Fighter : L’équilibre de la réussite

Fighter est la naissance d’une fidèle collaboration entre Christian Bale et David O. Russell qui s’est entretenue à travers American Bluff ainsi que dans son dernier film Amsterdam prévu en octobre 2022. Une confiance et une alchimie qui s’est façonnée entre ces deux artistes notamment récompensés par l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 2011 pour Christian Bale. Fighter va donc adapter une histoire vraie entre ces deux frères Micky (Mark Wahlberg) et Dicky joué par Bale qui se contraste en raison de leurs chemins opposés. Cependant, ils seront reliés par ce puissant lien fraternel qui sera imité l’année d’après dans le chef-d’œuvre Warrior mettant à nouveau en opposition deux frères évoluant à travers un sport de combat inhérent à leur relation. 

Fighter est avant tout un film sur la famille. Une œuvre qui emprunte un axe réaliste loin de l’idéalisation de la réussite de cet héros américain incarné par Mark Wahlberg. Ce dernier va être rongé par la pression de sa famille, qui sera quant à elle réticente à sa progression vers sa réussite. Même si elle veut bien faire, cette dernière est en réalité vecteur de l’effondrement de Micky. D’ailleurs on aura l’occasion de voir la destruction due à l’emprise familiale à travers l’exposition déplorable de Dicky, le frère de Micky qui était un champion avant de devenir un dépravé croupissant dans la drogue. Il représente l’échec attiré avec ironie par sa famille programmée pour façonner sa réussite. Un documentaire va d’ailleurs être tourné en parallèle sur le fameux come-back de Dicky ainsi que sur sa dépendance aux stupéfiants. Mais la triste vérité est qu’il est surtout adulé par ceux qu’ils fréquentent et qui lui ressemblent, alors en quête de rédemption parmi les cracked et les prisonniers. Ce documentaire permettra au moins à Dicky et à sa famille de contempler sa descente aux enfers. De plus, Dicky voit à travers son frère le reflet de sa réussite, ce qui aura comme conséquences d’alourdir la pression qui pèse sur Micky.

Comme quoi la direction d’acteurs d’O. Russell sourit aux comédiens et comédiennes de talent car Amy Adams remporte également l’Oscar de la meilleure actrice pour un second rôle récompensant sa performance dans ce film, tissant tout comme Christian Bale un lien de confiance avec le réalisateur qui s’est prouvé lors de cette nouvelle collaboration dans American Bluff. Elle joue d’ailleurs l’antagoniste de son homologue récompensé en apportant la lumière dans la perdition de Micky, semant le trouble dans cette famille sous l’emprise de la figure maternelle Alice Ward. Elle sera non seulement la mère de Micky mais également son manageur, ce qui va contribuer à son manque de recul sur la situation, aveuglée par le déni.

La rencontre de Charlene (Amy Adams) est nécessaire pour la carrière de Micky qui s’avère comme par hasard en progression depuis son détachement familial. De là deux clans vont se créer, séparant les personnages essentiels à l’équilibre de Micky qui sera la clef de sa réussite pour devenir ce héros américain. 

Fighter va dresser un portrait pessimiste mais réaliste de la réussite américaine, que ce soit à travers l’effondrement de Dicky, de l’acharnement sans résultat encourageant pour Micky ou par l’échec de Charlene qui échoue également en devenant barman sans grandes convictions. Un combat matérialisé par la boxe qui illustre la lutte contre l’échec, que ce soit face aux problèmes financiers ou devant la décadence autodestructrice de la famille. L’approfondissement de sa dramaturgie va également permettre à Fighter de crédibiliser l’enjeu de ses scènes de boxe qui vont finalement devenir secondaires dans ce chantier pour rétablir l’équilibre familial qui s’avère être le réel combat pour parvenir à l’objectif de Micky : la réussite.

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