PIFFF 2017 : Journal de Bord – Jour 4

Cette quatrième journée commence sous une fine couche de neige. En ouvrant les volets après une nouvelle courte nuit, la fatigue se laisse sentir. Les yeux sont lourds surtout après le choc hier soir après la projection hors compétition du nouveau long-métrage de Joseph Kahn, Bodied. Rien de fantastique dans Bodied, seule la proposition de cinéma étalée sur l’écran panoramique du Max Linder suffit pour être subjugué par le talent de cet homme responsable du plébiscité Détention. Bodied est comme un tremblement de terre dont on ressent encore les secousses ce matin.

Un lever tôt ce matin donc sous la fine tombée de neige de la nuit pour partir gentiment découvrir la sélection des courts-métrages français. Séance matinale au Max Linder, à 11h, l’heure adéquate pour nous laisser passer entre les passants se dirigeant vers le cortège conduisant Johnny Hallyday dans les rues de Paris pour une dernière tournée.

Une sélection de courts-métrages riche. Une qualité rafraîchissante démontrant une envie de genre dans les écoles de cinéma françaises. Rien n’empêche un certain côté auteurisant, mais les propositions ont le mérite d’avoir un intérêt, une vision, une certaine promesse de cinéma. Pour cela, nous ciblons le premier film de la sélection, Scaramouche Scaramouche, nouvel essai d’Arthur Môlard trois ans après présenté Gemini au PIFFF. Il revient avec un film sur une jeune fille qui perd la vue au fond de la Picardie tout en apercevant un monstre, celui qui se cache derrière les ombres que ses yeux fabriquent malgré elle. Denis Lavant est de retour dans le rôle du monstre, une ombre floue perturbant la jeune sur le chemin de l’appréciation de sa maladie qui en fera une aveugle. Un film finement écrit permettant de découvrir un réalisateur mûr pour la suite. 

Nous passerons rapidement sur La Baie qui doit beaucoup au cinéma de Robin Hardy sans pour autant s’imposer pleinement.

Passons aussi sur Spooked, délire d’un couple de  réalisateurs éclatant des références entre le Legend de Ridley Scott et les clichés du cinéma d’horreur américain. Un divertissement pur au cœur de cette sélection. 

C’est aussi un peu le cas d’Immortels, rappelant beaucoup (trop) What Do We Do In The Shadows de Taika Waititi, l’histoire de deux colocs vampires dont un ne supporte plus sa condition. Le court-métrage serait une intéressante promesse d’une série format 26 minutes avec deux personnages charmants dont l’un est incorrigible. 

Après un problème de DCP qui aura cassé le film, nous découvrons finalement La Chambre Noire réalisé par Morgane Segaert après un bon quart d’heure d’attente. 

Une attente qui valait la peine. La Chambre Noire se révèle être la proposition de cinéma la plus probante de la sélection. Une douce mise en scène pour le cheminement d’une enfant sur la mort proche de sa mère, infectée par une maladie curieuse qui la pourrie. La mort est proche et exprimée par un être qui la guette et la sert de près sur son lit de mort. Un film dramatique, mortuaire et beau faisant apprécier une réalisatrice en devenir à suivre de près. 

Revenge

14h, à peine le temps d’apprécier un peu d’air frais devant le Max Linder. On enchaîne avec Revenge, réalisé par Coralie Fargeat, Revenge est un pur rape & revenge, genre peu propice au cinéma dont la jeune réalisatrice explose les codes dans ce désert. Désert, lieu dont l’héroïne bien malgré elle ne perd aucun moment à dompter, et ce, de façon presque improbable. Le jeune fille violée devient alors une sorte de Lara Croft mêlée à une Ellen Ripley un peu incongrue. La petite blonde étant décrite comme une ingénue totale pour se révéler être intraitable dans les ressorts rédempteurs que le film met ensuite en place. Le genre veut cela et Coralie Fargeat l’assume jusqu’au bout. 

