Brigsby Bear : Allegorie de la caverne du cinéma

Et si une émission avait été faite uniquement pour moi ?”

C‘est la question que s’est posé le scénariste Kyle Mooney et Brigsby Bear en est la réponse, film co-écrit par Kevin Costello et réalisé par Dave McCary. Brigsby Bear est un essai sur la créativité et le cinéma. Mais il traite aussi de l’amitié. Le projet est parfait pour les meilleurs amis depuis toujours, Dave McCary, Kevin Costello et Kyle Mooney.

Après 25 longues années passées dans un bunker avec ses parents (Mark Hamill et Jane Adams), trop effrayé par l’atmosphère terrestre toxique pour sortir. James Pope (Kyle Mooney) est retrouvé par la police puis ramené dans sa vraie famille. Alors qu’il avait été enlevé à la naissance puis séquestré au milieu du désert par ceux qu’il pensait être ses parents. De retour à la vie réelle, il découvre qu’il est la seule personne sur terre à connaître l’émission Brigsby Bear Adventures. Pour la simple raison que cette série a été créée de toute pièce par ses faux-parents dans le but de lui apprendre toutes les notions ou valeurs qu’on apprend dans le monde extérieur. Pour affronter le monde, il décide de mettre en pratique les enseignements de Brigsby et de créer une fin à la série sous forme de film.

Au premier abord, on pourrait croire que Brigby Bear n’est qu’une énième manière de vouloir jouer avec la nostalgie des années 80 et 90. Mais en réalité, Brigsby Bear est une refonte de l’allégorie de la caverne. La lumière, c’est la réalité qui frappe les parents kidnappeurs et projettent leurs ombres ou leur vision de la réalité sur le mur. C’est l’émission Brigsby Bear Adventures qui est projeté sur le mur. Une émission conçue pour enseigner toutes les leçons nécessaires, abordant des thèmes allant des valeurs humaines jusqu’à l’éducation sexuelle. C’est là qu’on voit le parallèle au cinéma et le commentaire qu’en font Kyle Mooney, Kevin Castello et Dave McCary. Faire des films c’est projeter sur un écran sa propre vision de la réalité. Donc faire du cinéma ça doit, avant tout, être quelque chose de très personnel qu’on prend du plaisir à faire avec ses amis. Une vision très indépendante du cinéma qu’on voit avec le projet de James de réaliser son film. Brigsby Bear c’est finalement une double mise en abîme, une vision du cinéma dans une vision du cinéma.

Mais les créateurs vont plus loin et nous montre ce qu’il se passe quand on quitte la caverne. James est un personnage complexe qui doit tout découvrir du monde extérieur. Sa seule manière d’avancer dans la vie c’est de donner une fin aux aventures de Brigsby, une fin à sa vie avec ses ravisseurs. Dans cet optique, le film est rempli de bonnes idées sur la manière de s’adapter à une nouvelle vie. Malgré ça, la dimension psychologique est tout de même faiblement exploitée. La pensée abstraite du cinéma est trop présente et les autres personnages manquent de profondeur et les problèmes se résolvent un peu trop facilement. Le film souffre d’un mauvais équilibre entre personnel et amitié. On pensera notamment aux parents biologiques de James transparents avec un traitement superficiel.

Cependant, Brigsby Bear possède une excellente distribution de seconds rôles. Greg Kinnear (Little Miss Sunshine) en inspecteur prêt à tout pour aider James Pope dans sa nouvelle vie ou Claire Danes (Stardust, Homeland) en psychiatre, rôle présent justement pour la dimension psychologique et même familiale. On a aussi droit à une brève apparition d’Andy Samberg (Brooklyn Nine-Nine) du groupe Lonely Island comme une référence au Saturday Night Live. Surtout, Mark Hamill, en père kidnappeur excentrique, venu tourner faire un aller-retour à Salt Lake city entre Le Réveil de la Force et Les Derniers Jedi et son île perdue de Skellig Michael en Irlande. Un père qui a monté une émission pour enfants de toutes pièces, un clin d’œil à l’immense carrière d’Hamill dans le doublage, notamment le Joker de la série animée Batman.
Quant à Kyle Mooney dans le rôle principal, on voit qu’il est parfaitement pour lui. Il joue son personnage très justement et lui donne la profondeur émotionnelle qui fait défaut chez d’autres.

Malgré plusieurs défauts, il suffit de gratter un peu la surface pour se rendre compte que Brigsby Bear est un film touchant et une belle vision du cinéma et de l’amitié. Finalement, pour filmer des films, il faut juste un truc qui filme.

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