Fast & Furious 8 : Vers une nouvelle trilogie ?

Alors que l’on aurait pu penser la saga définitivement clôturée après le décès prématuré de Paul Walker, Fast & Furious revient nous mettre une huitième couche dans un nouvel épisode qui risque fort de faire parler. Alors que Dom et Letty profitent de leur lune de miel à Cuba, Dom se fait approcher par une hackeuse à la renommée malfaisante, Cypher. Cette dernière oblige Dom à tourner le dos à sa famille afin de commettre de terribles méfaits. Laissée pour compte, la famille de Dom se lance à sa poursuite.

Il y a des sagas que l’on chérit de tout notre être. Des sagas animées par la bonne humeur, bien souvent à l’origine de très bons moments de cinéma. Fast & Furious a su tirer son épingle du jeu. D’un thriller simple et efficace, la série de films a su fédérer des milliers de fans en osant sans cesse repousser les limites du vraisemblable. Quand on parle de la série Fast, on ne peut s’empêcher d’adhérer au plaisir coupable qu’elle procure, d’autant que la formule adaptée n’a cessé de se bonifier au fil des ans. Du crétin, des cascades improbables, des héros surhumains et des méchants très méchants… La saga Fast a su ressusciter tout un pan du cinéma d’action qu’on pensait mort et enterré depuis le début des 90’s. Après un immense épisode 7 qui alliait d’immenses cascades spectaculaires à la réalisation dynamique d’un très grand James Wan, on pensait ne plus jamais avoir affaire à la fameuse bande de Dominic Toretto. Les adieux étaient sincères et l’hommage à Paul Walker aussi palpitant qu’émouvant. Fast 7 avait trouvé le ton juste et adéquat afin de tirer sa révérence sous les chapeaux de roue. C’est alors que débarque un huitième épisode aussi bienvenu qu’inquiétant. On ne peut s’empêcher d’être tiraillé entre l’excitation de retrouver nos héros et l’inévitable appréhension de tomber sur le film de trop. Qu’à cela ne tienne, F. Gary Gray (Braquage à l’Italienne, Straight Outta Compton, Un Homme à Part) est appelé pour tenir les rênes de ce nouveau projet. Et si l’on en croit les dires de Vin Diesel (moteur essentiel de la saga), il n’aurait pas accepté de revenir sans un scénario valable et un bon réalisateur. Que vaut donc Fast & Furious 8 ?

À la sortie de la salle, on s’en retrouve terriblement troublé. Est-ce que Fast & Furious 8 est un bon film ? Plutôt oui, dans l’étroite continuité des codes de la saga. Est-ce que Fast & Furious 8 est un film réussi ? Pas vraiment ! S’il y a bien la fibre nostalgique qui agit en conséquence lorsqu’on recroise le chemin de nos héros, on ne peut pas ne pas nier les poncifs scénaristiques qui plombent l’ambiance générale du film. Le scénariste, Chris Morgan, tente d’amener son histoire vers le modèle originel de la saga. Il rajoute un aspect thriller beaucoup plus conséquent par rapport aux derniers épisodes. Non pas que l’exercice soit un échec en soi, mais pour mener à bien ses idées, il est obligé de passer par quelques entorses aux bons procédés qui incombent à ce genre de scénario. Il grossit les traits de certains personnages secondaires dont on n’avait pas entendu parler depuis deux bons films pour amener un semblant d’enjeux, mais surtout, il va à l’encontre des idéaux de son héros en amenant un twist final aussi maladroit qu’incohérent. Sans vouloir le dévoiler, il est impossible de considérer l’envie de catharsis mise en place envers l’association de deux personnages particuliers quand on sait ce qu’ils ont enduré les films précédents. De plus, il se dégage une certaine gêne quant aux explications à fournir sur l’absence de Bryan (le personnage incarné autrefois par Paul Walker) et le clin d’œil final n’obtient pas l’effet escompté. Ce qui aurait pu être un beau message d’amitié se transforme en un petit salut maladroit, pathos et archi-téléphoné. Voilà pourquoi Fast 7 se devait de rester la conclusion idéale sur les adieux de l’équipe à leur ami.

Et côté réalisation, Fast & Furious 8 n’a rien de bien folichon non plus. Si l’on avait pu apprécier une identité propre aux réalisateurs qui s’étaient frottés à la franchise, F. Gary Gray ne tire que très rarement son épingle du jeu. La réalisation est académique et fait le travail convenablement, mais ça ne va pas chercher plus loin. On notera quelques plans un peu mieux travaillés que les autres, mais l’ensemble demeure bien trop consensuel pour marquer (là où James Wan nous avait bluffés). F. Gary Gray semble nettement moins s’amuser que ses prédécesseurs aux manettes de la franchise. Pourtant, l’intérêt de mettre en scène un colosse comme Fast & Furious provient justement de cette possibilité à pouvoir laisser libre court à toutes les folies techniques possibles. Gray ne tente presque jamais de sublimer ses images, d’autant que Fast & Furious 8 est le premier film américain tourné sur le sol cubain depuis la réouverture des relations entre Cuba et les États-Unis, Gray aurait dû en profiter pour mettre en valeur son ouverture de film de manière nettement plus grandiloquente. On n’a pas eu la surenchère de scènes improbables qu’on espérait, même si la séquence avec les centaines de voitures piratées et la course-poursuite finale méritent un coup d’œil certain (en IMAX tant qu’à faire). On ne va pas se mentir non plus, la saga nous a tellement habitués à nous offrir toujours plus au fil des films, qu’on ne peut plus se contenter d’un « minimum syndical » !

Malgré le très bon moment que procure Fast & Furious 8, on ne peut pas ne pas constater les défauts qui font de l’ombre à la solide machine. En dépit d’une séance agréable, Fast & Furious 8 tombe dans les inévitables pièges de la suite de trop. Même s’ils sont encore mineurs, le déclin de la franchise commence à se faire lourdement sentir, surtout quand on sait que ce film peut être le premier d’une nouvelle trilogie. Il faudrait voir à ne plus tirer indéfiniment sur les cordes, parce que le coup du méchant qui, en fait, est gentil, mais un peu méchant, mais pas tant que cela…ça va bien cinq minutes !

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