Le Crime de l’Orient-Express (1974) : Incontournable du whodunit

Alors que la sortie du Crime de l’Orient-Express réalisé par Kenneth Branagh approche, il est bon de se pencher sur le film éponyme de Sidney Lumet, première adaptation cinématographique d’un des plus célèbres romans d’Agatha Christie mettant en scène Hercule Poirot. Un classique du genre whodunit ayant bercé nos samedis soirs et nous ayant fait découvrir tout le génie de Christie, de Lumet et de Poirot !

Réalisé en 1974, entre Serpico et Un après-midi de chien (deux œuvres majeures de Lumet), Le Crime de l’Orient-Express étonne par son classicisme affiché à une période où tout Hollywood était en ébullition créative et se tournait vers un certain naturalisme allié à une violence plus frontale que jamais. Lumet lui-même, avec Serpico, avait tourné dans les rues de New York pour filmer la descente aux enfers d’un flic intègre. Ici, il montre une fois de plus son éclectisme et sa capacité à s’adapter à chaque scénario au fil des films. Pour mieux nous plonger dans l’ambiance ouatée des années 30, le cinéaste opte donc pour une mise en scène feutrée aux cadres précis, aux décors soignés et élégants. Un film tout ce qu’il y a de plus classique (dans le sens le plus noble du terme) là où le Nouvel Hollywood faisait rage.

Dès son introduction, composée de flash-backs angoissant relatant une tragique affaire rappelant l’enlèvement du bébé Lindbergh, Sidney Lumet met la mécanique du scénario en place. Hercule Poirot, revenant d’Istanbul, trouve une place dans l’Orient-Express. Durant le trajet, il y rencontre Ratchett, un homme d’affaires américain persuadé que quelqu’un veut s’en prendre à lui. Il demande ainsi au détective belge de le protéger. Peu enclin aux manières du bonhomme, Poirot refuse. Le lendemain, Ratchett est retrouvé assassiné. Tous les passagers du train (pour l’instant bloqué à cause de la neige) sont immédiatement suspectés. Bien évidemment, Poirot mène l’enquête…

Avec ce film, Sidney Lumet retranscrit à merveille la délicieuse atmosphère régnant sur le roman. Amoureux des acteurs, il filme alors un défilé de stars gravitant autour d’un Albert Finney méconnaissable en Poirot. On y retrouve Lauren Bacall, Martin Balsam, Anthony Perkins, John Gieguld, Richard Widmark, Ingrid Bergman, Sean Connery, Jacqueline Bisset, Vanessa Redgrave, Michael York ou encore Jean-Pierre Cassel ! Une belle distribution malheureusement un peu fonctionnelle, la faute à une multitude de personnages qui force le film à s’attarder sur eux le temps de quelques scènes servant l’intrigue sans jamais aller plus loin. D’où l’improbable Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle gagné par Ingrid Bergman en deux séquences là où Talia Shire, nommée pour Le Parrain 2, aurait largement mérité la statuette.

En dépit de cet aspect un brin décevant, mais nécessaire pour que l’intrigue avance, le film est impeccable, réalisé avec soin par un Sidney Lumet misant tout sur les faux-semblants et les mensonges des personnages. Le luxe et l’opulence de l’Orient-Express, mis en valeur dans la récente version de Branagh, sont ici remplacés par des décors luxueux mais un brin anxiogène, en témoigne le flash-back révélant le crime, particulièrement marquant. Film emblématique du genre, certainement le plus célèbre (avec Mort sur le Nil) mettant en scène Hercule Poirot, Le Crime de l’Orient-Express est une madeleine, une gourmandise dont on ne se lasse jamais quand bien même on en connaît toutes les ficelles, le film révélant toujours quelques subtilités à chaque nouveau visionnage.

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