Nuit Blanche : Action au bout de la nuit.

Il est trop facile de jouer à la comparaison dans la perspective d’un film d’action français. Faire le rapprochement avec le cinéma américain est d’une banalité affligeante. On peut percevoir quelques intentions, c’est sûr, il y en aura toujours. Mais c’est une facilité de comparer le travail de Frédéric Jardin à Michael Mann par exemple, tant par l’introduction de Nuit Blanche, intense et forte, que dans l’utilisation du huis-clos dans la boîte de nuit, Le Tarmac, lieu où se déroulera en majeur partie le film. Michael Mann est une référence avouée pour Nuit Blanche de la part de Frédéric Jardin. Il est vrai que le réalisateur de Heat aime le lieu propice à la fête. Il en a fait une séance culte dans Collatéral et réutilise l’endroit dans Miami Vice. La comparaison s’arrête là dans sa perspective créatrice et financière.

Prenons Nuit Blanche pour ce qu’il est  : un essai au budget riquiqui de 2,5 millions d’euros avec un casting de gueules et un réalisateur débarquant de la comédie française. Frédéric Jardin est le réalisateur de la comédie à succès Cravate Club, adaptation de la pièce de théâtre, tout aussi populaire. C’est à la demande du producteur, Marco Cherqui, que Frédéric Jardin travaille sur un polar en collaboration avec Nicolas Saada. Le script est acéré autour du Tarmac, une boîte de nuit regroupant restaurant et casino, tenu par un mafieux au style ringard presque assumé. Serge Riaboukine est Marciano avec sa verve et sa folie. Un personnage rabâché, mais joué avec une certaine bonhommie par l’acteur français. Marciano a kidnappé le fils de Vincent, un flic/truand ayant dérobé un sac de coke. L’échange est simple, mais va nous conduire vers une action labyrinthique effrénée. Vincent va vivre un parcours du combattant pour récupérer son fils, surtout que certains détails de l’affaire se jouent dans cette longue nuit.

Le cinéma français pré-années 2000 se réjouit de quelques soubresauts de son cinéma d’action. Mais le genre était le plus populaire dans les grandes années, partant de 1960 allant au début des années 80. En équilibre avec la comédie, parfois se conjuguant avec délectation, l’action ou le polar à la française fût une institution avant de tomber en désuétude par la prise en main par les chaînes TV du système de financement. Seuls certains producteurs persévèrent avec l’aide par exemple de Studio Canal pour dynamiter un cinéma pépère conduit par Kad Merad et Dany Boon. Surtout que les gueules ne manquent pas dans le cinéma français, Nuit Blanche le prouve avec Dominique Bettenfeld (acteur récurrent chez Jeunet ou Kounen) ou encore Tomer Sisley. Ce cher Tomer qui s’est fait démolir pour sa prestation de Largo Winch dans le diptyque par Jérôme Salle. Mais l’acteur prouve encore une fois avec Nuit Blanche un charisme certain pour des personnages forts, le profil type pour devenir le flic ripoux ou non dans le cinéma français. Un acteur malléable pour tous les genres, que ce soit la comédie, la romance ou le polar. Mais la stigmatisation dans un genre est le jeu favori de notre système, alors au final on ne voit Tomer dans plus grand-chose. Il a les apparats pour devenir une star, tout du moins une figure de notre cinéma, mais à être catalogué, on l’oublie. Pourquoi pas une comédie romantique avec Tomer Sisley  ? On lance l’idée  !

Dans Nuit Blanche, produit en 2011, il côtoie le futur, ce qui va se faire de mieux selon la production : Joey Starr en voyou badass. Acteur sur-estimé, mais une gueule importante pour avancer. On aime voir Joey Starr dans le polar à la française, il en devient même une des figures. Nuit Blanche n’est alors qu’un produit avant-gardiste que le cinéma américain à sitôt fait d’acheter les droits pour un remake. Le film se fait avec Jamie Foxx pour une sortie discrète en plein été 2017, mais elle se fait avec une certaine facilité et crédibilité, quand Nuit Blanche a crée quelques raclements de gorge.

Nuit Blanche est une proposition dynamique, un vrai moment de cinéma populaire divertissant pour une soirée de week-end. Le film écule tous les poncifs du genre, mais cette course-poursuite d’un père pour retrouver son fils au cœur de cette boîte de nuit bondée est d’une intensité que Frederic Jardin a capté avec savoir-faire en collaboration avec Tom Stern, chef Op’ de Clint Eastwood sur Million Dollar Baby. Une proposition de cinéma à tous les étages, classique, mais couillu, qui malheureusement par une réception timide n’a créé aucune émulation. C’est bien dommage, car le film, on le sait, plaît et se (re)découvre avec plaisir.

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