It Comes At Night : L’Apocalypse selon l’ennui.

En plein cœur d’une forêt verdoyante, une maison à l’allure abandonnée abrite une famille calfeutrée. On sait peu de choses, seul le fait que le grand-père est malade, infecté par un virus le dévorant. De ce tableau cru de cet homme mourant face à son petit fils protecteur, nous faisons face à un survival sur fond d’infection. Une énième proposition depuis la popularité du show The Walking Dead sur AMC. Chacun veut y mettre son grain de sel au sein d’une production de genre boursouflé à l’écœurement des zombies et autres infectés.

Il y a encore dix ans, le genre n’était que l’affaire d’un George Romero spéculant sur ses succès passés. Quelques étudiants ou jeunes cinéastes s’y sont frottés avec des œuvres se référençant volontairement au maître pour de gentils hommages et nourrir les étalages des Direct To Vidéo.

Aujourd’hui, le zombie est une autre histoire. Enfin plutôt la même encore et toujours, mais sous l’aspect d’un cinéma indépendant, celui de cinéastes s’entichant d’une entité « Nouvelle Vague » pour vendre facilement leurs productions. Ce qui produit beaucoup, beaucoup trop de longs-métrages actuellement. À faire le tour des différents festivals du genre, les zombies envahissent les programmations par 3-4 films par sélections.

Le cinéphile et le public mangent du zombie à tous les râteliers. Un gavage infect souvent fait de petits films sans budgets. Nouvel exemple en date, It Comes at Night réalisé par Trey Edwards Shults, jeune réalisateur dont c’est le deuxième film.

It Comes at Night se déroule alors que le monde est en proie à une menace terrifiante. Un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

It Comes at Night se déroule essentiellement cloitré dans cette maison où le vide résonne comme les battements incessants de notre cœur. Ce vide est présent pour créer une sorte de tension, un malaise palpable s’accouplant dès l’arrivée de la deuxième famille à une paranoïa presque trop attendue. On reste circonspect devant l’écran nous présentant une proposition de cinéma rabâchée des centaines de fois par le déroulement de son scénario. Il ne se passe clairement rien. It Comes at Night fonctionnerait à plein régime si l’empathie avec cette famille se créer. Mais elle ne nous affecte jamais, et ce dès le départ et l’enterrement du grand-père. On perçoit un certain malaise, une certaine tension entre les membres mêmes de cette famille. Le fils qui en veut à son père pour le sort de son grand-père. Le fait que ce même fils prénommé Travis soit assailli de cauchemars glauques mettant en scène ce même grand-père. Le jeune homme est ensuite nourri de pulsions sexuelles envers la jeune mère de la seconde famille. Notamment cette séquence en pleine nuit dans la cuisine où les deux personnages insomniaques se retrouvent au cœur d’un malaise tendancieux.

Ces directions intéressantes à peaufiner ne seront que de brèves fulgurances d’un film ne trouvant jamais sa véritable identité. À trop vouloir être dans le cinéma d’un autre, Trey Edwards Shults ne réussit jamais à faire un film à part entière. On pense notamment beaucoup trop à Stanley Kubrick pendant tout le long-métrage. Les plans fixes des couloirs, cette porte rouge comme emblème horrifique d’un film ne déclenchant jamais réellement l’horreur. Comme si Trey Edwards Shults peignait l’horreur par des symboles intrigants créant la seule tension par son regard porté dessus. Bien au contraire, dans It Comes at Night, le jeune réalisateur ne crée rien. En tout cas, il ne crée rien de nouveau. Il se regarde essayer de faire un film avec des acteurs connus soutenus par la tête d’affiche à la production.

It Comes at Night est comme un tir à blanc. Il a aux premiers abords des allures impressionnantes pour finalement nous laisser totalement froids. Le film est une petite production prétentieuse et sans saveur jouant sur une hype non communicative, mais surtout sur des symboles faciles comme l’infection, la peur du noir, de la profondeur cachée des forêts, de l’inconnu, mais surtout la peur de l’autre.

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