Nos Patriotes : Interminable Seconde Guerre.

Les films se concentrant sur la période de la Seconde Guerre Mondiale sont un genre en soi. On ne parle plus de films de «  Guerre  », mais de films sur la Seconde Guerre Mondiale. Le cinéma en fait encore aujourd’hui une période faste pour des récits d’aventures trépidants, exemple avec Robert Zemeckis et son Alliés ou encore le biopic sur Django par Étienne Comar.
Gabriel Le Bomin s’est découvert en 2006 avec Les Fragments d’Antonin, un premier film sur fond de guerre, celle de 14/18 où il se penchait sur le retour des soldats dans le désarroi psychologique. Le film est un succès critique, à défaut d’être public, remportant le César du meilleur premier film et nominé pour le Prix Louis Delluc en 2006 comme Premier Film.

Après un thriller basique avec Charles Berling et Laura Smet, Insoupçonnable, et quelques travaux dans le documentaire et la TV pour Arte, Gabriel Le Bomin revient au cinéma avec Nos Patriotes. Ce troisième film s’inspire du livre « Le Terroriste Noir » de  Tierno Monénembo  et plusieurs recherches sur Addi Bâ effectués par le réalisateur français. Le Terroriste Noir est Addi Bâ, un tirailleur sénégalais enrôlé dans l’armée française et fait prisonnier par les Allemands en 1940. Le film s’ouvre sur la capture de la faction et de son acheminement vers un village en piteux états. De ce décor apocalyptique, les Allemands vont s’en servir pour leur propagande. Un film monté diffusant les actions du Reich. Les prisonniers africains sont lâchés et lâchement fusillés au cœur de ce décor. Seul un groupe arrive à s’échapper dont Addi Bâ fait partie.

En toute sincérité, Nos Patriotes vaut prioritairement pour cette introduction crispante. Un moment douloureux et habilement mis en scène. « La Chasse aux Noirs » au cœur d’une France occupée, le tout sous les caméras 16mm des Nazis.

Si le reste du film déçoit, il a au moins le mérite de divertir. À trop avoir travaillé pour la télévision, Gabriel Le Bomin en a pris les tiques et les accoutumances faciles par une mise en scène simple et efficace, un montage sans accroc. Nos Patriotes n’est pas un mauvais film, au contraire, il ne propose juste rien de neuf. Le récit sur l’aventure d’Addi Bâ est curieux, mais en rien fulgurant. Seul le fait qu’il soit d’origine africaine change une possible vision de son parcours. Il a surtout été en première ligne dans les forêts vosgiennes dans l’organisation des premières milices résistantes. L’homme a œuvré pour sa liberté et celle d’un pays, mais il a été un parmi tant d’autres. En faire une œuvre de cinéma ne s’y prêtait pas forcément. Quand bien même si le réalisateur en proposait quelque chose de fulgurant, de neuf… de fabuleux. Mais Nos Patriotes ne propose pas qu’un simple film sur la résistance d’une région. Il propose aussi le portrait d’un homme simple et courageux. Un coureur de jupons se promenant au gré des patrouilles en plein jour dans les rues où son portrait est affiché partout. Le terroriste noir, son surnom après avoir assassiné en signe de représailles un soldat devant les yeux d’une prostituée. L’homme est naïf, voire trop bienveillant, à l’image du film. Nos Patriotes fait d’une attaque de train son climax, une attaque subjective alors que certaines productions de 40 ans d’âge en ont fait leurs objectifs. 

Nos Patriotes n’est pas une œuvre se liant dans la comparaison. Le film a ce mérite d’être une proposition, celle du portrait d’un homme ayant bravement combattu l’occupation. Évoqué fièrement dans un discours par François Hollande lors d’un hommage, Addi Bâ a reçu à titre posthume la médaille de la Résistance le 13 juillet 2003. Gabriel Le Bomin lui rend à son tour hommage dans un film prenant et divertissant, mais tellement formel et convenu.

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