Toy Story 4 : Au-Delà de l’infini

Nous pensions que Toy Story 3 sonnait le glas d’une trilogie presque parfaite. Pixar semblait mettre un point final à cette histoire de jouets par laquelle tout avait commencé en 1995. Mais il faut s’avouer vaincu neuf années après avec un quatrième chapitre d’une saga ayant réussi à avancer en permanence. Non pas par une remise en cause à chaque opus, mais par son extraordinaire faculté d’avancer sur un fil narratif intact de 25 ans d’âge. 

Avions-nous besoin d’un Toy Story 4 ? Non est la réponse lapidaire de tous face à la fatalité de voir Pixar dans une facilité routinière enchaînant les suites à gogo. Mais le studio l’a assuré, les suites sont finies pour le moment, place à l’originalité. Plus de Cars, de Nemo et Dory ou de jouets parlants et s’animant pour guider la vie de leurs proprios humains. Donc il faudra pendre patience avant de voir la suite des idées de ce Toy Story 4 ahurissant de maturité, de renouvellements et d’émotions intenses. Il y aura forcément un cinquième opus à la saga Toy Story qui s’évade vers l’infini pour oublier l’au-delà. Ce nouvel opus se questionne une nouvelle fois sur l’utilité de l’existence des jouets, leurs places dans ce monde de consommation massif et leurs recherches permanentes d’amour envers leurs propriétaires. En l’occurrence Bonnie qui a repris le flambeau d’Andy dans la conclusion magique de Toy Story 3. L’un des plus beaux moments de cinéma jamais ressentis. On s’y colle ici pour mieux repartir sur des bases saines. Sauf que Bonnie laisse Woody dans le placard pour mieux jouer avec les autres jouets dans sa chambre. Elle préfère Jessie, et donc Woody le shérif protecteur s’inquiète. L’aventure part de ce constat de pérennité et de filiation entre un enfant et son jouet. Woody a-t-il fait son temps ? Est-il un jouet pour une petite fille ? 

Il va tout faire pour la protéger, comme il sécurisait Andy étant enfant. Un jouet rassure, puis s’oublie pour finalement prendre la poussière. On ne pensait pas que finalement un jouet avait tant d’importance depuis la sortie au cinéma de Toy Story. On en prend plus soin, leur espère une vie secrète, une vie tout court. Là va être l’épineux développement de ce 4e film sur le thème de la place du jouet, son utilité et sa pérennité. Bonnie laisse de côté Woody qui revient de la maternelle avec Fourchette, un assemblage de déchets trouvés dans la poubelle. Il est un jouet chétif et peureux ne comprenant jamais sa condition de jouet. Il se suicide en permanence dans la poubelle, étant un déchet. Mais Bonnie l’adore, Fourchette ayant accaparé toute son attention. Il est sa création, son monstre de joie et de jeu. Woody va alors tout faire pour le surveiller et le garder près de Bonnie. Car l’existence de Fourchette dépend de celle de Woody. Le fameux cow-boy opère un transfert recueillant l’amour pour Fourchette. Woody est dans le déni, pire confond Bonnie avec Andy… 

Woody est un jouet du passé, vivant dans le passé. Son aventure extraordinaire en quête de Bonnie tout en protégeant Fourchette, au cœur de cet antiquaire, prit en otage par de vieux jouets cherchant une nouvelle vie. Pixar travaille toujours ce thème vital pour un jouet remis chaque jour en cause. Que ce soit chez Andy, chez Sunnyside ou encore chez Bonnie. Les jouets ont une courte cote d’amour, que faire alors d’un possible premier jour du reste de ta vie ? Bizarrement la question ne se pose que pour Woody, lequel le film se repose essentiellement à défaut de Rex, Mr Patate, Jessie ou Buzz, son fidèle acolyte. Ce dernier trouve un second rôle dans ce 4e film aux ressorts fins et féminins. Le film est écrit en partie par Rashida Jones, actrice et scénariste reconnue à Hollywood, par qui le scandale Lasseter a explosé. On passe rapidement sur le fait pas si divers, la production de Toy Story 4 ayant été agitée par l’éviction de John Lasseter pour des « Hug » trop collés auprès du personnel féminin du studio Pixar. Il ne restera pas forcément loin avec un contrat de six mois de consultation par Disney, mais Toy Story 4 se dote d’une approche féminine prégnante.

Même le mouvement #MeToo a touché Pixar. Woody n’est plus le héros tenace du film laissant la place à Bo la Bergère qu’il retrouve à sa grande surprise. Toy Story prend le pouls d’une époque fortement dédiée à la femme avec sa dose de cynisme et d’opportunisme. Pas sûr que l’on se questionne autant pour le 5e film dans 10 ans. Mais l’effet s’avère être d’un fin équilibre faisant passer la pilule avec joyeuseté. Le fil narratif trouve une finalité bouleversante rapprochant bizarrement la saga Toy Story à la saga de Star Trek, Woody et Buzz étant les pendants de Kirk et Spock, ennemis puis amis pour la vie, dans l’infini et l’au-delà. 

Toy Story s’interroge toujours logiquement sur la condition de ses personnages principaux. Nous pensions trouver une fin parfaite avec l’épilogue du précèdent film, mais finalement, ce n’était qu’un nouveau départ pour nos personnages favoris. Ce nouveau film élabore la remise en question de la condition de jouets, de la vie de Woody qui se retrouve au placard et donc le début d’une petite mort. Sa condition est d’être une antiquité ou de saisir l’opportunité de choisir son destin tout en savourant l’amour plastique proche de lui ? Toy Story 4 est une fabuleuse suite, la preuve que l’on peut se renouveler tout en gardant un cap dans l’élaboration de thèmes forts et l’explosion d’émotions intenses envers de petites entités de plastique. Les studios Pixar sont miraculeux nous permettant une nouvelle fois de toucher cette émotion de cinéma.

4 Rétroliens / Pings

  1. Box-Office US du 28/06/2019 au 30/06/2019 -
  2. Box-Office France du 26/06/2019 au 02/07/2019 -
  3. Comme des bêtes 2 : La recette s'essouffle déjà -
  4. Box-Office France du 31/07/2019 au 06/07/2019 -

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