Centaure : la liberté à dos de cheval

Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de découvrir un film kirghize. Petit pays coincé entre la Chine et le Tadjikistan, le kirghizistan est un pays aux paysages sublimes où l’on vénère encore les chevaux, considérés comme les ailes de l’homme. Cinéaste réputé dans son pays qui s’est fait une petite réputation chez nous avec Le Voleur de lumière, Aktan Arym Kubat dévoile son nouveau long-métrage intitulé Centaure cette année, le film débarquant dans nos salles obscures le 31 janvier.

Il y a d’abord la curiosité qui nous plonge dans Centaure, l’idée de découvrir un pays, ses traditions et la façon du cinéaste de raconter une histoire. L’intrigue est simple. Ancien projectionniste, Centaure aime conter à son fils les légendes kirghizes du passé où les hommes et les chevaux ne faisaient qu’un. C’est pour cela que parfois, au cœur de la nuit, il vole des chevaux et profite d’un moment de liberté en les chevauchant dans la steppe (paysages sublimes) avant de les laisser en liberté. Mais un jour Centaure se fait pincer et même s’il n’a jamais complètement volé les chevaux qui sont toujours retourné chez leurs propriétaires, le village voit d’un mauvais œil cette manie. Certains tentent de comprendre, les autres veulent le bannir.

Toute la première partie du film, s’attardant à la fois sur Centaure et sur le propriétaire du dernier cheval qu’il a volé (qui s’avérera être son cousin) intrigue. On ne sait pas vraiment où le film va, le scénario se permettant des scènes entre Centaure, sa femme et son fils mais aussi entre Centaure et une femme du village qui semble l’apprécier. Aktan Arym Kubat prend son temps avant de dévoiler l’essentiel de son film, récit de traditions qui se perdent, d’hommes qui maltraitent les chevaux et qui ont donc oublié qu’ils avaient des ailes en faisant corps avec eux. Véritablement amoureux de la tradition rurale et des anciennes croyances de son pays, Kubat dénonce l’endoctrinement de l’Islam, arrivé dans son pays pour y voiler ses femmes et y transformer l’ancienne salle de cinéma en mosquée. Le rêve et la liberté ont fait place à la rigidité. Pour combattre tout ça, pour se souvenir, Centaure vit des moments de pure liberté avec les chevaux. C’est bien maigre mais c’est déjà beaucoup. En concluant son film par de superbes images empreintes de joie et de nostalgie, Aktan Arym Kubat lui donne un sens qui nous avait échappé jusque-là. Le cinéaste, jouant lui-même le rôle de Centaure avec un joli charisme, vient alors nous offrir un moment de poésie rappelant qu’il ne faut jamais perdre de vue nos valeurs malgré l’égoïsme qui domine dans la société. C’est aussi simple que c’est beau.

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