardin en tête d’affiche, il était tout à fait concevable de craindre le pire avant le meilleur. La seule âme vers laquelle on pouvait se tourner était l’austère Mélanie Laurent, espérant qu’elle fasse preuve de son excellente lucidité pour fuir à grand pas les comédies les plus bas de plafond.

Le Retour du Héros est une comédie dont l’histoire se situe au 19è siècle mais aux sujets très contemporains. Un général, Jean Dujardin, vient au début du film demander la main d’une jeune fille, Pauline, aux parents de celle-ci. Ils acceptent mais l’homme est immédiatement réquisitionné par l’armée pour aller au front, en Autriche. Il part en promettant d’écrire à sa dulcinée chaque semaine, ce qu’il ne fait bien évidemment pas. Enfouie dans une profonde détresse, sa sœur écrit une lettre se faisant passer pour son amant afin de lui redonner goût à la vie. On finit par le prétendre mort pour que la jeune femme fasse sa vie sans attendre le retour de son promis qui l’a déjà surement oublié. Mais le voilà qui resurgit après plusieurs années comme s’il ne s’était écoulé que quelques jours. Le temps ayant fait son œuvre, il se retrouve confronté à la sœur de son ex promise qui jure de protéger sa famille du potentiel danger que provoque le retour de cet homme.

A la volonté de son réalisateur, Le Retour du Héros est avant tout un film à costume, un genre qu’il apprécie tout particulièrement et depuis bien longtemps absent de nos écrans. Son souhait initial ne résidait donc pas dans son histoire ou ses thèmes mais purement dans son visuel, ses décors, les accoutrements des personnages etc. Et à vrai dire tant mieux car effectivement on peut dire que voir des films prenant place à une époque révolue, crédibles sans pour autant ni tomber dans l’exagération de la véracité historique, ni tomber dans les bas fonds de l’humour gras, est une sensation que nous avions presque oublié. Autant dire qu’une fois de temps en temps, ça fait quand même du bien.

Mais le visuel du film est presque la seule chose sur laquelle nous pouvons grignoter notre contentement. Certes l’histoire, comme tout le reste, semble apparaître comme une excuse, mais celle-ci est diablement clichée, vue et revue maintes et maintes fois. Que ce soit le jeune homme Don Juan que personne ne soupçonne, le séducteur qui conquit tout son auditoire par des fables le mettant en scène dans des postures avantageuses. Ou pire, que la sœur qui avait jurer de s’opposer à lui, fini par tomber dans ses bras. En sommes, une pléthore de relations entre les personnages frisant le radotage. Et cela passe même par quelques actions très attendues tant l’histoire suit un schéma calibré classique et sans le moindre débordement. Par conséquent, un film dit « à costume », se déroulant à une époque donnée mais n’étant pas nécessairement historique, devrait offrir plus qu’une simple comédie d’actualité transposée à une autre époque. Ce que ne fait pas Le Retour du Héros qui, certes, est bien meilleur que n’importe quel Astérix depuis Mission Cléopâtre et Dieu merci nettement incomparable à un désastreux Philibert, capitaine puceau.

Certaines situations atteignent leur objectif également grâce aux acteurs. Jean Dujardin offre du Jean Dujardin, le sourire en coin, la vanne facile et un cabotinage toujours bien senti, avec le saupoudrage minimum requis de sérieux pour contraster. Et Mélanie Laurent offre du Mélanie Laurent, un regard provocateur et un sourire un peu faux, un jeu très sobre et sérieux, limite pète-sec, tout ce qui fait son charme. On se plaira à retrouver Christian Bujeau, le Maître d’arme de Kaamelott et The Lord dans Hero Corp, malgré un rôle parfaitement transparent ne lui laissant aucune opportunité de sortir son épingle du jeu et aucune liberté de jeu tout simplement, donnant le sentiment qu’il n’est là que pour rattacher un public de télévision. La plupart des autres rôles sont en demi-teinte mais on retiendra Féodor Atkine qui crève l’écran le temps d’une scène et l’intensifie par son charisme et sa présence. On ne peut nier qu’avoir une « gueule » au cinéma, ça change quand même beaucoup de choses.

Résultat : un film moyen qui tente sans grande conviction mais avec beaucoup de cœur de relancer un genre en désuétude. L’essai est louable, de bonne facture et offre un divertissement acceptable néanmoins, on reste simplement sur notre faim tant on pouvait attendre plus. Peut-être aussi qu’on espère voir les acteurs s’offrir des rôles avec plus de profondeur, qui les sorte un peu de leur zone de confort, car admettons-le, on leur sert des rôles à leur image.

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