Evil Dead (2013) : L’horreur à son extrême paroxysme

Le genre horrifique dans sa globalité ronronne doucement depuis quelques années. Les remakes ont fini par prendre le dessus sur l’originalité. La puissance de certaines petites œuvres indépendantes se font expulsées vers le marché indépendant, circulant maladroitement dans des festivals à la communication restreinte. Limité par un marché préférant distribuer des absurdités sans nom, on passe quasiment à côté de la majorité de ce qu’il peut se faire de mieux en ce moment. Oeuvre sans le sou, parfois à la limite de l’amateurisme, on était en quête constante d’une œuvre totale, tant artistiquement, que financièrement. Avec Evil Dead, on l’a tient enfin !

Petit film d’étudiant sans le sou produit avec une passion cinématographique démente, Evil Dead est le premier film de Sam Raimi. Datant de 1983, le film a demandé deux ans et onze mois de tournage. Evil Dead était un film sans concession et jusqu’au boutisme accusant le coup au fil du temps.
Trente ans après, Evil Dead bénéficie enfin d’une nouvelle suite. Supervisé par Sam Raimi himself et Bruce Campbell, le bébé est confié à un jeune inconnu auteur d’un court métrage en 2009, Ataque de pànico !. Découvert sur Youtube par le réalisateur de la première trilogie autour de Spider-Man au cinéma, Fede Alvarez débarque de nulle part pour s’attaquer au patrimoine de toute une génération ayant grandi avec la trilogie Evil Dead.

De la même manière que son professeur il y a maintenant 30 ans, Fede Alvarez a des idées pleins la tête et une rage de réussite flagrante. D’une maturité rare pour son premier film, il reprend totalement la base de l’original en se réappropriant tout le mythe d’Evil Dead 1 & 2. Soutenu par un budget plus conséquent et d’une équipe professionnelle, contrairement à son aîné, on s’aperçoit vite que le but premier de Fede Alvarez n’est pas de surpasser l’original, mais de s’inscrire dans une certaine continuité. Les éléments s’enchaînent se retrouvant face à des petits easter-eggs déciminés tout au long de l’installation de l’histoire. Pensant à des gentils clins d’œils, cet Evil Dead 2013 démontre ne pas être un absurde remake, mais une séquelle toute légitime, une nouvelle aventure se déroulant tout naturellement dans la maison avec une nouvelle bande venant dans un but bien précis.

Et c’est par son histoire qu’Evil Dead surprend. Efficacement construite, on suit une bande d’ancien amis se retrouvant pour porter secours à l’une d’entre eux. Mia est toxicomane, et c’est dans le but de la sevrer qu’il viennent passer le week end dans la cabane. Suite à la découverte du livre des morts et à la curiosité de l’intelligent de la bande, Mia va se faire posséder par les forces démoniaques libérées et le cauchemar va commencer.

Pris sous un angle premier degré, Fede Alvarez forge son film dans une noirceur totale. Les effets gores s’enchaînent souvent à la limite de l’insoutenable (les mutilations dans la salle de bain, le coupage de langue en deux et toutes les parties avec la tronçonneuse) allant vers un jusqu’au boutisme jouissif. Interdit bien sûr au moins de 16 ans, avoir l’opportunité aujourd’hui même, à l’heure de la censure totale, de voir une telle œuvre sur grand écran est excitant. Ne lâchant jamais son scénario en béton armé au détriment du gore facile, Evil Dead navigue solidement sous des hectolitres de sang pris dans un final ahurissant sous une pluie battante d’hémoglobine.

Malheureusement, un film tel qu’Evil Dead, œuvre assumé, intelligente, efficace, jouissive et pertinente est un mirage dans le carcan cinématographique plombé par l’argent facile. Espérons juste que les bons résultats engendrés au box office feront changé les choses, mais pour le moment, gardons nous de ce bons plaisirs qu’est le nouvel étendard de l’horreur, Evil Dead, 4éme du nom.

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