Texas Chainsaw 3D : La Belle et le Bête.

Le temps passe, Leatherface est toujours dans la place ! Cela fait 40 ans que le célèbre tueur à la tronçonneuse arpente les grands espaces texans à la recherche de chairs fraiches pour faire joujou et se confectionner de beaux masques de peaux. Jamais grand maître du box office (toutes les suites originales ont été des flops), il a fallu attendre les remakes pour que ce grand gaillard et sa tarée de famille prennent toute leur mesure. Il est grand temps avec cette énième suite directe de revenir à la saga d’antan, prétexte marketing pour délivrer un nouvel épisode inutile.

Avec la saga Massacre à la tronçonneuse, on est plus à quelques incohérences. Trois suites originales (à la limite du remake), un remake et un préquel au remake. Repris par ses producteurs originaux, Tobe Hooper et Kim Henkel, Texas Chainsaw 3D se veut être la suite directe du film de 1974 réalisé par Hooper himself. Tombant dans l’escarcelle de Millenium Films (après Platinum Dune, responsable des remakes), on fait abstraction de tout pour repartir sur de bonnes bases. Enfin, c’est le but. 

Malgré toute l’efficacité et la bonne tenue globale d’un film qui fera son petit effet auprès de tous ces idiots adeptes de pop corn, le projet Texas Chainsaw 3D n’est qu’opportunisme et avidité. Après une introduction dénuée de tout sens logique dans la continuité de la fuite de Sally parvenue à échapper à l’épouvantable famille Sawyer à l’arrière du pick-up, les habitants de la petite ville de Newt, au Texas, décident de faire justice eux-mêmes, brûlant la maison de cette famille maudite et tuant tous ses membres. Des années plus tard (nous voici projetés en 2013), à des centaines de kilomètres de là, une jeune femme, Heather, apprend qu’elle vient d’hériter d’un somptueux manoir victorien, léguée par une grand-mère dont elle n’avait jamais entendu parler. Accompagnée de ses meilleurs amis, elle part découvrir la magnifique propriété isolée dont elle est désormais propriétaire. 
Le premier gros problème du film est son héroïne. Magnifique et sculpturale Alexandra Daddario, la jeune brune est âgé à fortiori d’une vingtaine d’années. Mais le personnage qu’elle interprète devrait en avoir plus de 40 !! De ce constat primaire, Texas Chainsaw 3D ne tient plus debout, pire, se ramasse lamentablement sur sa fin. 

Sous sa structure initiale conventionnelle (une bande de «chair à pâté» jeune prétexte à se faire découper) de slasher bas du front, Texas Chainsaw 3D nous emmène vers une dernière partie inattendue voir impertinente. Sans avoir la volonté de spoiler, le film de John Luessenhop se veut être une ode féérique, une belle et la bête de sang, Leatherface se transformant en personnage central délivrant la belle des griffes des véritables méchants qu’est le genre humain. Un retournement narratif osé, mais injustifié, perturbant la véritable compréhension même d’une saga. Un effet boule de neige absurde, Leatherface se voit offrir le rôle du gentil sauveur de ces dames, qui plus est celle qu’il souhaitait à tout prix hachée en steak. 
Texas Chainsaw 3D passe le pas malsain d’uniformiser Leatherface (de la même façon que Freddy et ses suites), instaurant une certaine légitimité injustifiée. L’abstraction est faite dans la dernière partie du rôle primaire du personnage d’être un gogol cannibale devenant la bête pourfendeuse de sa belle qui va le prendre sous sa coupe. L’héritage même d’un genre qui ne sait plus où donner de la tête pour tirer son épingle du jeu. 

Massacre à la tronçonneuse était l’histoire d’un seul film. Un film devenu majeur d’un genre qui se retrouve épuisé d’avoir trop tiré sur la corde raide de suites absurdes, sans queue ni tête. Mais l’histoire n’est pas près de s’arrêter. Papy Leatferface n’a pas fini de jouer avec sa (canne) tronçonneuse, tout comme ses potes de l’asile/maison de retraite, Jason et sa machette ou Michael Myers et son couteau de cuisine. Les filons continueront d’être essorée/broyée à la seule gloire du dollar légitimé par la soi-disant attente de fans épuisé par tant de circonvolutions autour de boogeymen mythologiques.

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