Le secret des Marrowbone : Le passé nous hante à jamais.

Le Secret des Marrowbone est le film d’ouverture de la 25ème édition du Festival de Gérardmer. Une mise en bouche qui a laissée sur sa faim, surtout venant de la part de Sergio G. Sanchez, scénariste de l’extraordinaire L’Orphelinat et The Impossible, deux films de J.A Bayona.

Scénariste de talent, Sergio G. Sanchez passe enfin derrière la caméra, directement à Hollywood, avec un scénario antérieur à L’Orphelinat. Cela se ressent dans l’atmosphère, mais surtout dans la volonté du metteur en scène à mener en bateau son public.

Le Secret des Marrowbone suit une famille ayant fui l’Angleterre pour l’Amérique qui décide de cacher à tout le monde le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la ferme familiale isolée, mais bientôt, d’étranges phénomènes indiqueraient qu’une présence malveillante hante leur unique refuge… Nouvelle histoire à rebondissement dont les cinéastes espagnols étaient friands au début des années 2000. Ce canevas qui a assuré le succès de certains films dans les salles européennes, voire mondiales. Sergio G. Sanchez en est presque l’instigateur de ce style. Qui ne se souviendrait pas de ce final dramatique de L’Orphelinat, ce twist bouleversant nous ayant emportés dans le fond du gouffre pendant des jours.

Avec Le Secret des Marrowbone, Sergio G. Sanchez essaie de nous refaire le coup, cette fois-ci à son propre compte. Expatrié aujourd’hui à Hollywood, parti dans les valises Juan Antonio Bayona avant de s’émanciper avec ce film. Pour l’occasion, il ressort un vieux script de 15 ans d’âge. Ce qui se ressent en permanence pendant la projection du film. Le Secret des Marrowbone sent le cinéma espagnol de la fin des années 2000 avec ce décor féerique américain. Le réalisateur/scénariste nous plonge dans un sombre conte pour adultes où les ficelles assez grosses du scénario se voient dès les premières minutes. On se rend curieux, mais la narration est assez pénible, morcelée de plein de pièces qui ne fusionnent jamais vraiment. Une histoire d’amour, une histoire familiale dramatique, l’ambition d’un avocat puis ce secret. Si elle met du temps à venir, sa résolution est judicieusement gardée jusqu’au moment souhaité par le metteur en scène. Là où le bât blesse sera sa teneur, son impact presque nul. Le twist fait basculer Le Secret des Marrowbone dans l’épouvante pure, un exceptionnel du rien ne procurant jamais la moindre réaction chez le spectateur.

Le Secret des Marrowbone agit comme une poupée russe. Un secret en cache un autre. Malheureusement, quand l’un laisse totalement froid dans la salle, le second crée des pouffements de rires. On peut le dire maintenant, mais le premier essai de Sergio G. Sanchez est raté. Malheureusement, il essaie trop souvent de faire comme. Faire comme J.A Bayona en l’occurrence, celui avec qui il a appris, celui avec qui il a connu le succès. Il n’arrive jamais à atteindre la sensibilité du réalisateur de L’Orphelinat, ni même la poésie mélancolique de sa mise en scène. Le final de Marrowbone en est la preuve tangible. Empli d’une bonté saliveuse, Sanchez n’empêche pas le soufflement d’écœurement de son public. Trop, c’est trop pour lui qui a du subir un trou d’air d’une quarantaine de minutes avant d’essuyer les multiples révélations se jouant au cœur de cette maison délabrée.

On pensait commencer cette 25e édition du Festival de Gérardmer sur une bonne note, il faudra encore attendre. Le Secret des Marrowbone était assez prometteur. On avait envie d’y croire avant que le château de cartes s’écroule par la mollesse d’une mise en scène impersonnelle et peu inspirée, puis surtout ce scénario ne fonctionnant que dans la perspective des multiples révélations finales. Le Secret des Marrowbone se révèle finalement être un beau ratage, ce genre de film aux multiples envies, aux diverses intentions jamais vraiment exploitées, voire maladroites, laissant le film faire plouf et s’oublier au fond de la mare tel un vulgaire gros caillou.

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