The Conjuring 2 : Le Cas Enfield – Une immersion au coeur du Mal

Des suites, des suites, encore des suites et toujours des suites, ça n’en finira donc jamais !? Manifestement non, la longue période des suites et des successions de suite continue de frapper. Il faut avouer que lorsqu’on tient une bonne histoire avec des personnages crédibles, difficile de lâcher le morceau. L’envie d’exploiter le filon naît naturellement et la famille Warren a de quoi proposer un paquet d’histoires toutes plus passionnantes les unes que les autres. Mais combien de sagas ont ruiné un film en proposant une suite ? Combien de spectateurs se sont lassés rapidement d’une histoire qu’ils semblaient chérir ? Combien de cinéastes se sont laissés piéger par cette gourmandise ? James Wan commence pourtant à en connaître un rayon à ce niveau, alors quels sont les objectifs à vouloir insister de la sorte ? Quel est le projet de cette suite ?

Les films d’horreur en général ont une bonne longévité car la communauté de fan de ce genre ne s’en lasse pas si vite. Mais voir un bon thriller horrifique bien ficelé et bien agencé n’est pas aussi fréquent qu’on le pense. Tout porte à croire que le pari de faire un Conjuring 2 est assez risqué. Annabelle – premier spin-off de la franchise – est loin d’avoir fait l’unanimité. Cette fois-ci, la suite des dossiers Warren semble vouloir élargir un peu plus son public en proposant une production plus dynamique. Plus drôle, plus actif, une mise en scène toujours aussi propre mais moins élaborée, James Wan se paie même le luxe d’insérer plus de Jump-Scares que dans le précédent, ce qui risque de ne pas plaire à tout le monde. C’est d’ailleurs dommageable, car ce qui faisait la sève du premier volet, c’était précisément sa manière de jouer avec les attentes du spectateur. Quelquefois ça prenait, d’autres non, mais il y avait toujours une petite surprise. Ici, avec un désir de surprendre en proposant malgré tout des nouveautés de mise en scène, il comble certaines pertes ou défauts par des facilités en accentuant le frisson. En parallèle de cela, le fantastique est toujours aussi bien maîtrisé, les monstres de cet opus sont d’ailleurs particulièrement convaincants et surprenants. Chacune de leurs apparitions ne laisse pas indifférente, préparez-vous à ce qu’un frisson parcoure votre corps et que vos muscles se raidissent car l’ambiance balaie clairement vos incertitudes et vos doutes sur ce que vous êtes en train de voir.

D’ailleurs le slogan du film « Ne pas y croire ne vous sauvera pas » prend une sacrée ampleur. Bien souvent ce qui rend inquiétant dans un long-métrage d’horreur c’est la solitude qui plane. Un groupe d’amis dans un lieu isolé, une maison hantée dans laquelle vit une famille que personne ne cherche à aider outre mesure, il est rare que les protagonistes au centre de l’histoire aient l’aide qu’ils requièrent. La peur est souvent entièrement basée sur ce postulat pour stresser le spectateur. Cela fonctionne la majeure partie du temps mais ça laisse toujours un arrière-goût amère quant à l’attrait qu’on porte à la production en question. Ici les scénaristes prennent le contre-pied total de cette habitude. Le surnaturel ne se voile pas, il se montre volontiers au grand public. Il n’est pas timide et encore moins effrayé par une quelconque instance extérieure, cela ne l’empêche pas de persécuter sa proie aussi longtemps que possible. C’est une manière bien pensée de rappeler à tout le monde que c’est inspiré de faits réels et que finalement, la question du « Mais que se passerait-il si… » eh bien… tout simplement ce que montre le film. Et ça paraît logique finalement, ce que les gens ne comprennent pas et ignorent, bien souvent ils préfèrent l’éviter et l’oublier. Ce qui paraissait le plus grossier dans ce genre de film, à savoir son désir de réalisme, prend tout son sens quand on l’aborde de front. Les autres productions s’en dédouanent bien souvent pour forcer l’horreur au détriment de la crédibilité, ici c’est tout l’inverse et ce qui semble improbable à première vue en devient tout à fait sérieux.

En somme, ce Conjuring 2 sonne un peu plus blockbuster que le premier s’orientant vers plus d’action, plus de rythme et laisse un peu moins de place à l’artistique perçut dans le premier volet. Pourtant le cinéaste parvient à maintenir une tension tout au long du film et à conserver en grande partie son style. Renouveler les attentes tout en offrant ce pour quoi nous sommes venus, projet difficile mais qui fonctionne plutôt bien. Que ce soit dans la narration ou dans le développement de l’histoire, ce second volet impose ses marques en suivant les pas du précédent. C’est d’ailleurs certains éléments de l’histoire qui intriguent, quelques anciens mystères trouvent leurs réponses ici et semblent donner plus de profondeur à cet opus. L’histoire des Warren est florissante et peut donner lieu à de nombreuses suites si les studios ou les producteurs le souhaitent. Mais cette évolution en saga donne clairement le sentiment qu’un projet bien défini est en train de voir le jour, une sorte de fresque cinématographique sur la famille Warren. Inutile de spéculer plus longtemps et espérons simplement que ce qu’ils fassent reste de bonne facture.

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  1. La Nonne : Priez pour nous pauvres cinéphiles. -

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