Star Wars : Épisode IV – Un Nouvel Espoir : … pour le cinéma moderne.

Comment aujourd’hui analyser l’épisode IV, le nouvel espoir d’un cinéma de science-fiction au cœur des années 70 ? Un cinéma indépendant créé avec des clopinettes par un producteur/réalisateur ambitieux sortant à peine d’un film d’adolescents aux relents de La Fureur de Vivre et se nommant George Lucas.

La SF minimaliste, l’homme la connaît plutôt bien après THX 1138. Mais avec Star Wars, George Lucas s’émancipe se confrontant à un défi révolutionnaire fait de maquettes et animatroniques pour donner vie à une galaxie lointaine, fort lointaine.

À revoir le film aujourd’hui lavé de tous ses défauts par ILM au début des années 2000, Star Wars se découvre être un long-métrage fort simple dans sa construction narrative. George Lucas a toujours souhaité adapter Flash Gordon pour le cinéma. Rebuté par un coût trop élevé, il se penche alors sur le scénario original de La Guerre des Étoiles. Original pour le scénario est un grand mot, tant on sait que l’homme est un artiste opportuniste aux multiples références. Le Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs sont pour le coup bien épluchés (donnant aussi vie en partie aux aventures d’Indiana Jones), Flash Gordon, mais aussi tout le cinéma américain et français de cape et d’épée. Star Wars est comme un choc avec le recul à découvrir toutes les reprises faites au cinéma populaire français des années 50/60, notamment le cinéma d’André Hunnebelle.

Star Wars dans ce Nouvel Espoir est un film de cape et d’épée où le jeune Skywalker est un jeune chevalier naïf prenant les armes au fur et à mesure de son voyage initiatique vers la force. Il est le D’Artagnan d’Alexandre Dumas se forgeant à être le Mousquetaire promis par son destin en quête des joyaux de la reine. Chez George Lucas, Luke Skywalker est un jeune chevalier guidé par une force souterraine l’emmenant à sauver une belle princesse et récupérer des plans pour détruire l’étoile noire. Une étoile noire infranchissable tel le château dans Le Capitan d’André Hunnebelle que Jean Marais escalade à la force de ses mains. Luke renvoie à ce François de Capestang, dit Le Capitan.

Le jeune Luke, naïf et plein de fougue, se trouve au beau milieu d’une guerre pour retrouver la paix. Un jeu de pouvoir obscur dont on ne connaît peu de choses. Seul le texte introductif ambitieux et culotté pour l’époque nous présentant l’univers de cette future saga. Bien plus tard, La Guerre des Étoiles deviendra l’Épisode IV – Un Nouvel Espoir, chapitre d’un univers sans fin. Une bataille qui fait les beaux jours d’un producteur acharné à reprendre en permanence ces films, les retravaillant pour les améliorer et capitaliser sur une manne financière sans fond. Star Wars, un projet indépendant, rêve d’un lecteur invétéré et d’un cinéphile connaissant ses bases sur les bouts des doigts, qui aujourd’hui représente le cinéma commercial dans sa grande puissance. Un simple petit film indépendant de cape et d’épée laser devenu en 40 ans le symbole capitaliste du cinéma hollywoodien. L’accomplissement d’une vie pour un George Lucas qui n’aura aucun autre succès à son actif autre que la première trilogie et la prélogie avec enfin les épisodes 1, 2 et 3. Une saga comblant une vie de cinéma pour un producteur allant jusqu’aux Oscars pour rafler toutes les distinctions techniques : Direction Artistique, costumes, son, montage, effets visuels et musique originale pour John Williams.

John Williams qui élabore pour le film (et forcément tout l’univers) les thèmes propres à toute une vie. La vie de fans reprenant en boucle le score de Star Wars, hymne flamboyant aux combats et à l’émerveillement. Les thèmes de Star Wars sont comme une résonance populaire au cinéma moderne, de ceux dont on ne peut se détacher, collant à la peau du jour où l’oreille s’y frotte. Que l’on aime ou non, Star Wars est un monument de notre culture. Personne ne pouvait s’en douter en 1977 avant de voir les foules en masse devant les cinémas. La Guerre des Étoiles comme un tsunami populaire, le rebond d’un cinéma morne à l’époque. Reagan en reprendra l’essence pour le rêve d’explorations spatiales (sans grand succès) imprégnant le rêve des étoiles aux Américains. George Lucas avait réussi bien avant lui avec ce voyage dont on ne se remet toujours pas, l’exploration à grands coûts de dollars se perpétuant encore et toujours.