Bright : Un peu de fantasy dans ce monde de brutes.

Désormais lancé corps et âme dans la production de films avec une ambition certaine (l’existence de Okja est là pour le prouver), Netflix, toujours en recherche de talents à exploiter, a filé un gros chèque de 90 millions de dollars pour produire Bright. Imaginé par Max Landis, réalisé par un David Ayer content de retrouver sa liberté après Suicide Squad et porté par le duo Will Smith / Joel Edgerton, Bright est le blockbuster Netflix de cette fin d’année et on peut enfin le découvrir sur la plate-forme depuis vendredi dernier. Au-delà de l’attente généré par le film et des premières mauvaises critiques qui sont tombées, que vaut vraiment Bright ?

Et bien contre toute attente, le film est loin d’être mauvais. On craignait un univers qui fasse un peu pot-pourri de fantasy et de buddy-movie brutal. L’équilibre est pourtant là et se maintient plutôt bien. L’univers que dépeint Max Landis dans son scénario, celui où les humains, les orques, les elfes et autres créatures en tout genre vivent ensemble (on peut même voir un dragon voler dans le ciel le temps d’un bref plan) se tient parce qu’il s’inscrit justement dans une réalité sociale. Une réalité sociale qui ne s’encombre guère de subtilités mais qui fait mouche puisque dans le Los Angeles que le film dépeint, les orques, ces salauds alliés au Seigneur des Ténèbres (Sauron ? Voldemort ? Nous n’en saurons rien) il y a 2000 ans sont encore persécutés par des humains pétris de préjugés. Résultat, alors que les elfes prospèrent au sommet de la société, les orques se tapent des boulots pourris ou finissent dans des gangs (si cela vous fait penser à quelque chose, faites-nous signe). Nick Jakoby, premier orque à rejoindre les rangs de police, a d’autant plus de mal à se faire accepter qu’il passe pour un traître aux yeux de ses congénères tandis qu’aucun humain ne l’accepte vraiment. Même Daryl Ward, son co-équipier, préférerait être avec quelqu’un d’autre. Or, quand les deux policiers répondent à un appel d’urgence et tombent sur une elfe et une baguette magique, objet convoité de toutes parts, ils vont devoir allier leurs forces pour survivre à la nuit…

Finalement, en dehors de son contexte que l’on accepte rapidement, Bright n’est rien d’autre qu’un bon polar bien bourrin. Il en a toutes les ficelles et à ce titre, il fait penser aux précédentes œuvres de David Ayer dépeignant un Los Angeles brutal et corrompu jusqu’à la moelle même dans les forces de police. Le script a beau être signé Max Landis, David Ayer a réussi à poser son empreinte dessus tant il est impossible de ne pas penser à Training Day (réalisé par Antoine Fuqua, mais scénarisé par Ayer), à Bad Times ou à End of Watch en le voyant. L’intrigue, tournant donc autour d’une baguette magique sur laquelle tout le monde veut mettre la main, n’est finalement qu’un prétexte pour que le film aligne les séquences de fusillades donnant l’occasion de se rapprocher à Daryl et Nick, l’épreuve et les sacrifices qu’elle demande leur permettant d’apprendre à se respecter et à se faire confiance.

Finalement peu révolutionnaire (l’univers qu’il brasse est original mais se repose un peu trop sur certaines facilités telles que « les elfes sont riches », « les orques aiment le death metal et sont violents »), parfois un brin ridicule dans le traitement de certains personnages (Noomi Rapace et Edgar Ramirez sont totalement sous-exploités) mais néanmoins brutal et pétri d’une véritable envie de cinéma, Bright se révèle être sacrément divertissant, les péripéties s’enchaînant à un rythme suffisamment soutenu pour que l’on ne s’ennuie pas. Nous traînant dans un Los Angeles gangrenée par les gangs et la corruption, se permettant quelques réflexions sociales et tolérantes, Bright tire parfois de grosse ficelles mais dégage une belle énergie, ne serait-ce que dans sa mise en scène où Ayer semble largement plus inspiré que dans Suicide Squad même si elle ne retrouve pas la force qu’il y avait pu avoir dans Fury. Il y a évidemment le tandem formé par Will Smith et Joel Edgerton. Si Smith reste toujours calé dans le registre qui lui va très bien, Edgerton surprend une nouvelle fois en apportant une véritable émotion au personnage de Nick, le rendant terriblement expressif sous une sacrée couche de maquillage.

Pas de quoi sauter au plafond avec Bright donc mais pas de quoi allègrement cracher dessus non plus comme certaines personnes se plaisent à le faire. En soi, le film s’assume tel qu’il est, comme un film d’action brutal où la drogue est remplacée par une baguette magique et le co-équipier que personne n’accepte par un orque. Vous voilà prévenus.

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