Downrange : Ryûhei Kitamura rate son tir

Puisque nous l’avions loupé en décembre dernier lors de sa présentation en séance de minuit au PIFFF, nous avons profité de la présence de Downrange dans la sélection Hors-Compétition du festival de Gérardmer pour découvrir le film sur grand écran. Un rattrapage du PIFFF qui nous tenait d’autant plus à cœur que Downrange est réalisé par Ryûhei Kitamura à qui l’on doit Midnight Meat Train.

Ici, le cinéaste semble s’être totalement fait plaisir avec un film de pur concept qui tient seulement sur quelques lignes : sur une route déserte, six jeunes sont pris pour un cible par un sniper soigneusement dissimulé dans un arbre. A partir de là et d’un changement de roue interminable, Downrange laisse libre cours au déroulement de son idée, l’usant jusqu’à la corde et jusqu’à un climax aussi brutal que ridicule. Car si le film a le mérite d’être sacrément généreux avec son public, à grand renfort d’effets gores, de morts surprises et improbables, on a parfois du mal à se demander où se positionnent le cinéaste et son scénariste (auteur du script de Fulltime Killer pour Johnnie To) par rapport à leur histoire. La première partie de Downrange est résolument sérieuse, bourrée de tension et semble être très premier degré. Mais la suite du récit, n’hésitant pas à flirter avec le ridicule, est tout de suite plus drôle, plus ravageuse et franchement pas loin d’une bonne grosse série B se dégustant un samedi soir entre copains. En soi ce n’est pas vraiment un problème. On a du mal à situer le regard de Kitamura sur son histoire, la prenant parfois au sérieux avec des moments très dramatiques et assumés en tant que tels. Cependant, il semble également tourner son film en dérision quand le récit offre des rebondissements tout droit sortis d’une imagination débridée s’amusant véritablement avec les codes du genre.

L’avantage de Downrange, c’est qu’on ne s’ennuie pas devant et que le film tient relativement les promesses de son concept. Son défaut est cependant de finir par embrasser le ridicule, à l’image du jeu d’acteur franchement pauvre parcourant tout le long-métrage. Aucun jeune interprète du film ne parvient à donner corps à des personnages bien fadasses dont on finit par souhaiter la mort tant ils sont des clichés ambulants incapables d’assurer le minimum syndical. La mise en scène de Kitamura, maladroite, usant d’effets de caméra faciles, n’est pas non plus là pour nous donner la tension nécessaire qu’aurait dû avoir le récit. On se contentera alors de personnages stupides et de gerbes de sang généreuses pour passer le temps, c’est déjà ça me direz-vous même si l’on ne peut s’empêcher d’être déçu par le manque d’alchimie flagrant de l’ensemble.

1 Rétrolien / Ping

  1. 25e édition du Festival de Gérardmer : Jour 3 - Close-Up Magazine

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*