Après le défouloir pro-féministe, moyen de déverser des litres de sang de façon gratuite pour la jeune réalisatrice, moment pour nous et au spectateur du PIFFF de découvrir la sélection des courts-métrages internationaux. La sélection est inégale à contrario de la sélection française. Peu de choses à retenir entre un essai promotionnel pour un long-métrage, un énième film de Loup-garou ou un pseudo remake bis d’Alien Résurrection, on retiendra un joli petit film animé venant de Belgique, À Chacun sa Malédiction. L’histoire de deux colocs faisant face à un problème : leur esprit domestique a encore été dévoré par une créature. Le moyen pour la réalisatrice Lorène Yavo de parler de comment assumer sa véritable personnalité en tant qu’adulte et d’être accepté par autrui le tout sur 9 minutes. Un véritable petit bijou. Le second essai court que nous retiendrons sera RIP, se déroulant dans un petit village d’Espagne où une femme se prépare aux funérailles de son mari… avec lui. Réalisé par Caye Casas & Albert Pinto, le film déballe un humour gore bienvenu venant conclure une sélection poussive et peu enthousiasmante.

Hasard ou pas, on retrouve ce même duo de metteurs en scènes espagnols pour la séance « En compétition » suivante avec Matar a Dios. On peut dire que nous sommes prévenus.

Matar a Dios

Ce samedi est une journée propice au PIFFF à faire le plein. Le Max Linder ne désemplira pas, surtout que s’annonce à 21h45 la projection événement de Leatherface réalisé par Maury & Bustillo. Mais avant cela, Matar a Dios à 19h30. L’histoire d’un sans-abris qui s’invite chez une famille pour le réveillon de Noël. L’homme, qui se dit être Dieu, annonce à ses hôtes que la fin du monde est proche… La révélation du festival. Premier long-métrage du duo Casas & Pinto, le film se voit être l’un des films références des Noëls à venir. Comédie satirique avec des personnages que l’on aime détester, à l’image d’un Le Père Noël est une ordure à la sauce espagnole et fantastique. Casas et Pinto laissent entrevoir un rythme de la comédie sans faille le tout accompagné d’une galerie de personnages à la fois doux et détestables de méchanceté. La société misanthropique espagnole est représentée dans cette maison que choisit un dieu aux atours de clochard, lui même reste stable en tout dans sa volonté à réinitialiser la Terre sans véritable excuse. Matar a Dios est la découverte de ce PIFFF 2017, il aura fallu attendre le dernier film en compétition pour trouver la pépite à découvrir absolument. 

Après l’air frais venu d’Espagne pour Noël, place à l’attente, au produit d’appel de cette édition 2017 du PIFFF : Leatherface. Mise en scène par Maury & Bustillo pour Millenium Films, Leatherface revient une énième fois sur les origines mouvementées de Leatherface et sa famille de rednecks cannibales. Ne cachons pas notre peine de voir un tel produit sur grand écran si fièrement annoncé par les organisateurs et en présence des réalisateurs français. Oui le film a de gros problèmes de production, il manque près de 30 minutes du cut des réalisateurs de À l’intérieur, mais là où le bât blesse est de scénario de départ et le film lui-même, alignant les incohérences et les absurdités grossières. Le film est gore, trop gore, Bustillo & Maury se faisant un plaisir certain à aligner le craspec et le crasseux notamment lors d’une scène de sexe gratuite. Le gros problème de Leatherface est cette enchaînement de gratuité injustifiée et injustifiable procurant un produit d’horreur de plus estampillé « Massacre à la Tronçonneuse », huitième du nom.

Leatherface

Cette avant-dernière journée au PIFFF s’arrête ici pour nous. La fatigue se fait sentir, les yeux sont lourds et piquent du froid humide tombant actuellement sur les Grands Boulevards parisiens. On passe alors sur Downrange en séance de minuit, nouveau film du réalisateur de Midnight Meat Train. Il faut bien aussi attraper les derniers métros et autres RER, nous chers habitants de banlieue parisienne. On se donne donc rendez-vous pour la dernière journée (tristesse !) du PIFFF ce dimanche avec une séance matinale en hors-compétition à 11h pour Survival Family réalisé par Shinobu Yaguchi. La journée se poursuivra avec l’adaptation de Mutafukaz sur grand écran, une grande première avec la projection restaurée de 3615 Code Père Noël et de Shin Godzilla en clôture ! Une dernière énorme journée à vivre encore au PIFFF 2017 !

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