Oh Lucy ! : Lost in translation

Croyez-le ou non, c’est notre amour pour Josh Hartnett qui nous a mené vers Oh Lucy ! Souvenez-vous, il faisait baver toutes les filles dans les années 2000 après le succès de Pearl Harbor. Sa carrière s’était ensuite poursuivie tranquillement, chez Ridley Scott ou Brian De Palma, sans jamais faire d’éclats et puis il s’était fait de plus en plus discret jusqu’à la récente et sublime série Penny Dreadful qui le remettait en selle dans un rôle foutrement charismatique. L’occasion de voir l’acteur dans un film débarquant en salles chez nous est d’autant plus intéressant que le film est un premier long-métrage japonais.

Pour son premier film, la réalisatrice Atsuko Hirayanagi a décidé de transformer en long-métrage son court-métrage Oh Lucy !, primé il y a quelques années de ça dans plusieurs festivals. Poussée par l’envie de transformer cette belle réception en long-métrage, la réalisatrice s’est donc lancée dans l’aventure d’un long-métrage et nous offre, avec Oh Lucy !, une proposition de cinéma fort singulière dont l’équilibre de ton (des événements assez dramatiques traités avec une forme de légèreté) surprend avant de finir par charmer complètement.

Le film nous conte l’histoire de Setsuko, une femme japonaise qui, à la quarantaine, est célibataire et s’ennuie dans un boulot banal. Poussée par sa nièce Mika, elle accepte de prendre à la place de celle-ci des cours d’anglais et y fait la connaissance de John (Josh Hartnett donc), un professeur très singulier qui aime affubler ses élèves d’une perruque et les renommer pour les besoins des cours. Setsuko devient donc Lucy et semble rapidement s’attacher à John. Aussi quand celui-ci repart en Amérique avec Mika, Setsuko et sa sœur (avec qui elle ne s’entend guère) décident de les retrouver. Entre les brouilles entre sœurs et la quête amoureuse de Lucy, lancée à la poursuite d’un beau gosse tombé sous le charme de sa nièce, le voyage ne s’annonce pas de tout repos !

Quête existentielle d’une femme mal dans sa peau, Oh Lucy ! a tous les atours du road-movie sentimental fort sympathique mais cache derrière ses nombreuses scènes une gravité que l’on devine dès le début du film. Mal d’amour, idées suicidaires, incapacité de communiquer émotionnellement… Le film en dit long sur le mal-être d’une femme qui, pour exister auprès des autres, est sans cesse obligée (comme nous tous) de porter un masque. Ce fond très dramatique et loin des canons hollywoodiens (ici, le road-movie n’apporte pas ce qui manquait au personnage), traité avec une légèreté pétrie de tendresse mais loin d’être désinvolte apporte beaucoup au récit, faisant de Oh Lucy ! une belle surprise posant un regard pertinent sur un mal de vivre de plus en plus présent dans la société actuelle où il faut forcément une situation ou un mariage pour exister aux yeux des autres.

Et si c’est Josh Hartnett, touchant en type séducteur un brin loser, qui nous a fait poser les yeux sur le film, c’est Shinobu Terajima qui nous emporte dans le récit. Donnant à Setsuko une véritable épaisseur et une belle sensibilité à fleur de peau, l’actrice achève de mener Oh Lucy ! vers de beaux pics émotionnels qui nous feront guetter avec une attention particulière le prochain film d’Atsuko Hirayanagi.

 

 

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