The Wicker Man : Ce monde est cruel

Avez-vous vu Midsommar ? Le dernier film d’Ari Aster sorti en 2019 ? Eh bien ce n’est pas du tout de celui-ci dont on va parler. Il s’agit de The Wicker Man, réalisé par Robin Hardy, sorti en 1973 avec Edward Woodward dans le rôle titre et Christopher Lee dans le rôle du sinistre Lord Summerisle. Même s’il ne semble pas l’évoquer tant que cela, The Wicker Man est indéniablement l’une des inspirations d’Ari Aster pour son Midsommar tant certaines thématiques sont communes. Difficile d’être éloquent sur des films aussi bouleversants que ces derniers.

Au cœur d’une double actualité en ce mois de mai, The Wicker Man vient non seulement d’arriver sur Shadowz mais il va également ressortir en salles, grâce à Lost Films, dès le 19 mai dans une version inédite de 92 minutes contre seulement 87 dans sa première version présentée en salle. A noter également que ces deux versions sont disponibles dans l’édition vidéo du film, le titre étant venu garnir la collection Make my day! de Jean-Baptiste Thoret en décembre dernier (et avec tous les moyens existants pour le découvrir, vous n’avez plus d’excuses pour ne pas le voir !) Il existe également une autre version, celle de son réalisateur, d’environ 99 minutes. Certaines images sont cependant introuvables, faisant de la version actuelle la plus longue visionnable aujourd’hui. A la veille du premier mai, un enquêteur écossais est chargé de retrouver une jeune fille portée disparue. Ses recherches l’amène sur une petite île où il sera confronté au mutisme des habitants. Un sentiment bien étrange commence à planer pour le policier qui s’inquiète de plus en plus pour le sort qui a été réservé à la jeune fille.

Le film associe bien l’enquête à la découverte du rythme de vie des habitants de l’île. Au fil de ses pistes pour retrouver la jeune fille, son inquiétude grandit de même que la nôtre. On comprend très vite que les choses ne sont pas ce qu’elles sont et que le village entier ne laisse paraître qu’un faux semblant. Plus le temps avance, plus on comprend que le destin de la jeune fille est de plus en plus funeste. Les rites, mœurs et autres festivités païennes auxquels s’adonnent les habitants de l’île déstabilisent le spectateur tout autant que l’inspecteur de police. Un drame semble s’être déroulé, les indices tendent à confirmer toutes nos craintes et pourtant, le mystère continue de planer. Jusqu’à l’acte final The Wicker Man mène son spectateur en bateau.

L’enquête est diablement bien orchestrée avec une narration progressive passant d’émotions en émotions. On découvre les indices de concert avec l’enquêteur comme si nous avions la possibilité de l’épauler. Sur ce point c’est un vrai tour de force d’offrir au spectateur le sentiment d’être investi dans cette enquête. Le scénario est suffisamment bien ficelé pour laisser le spectateur comprendre les différentes clefs de lecture au même rythme qu’Edward Woodward. Tantôt donnant la sensation qu’il patauge un peu et tantôt que nous avons les capacités cognitives d’un enquêteur de haut vol alors qu’on se fait tout bonnement berner depuis le début par Anthony Shaffer le scénariste.

Un double jeu d’acteur parfait tant on comprend vite leurs véritables intentions sans pour autant comprendre à quel moment ils vont se trahir. Avant de constater qu’ils ne se trahissent jamais véritablement. Ajoutons à cela une parfaite maitrise du rythme où l’enquête est intimement liée à la détermination de son enquêteur. The Wicker Man torturant l’esprit de son personnage principal en lui démontrant que tout persévérance est vaine mais en lui instillant le caractère de ne jamais abandonner. Une contradiction qui fait toute la saveur de ce film et qui justifie tout ce qui lui semble inexplicable. A ce sujet, Edward Woodward joue parfaitement l’homme en continuel combat psychologique avec son devoir et ses intuitions. Un duel particulièrement grandiose entre lui et Christopher Lee donne l’une des plus belle opposition du cinéma. Woodward, plus connu de la télévision signe ici probablement son meilleur rôle au cinéma et malheureusement l’un des seuls qui le mettra sur le devant de la scène et le fera découvrir à un public plus large. Christopher Lee démontre quant à lui, une fois de plus, qu’il est la quintessence de la majestuosité des personnages au cinéma.

Ce film reste en tête et mûri avec le temps. Il obsède. Sa construction soignée, rythmée, précise et inflexible donne l’ambiance et la tension du long-métrage. The Wicker Man devient fascinant, on ne quitte pas les yeux de l’écran et on se sent investit. L’histoire n’est pourtant pas ahurissante, les rebondissements reposent sur des éléments assez terre à terre au final. C’est bien la curiosité, le jeu implacable et impeccable de ses acteurs et actrices qui fait de ce film une sommité du genre. Robin Hardy n’aura véritablement réalisé que ce film dans sa carrière et l’on doit peut-être son succès à son scénariste. Il n’empêche qu’avec un seul film, il a réussit à inspiré plusieurs génération de réalisateurs dont on peut retrouver l’âme cinématographique aujourd’hui en la personne de Ari Aster.

Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*