Baby Boss : Couche entre deux chaises.

Que penser d’un film présentant un bébé habillé en costard, montre au poignet et une mallette aux dossiers top secret ? Que le cinéma d’animation recule de 10 ans dans la naïveté d’un produit cinéma pour la famille en vacances de Pâques. Mais à peine la projection lancée que nous sommes reprit par un film d’animation malin vendu maladroitement par un service marketing dépourvu de solutions. Baby Boss est un produit ne sachant finalement jamais trop comment se positionner. Si l’intention est au départ la présentation d’un monde naïf et imaginaire, Tom McGrath s’immerge totalement dans un divertissement joyeux et coloré rejetant son idée de base nous interpellant par une dimension utopique dysfonctionnelle.

Baby Boss est la réponse de Dreamworks à Pixar par cette volonté à s’immerger dans la tête d’un jeune garçon emplie d’une imagination débordante. Baby Boss est la plongée imaginaire dans le subconscient de Tim, un garçon unique de 7 ans. Sept années de bonheur avec ses parents lui contant et chantant des histoires avant de dormir. Des parents parfaits rien que pour lui… jusqu’au jour où ils lui apprennent l’arrivée d’un petit-frère. 
Le cauchemar commence ici pour Tim qui voit le lendemain un bébé débarqué en taxi en costard-cravate une mallette à la main. Le bébé accapare ses parents et Tim se voit isolé au quotidien. Jusqu’au jour où le jeune Tim découvre que le bébé est un espion envoyé pour contrecarrer les plans de la société Puppy où travaillent les parents de Tim. Il est ici en couverture.

Alors imaginez-vous une aventure de sept ans d’âge mental avec comme ennemi un bébé puis une entreprise agro-alimentaire pour animaux ? Le résultat est Baby Boss, un divertissement enjoué qui plaira sans nul doute aux plus petits tout en ennuyant poliment les parents. Si parfois le film aime se rappeler que le déroulement sur l’écran est la proportion débordante de l’enfant (voir la bataille dans le jardin), très vite cette barrière s’évapore pour se plonger pleinement dans des péripéties primaires, voire naïves. Baby Boss déroge peu aux règles du divertissement animé avec un grand méchant et une union faisant la force des héros. Le film orchestré par Tom McGrath laisse éclater toute l’imagination d’un enfant ne renvoyant jamais les spectateurs pieds sur Terre pour voir les réelles conséquences des actes. Tim et son petit frère prennent par exemple l’avion tout seuls sans aucune réelle conséquence environnante. 

Baby Boss se dédouane gentiment et librement de son confinement de base perdant le spectateur entre rêve et réalité. Où sommes-nous finalement ? Dans le rêve/cauchemar de Tim ou la dimension de certains événements disproportionnés par l’imaginaire de Tim ? Tom McGrath s’en accommode facilement pour conter une aventure ordinaire, mais divertissante. Le réalisateur avait prouvé un certain savoir-faire avec la série des Madagascar qui se retrouve ici par une ambiance enjouée, des dialogues bien trouvés et des situations plutôt cocasses.

Si Baby Boss rassure dès ses premières minutes dans l’élaboration de son pitch curieux et naïf, Tom McGrath laisse le spectateur entre deux fauteuils avec une histoire pertinente, soit la volonté de creuser le ressenti d’un jeune garçon dont le monde se voit cassé par l’arrivée d’un petit-frère. Le long-métrage se conforme surtout à suivre des balises de divertissement éculées n’approfondissant jamais son thème de base. À contrario d’un Vice-Versa développant son concept avec savoir et minutie, le réalisateur de Madagascar laisse exploser l’artifice pour partir dans une aventure banale, mais décomplexée. Les personnages méritaient une meilleure aventure, bien mieux que cette standardisation de l’aventure selon l’enfant. Tim avait l’imaginaire ample et fourni, malheureusement, il nous plonge au cœur des codes de l’animation du début des années 2000, celui dont McGrath avait réussi à exploiter avec succès, mais jamais à le transcender. À l’image de son nouvel essai.

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