Le Retour de Chucky : Une poupée culte !

Chucky, personnage presque improbable inventé par Don Mancini à la fin des années 80. À l’époque, le slasher est en perte totale de vitesse, les célèbres croquemitaines font peine à voir que ce soit Michael Myers ou Jason Voorhees. Les franchises ne fonctionnent plus, à savoir que même des sorties en direct To vidéo sont complexes. C’est alors que Don Mancini crée pour la Universal, Chucky, une poupée Brave Gars que Charles Lee Ray, un tueur en série en fuite, va infiltrer via une incantation vaudou. Sa quête pour retrouver un corps humain prendra trois films, une première trilogie où la poupée meurtrière poursuit le jeune Andy pour lui voler son âme.

Chucky va passer sans encombre les années 90 et avec une dextérité rare les années 2000. Réussissant à se renouveler avec une facilité déconcertante pour un quatrième film, La Fiancée de Chucky réalisé par Ronny Yu en 1998, hommage délirant à James Whale. Don Mancini reprend les rênes avec Le Fils de Chucky en 2004, suite directe et tout aussi folle mettant Chucky en immersion dans le moule hollywoodien avec un fils tout droit sorti du cinéma d’Ed Wood. Don Mancini s’éclate avec son personnage phare et arrive en permanence à renouveler la recette surprenant tout son monde. Malgré la modeste qualité de l’opus précédent, La Malédiction de Chucky, reprenant les codes du gothisme pour un film entièrement en huis-clos au cœur d’une demeure perdue, on retrouve dans Le Retour de Chucky, Fiona Dourif, fille de l’acteur doublant Chucky et nouvelle cible de la poupée depuis deux films. Dans ce nouvel opus, elle est internée dans un asile psychiatrique suite aux événements survenus dans la maison de ses parents. Elle est accusée des faits à la place de Chucky et présumée folle. Don Mancini reprend les thèmes phares de la première trilogie avec Andy, lui enfant soi-disant perturbé qui ira même dans un camp militaire pour enfants turbulents dans Chucky 3.

Andy qui revient aussi dans cet opus dans le but permanent d’arrêter cette poupée maléfique. Si Mancini reprend les grandes lignes de la saga, le scénariste/réalisateur s’amuse sur la forme créant une psychose dans cet asile austère. Le Retour de Chucky renvoie en permanence aux grands films prenants le cadre d’un asile. En premier lieu, le travail de Samuel Fuller sur Shock Corridor, où un malaise s’installe dans la quête d’un tueur par un journaliste investi. Ici Mancini rend un hommage vibrant à Fuller faisant de Nica (Fiona Dourif) le dommage collatéral des événements mystérieux se déroulant au sein de l’asile. Enfin le croyons-nous, car serait-ce seulement le fruit de l’esprit tourmenté et médicamenté de Nica et des autres autres patients prenant acte des récits de la jeune femme lors des réunions de groupe. Chucky est-il vraiment dans l’asile ou les meurtres sont-ils les actes d’un patient malade  ?

Pendant une bonne partie du film, Don Mancini joue sur cet effet avec une efficacité rare. Il crée un parallèle façon Vendredi 13 V – Une Nouvelle terreur où le jeune Tomme Jarvis vivait une terreur identique face à l’image de Jason au cœur d’un camp pour jeune handicapé. C’est à ce moment précis que nous captons le culte voué à Chucky, son image et ses actes. Destiné aujourd’hui à une série de DTV de luxe tous les 2/3ans, Chucky est cette image intacte d’un cinéma d’horreur intègre. Don Mancini aurait pu jouer facilement la recette du remake/reboot, mais l’homme travaille sa matière avec talent, ayant repris la licence depuis quatre films. Universal lui laisse les coudées franches, une vision propre qu’il s’applique à orchestrer avec un certain talent. Notamment dans la représentation de sa chère poupée, essentiellement faite à l’ancienne, une marionnette gérée à même le plateau assurant une interaction crédible et perturbante. Perturbante, car le résultat est d’un réalisme manifeste, la marionnette étant gérée par quasiment la même équipe depuis le tout premier film. Ils ont bossé la matière même «  Chucky  » le faisant évoluer de film en film que ce soit dans sa personnalité que dans son fonctionnement. Chucky est aujourd’hui un personnage à part entière, et cela en devient déconcertant.

Si ce Retour de Chucky est une série B qui appellera en premier lieu les fans purs de la saga consacrée à la poupée Brave Gars, Don Mancini a le don d’avoir une vision concrète dans la mythologie de son personnage. Le scénariste/réalisateur prend des risques avec la poupée tueuse, mais surtout réussit à faire évoluer la saga vers une perspective claire sans tomber dans les viles facilitées de telles franchises. L’homme se permet même au final de dessiner une esquisse ample, le culte de Chucky n’ayant pas encore fini de nous surprendre. Un travail de passionné, mais surtout d’un amoureux de la matière qu’il a créée il y a de cela 30 ans maintenant.

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