Carbone : …Jusqu’ici tout va bien…

Après avoir recyclé sa série Braquo pour Canal+ dans un univers dystopique qui ne connaîtra malheureusement pas de saison 2 (Section Zéro), Olivier Marchal est enfin de retour au cinéma. Six années depuis Les Lyonnais avec Gérard Lanvin. Entre-temps, un téléfilm pour France 2 et une série pour Canal+. Voici l’ex-flic de retour avec une œuvre de cinéma, un film intense, Carbone.

Carbone suit Antoine Roca (Benoit Magimel), un homme ordinaire, menacé de perdre son entreprise. Il met alors au point une arnaque qui deviendra le casse du siècle. Rattrapé par le grand banditisme, il lui faudra faire face aux trahisons, meurtres et règlements de compte.

Comme on l’espérait, Olivier Marchal ne lâche pas le polar. On peut avoir peur du film de trop pour un metteur en scène se la jouant de facilité. Mais il n’en est rien, Marchal signe un grand film. Un film qui agrippe le spectateur par le col serrant sa poigne au fur et à mesure du métrage. On sent le film prêt à exploser à tout moment. Olivier Marchal sait le faire et le prouve une nouvelle fois. Carbone est une bombe à retardement sur cette histoire d’arnaque à la taxe carbone. De l’arnaque, on ne comprend pas tout. Enfin seulement les grandes lignes. Peu importe, là n’est pas le plus important, surtout que Marchal rabâche le fait divers en conclusion comme pour mieux nous faire comprendre où nous avions mis les pieds.

Carbone est un film lourd tirant les grandes ficelles du polar. Paris, ville extraordinaire pour ce genre de récit. Les bars, les péniches, les quais, les boîtes de nuit… Paris la nuit. Ses banlieues aussi et les jolis appartements avec vue sur la Tour Eiffel. Olivier Marchal sait soigner son film tout en connaissant la recette sacrée du bon polar. Les parkings, les fusillades, les assassinats, le grand banditisme au final. Qui de mieux que Olivier Marchal pour mettre en scène tout cela  ? Il ne reste que lui finalement et Fred Cavayé (qui s’est malheureusement fourvoyé avec Dany Boon) pour savoir créer une intensité si forte au cœur même du polar ne laissant pas le spectateur bouger un seul instant de son fauteuil.

Carbone, c’est du polar à l’ancienne. La recette ne bouge pas de toute façon. Si le réalisateur utilise ironiquement l’image de Scarface dans le film, c’est pour mieux démontrer que rien ne change. La donne est intacte. La chute est aussi rapide que l’ascension. On subit en permanence le fruit de ses actes en dépit de qui sera le plus malin. Chacun paie sa note. Avec Carbone, Marchal ne déroge en rien à ce schéma et le sait sciemment. Alors il forge une mise en scène autour des personnages, des gueules. Moussa Maaskri parfait en éternel gangster, Gringe que l’on découvre après s’être amusé avec Orelsan dans Comment C’est Loin, Mickael Youn parfait ou encore Gérard Depardieu l’éternel ! Il reste alors que le haut de l’affiche, Benoit Magimel. Il tient le film à bout de bras. Si faiblesse il y a chez l’homme, l’acteur répond présent et de surcroît de parfaite manière. Il est le descendant naturel d’Alain Delon sur Carbone, une trogne admirable, une allure impeccable. Le charisme de l’homme joue en permanence. L’empathie se crée instantanément nous emmenant aux confins de cette arnaque culottée. L’apparence et la jalousie lui joueront alors des tours. Car finalement la base même de la chute est celle semblable à tout à chacun. Celui d’en vouloir toujours plus, de prouver sa valeur et la montrer. L’oisiveté est un effet boomerang à éviter d’urgence. Carbone surprend en le prouvant encore une fois.

Film coup de poing, Carbone est une nouvelle réussite dans le genre. Olivier Marchal signe un film fort, une histoire classique, mais audacieuse dans cette volonté à vouloir survivre. Carbone est le drame d’un homme se jouant de la légalité l’ayant vu échoué là où son père avait réussi avec fierté. Ce n’est alors plus un simple polar, mais une tragédie grecque, le fils mettant en joue le père pour sa fierté et ses valeurs, cette gloire de réussite avant d’échouer devant le trône. Carbone est dramatique, profond, une œuvre sublime sur des personnages torturés. Une nouvelle réussite pour Olivier Marchal.

2 Rétroliens / Pings

  1. Box-Office France du 01/11/2017 au 07/11/2017 - Close-Up Magazine
  2. Bronx : Braquo saison 5 -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*