La vie privée d’un sénateur : Petit aperçu des coulisses de la politique.

Après le triangle amoureux sensuel et passionné de Henry & June, Elephant Films a également décidé de nous offrir, depuis le 17 janvier dernier, un petit tour dans les coulisses de la vie politique américaine avec La vie privée d’un sénateur. Réalisé en 1979 par Jerry Schatzberg, le film entreprend de nous montrer le quotidien du sénateur Joe Tynan, dévoilant au passage certains coulisses peu reluisants de la politique, coulisses où se déroulent des drames et des mensonges auxquels nous sommes désormais habitués, House of Cards a rapidement remédié à ça.

En 1979, l’idée de nous plonger au cœur de la politique américaine n’est pas nouvelle. Les Fous du roi a, par exemple, depuis longtemps émis l’idée que le pouvoir corrompt n’importe qui. Ici, le film entreprend de dépeindre les petites magouilles de la politique, les petits compromis qu’il faut faire si l’on veut réussir sa carrière et les choses qu’il faut mettre de côté si on veut, tout en menant une vie politique ambitieuse, parvenir à garder sa famille. Joe Tynan, sénateur aimé des électeurs, se retrouve en plein crise au milieu de son parti lorsqu’il lutte contre la nomination d’un sénateur raciste à la Cour Suprême. Parallèlement, lui qui est marié et père de deux enfants, tombe sous le charme d’une ambitieuse avocate…

Porté par un Alan Alda (également auteur du scénario) en grande forme, au jeu subtil, La vie privée d’un sénateur est un film prenant dont l’ambition de réalisme est sans cesse teinté d’humour et de romance. Un humour calé sur les seconds rôles (Rip Torn en politicien queutard, Melvyn Douglas en sénateur qui perd la boule, parlant français et citant Stendhal à tout bout de champ) mais qui n’est pas aussi improbable qu’il n’en a l’air, on l’a appris à de nombreuses reprises. Pas loin d’être une chronique (le personnage de Joe ne connaît finalement pas une évolution très profonde), le film passionne tout autant quand il s’aventure sur le terrain politique que sur le terrain personnel. En effet, si la romance avec Meryl Streep (qui eut du mal à jouer le rôle tant elle était touchée par le décès récent de John Cazale) vient donner du grain à moudre aux spectateurs qui se ravissent de voir un sénateur s’acoquiner avec une avocate, c’est toute la relation entre Joe et sa femme qui donne son ampleur au récit. Une femme touchante et vigoureuse incarnée avec force par la trop rare Barbara Harris, une femme délaissée, lassée de l’ambition politique de son mari et prête à supporter par amour les projets de celui-ci, du moins tant qu’elle le peut encore. A ce titre, la fin du film, se concluant par un échange de regards entre les époux, est franchement superbe, témoignant du talent de Schatzberg qui, de Portrait d’une enfant déchue à L’épouvantail, a toujours su capter avec justesse ce qui se joue entre les êtres humains à un niveau particulièrement intime. Ce sens du détail, allié à la partition joliment tournée de Bill Conti, vient faire de La vie privée d’un sénateur un beau moment de cinéma, intelligent et pertinent.

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