Mortal Kombat, Destruction Finale : Round 2, Fight !

Deux ans après le succès public du premier opus, la franchise Mortal Kombat revient au cinéma sous la direction de John R. Leonetti qui troquait son post de directeur de la photographie pour celui de réalisateur. Premier film réalisé sous sa houlette, et première catastrophe ? Oui et non. Objectivement, Mortal Kombat : Destruction Finale est un film hideux, terriblement foutraque et perfectible sur bien des points. Subjectivement, tout comme son prédécesseur, impossible de déprécier totalement cette suite tant elle joue sur notre affect. Le gamin de 8 ans qui découvrait ce film en salle et qui, à cette époque, s’était procuré le jeu Mortal Kombat 3 sur Mega Drive, était le plus heureux des gosses. Tous les personnages que nous côtoyions derrière les manettes avec le petit frère étaient incarnés sous nos yeux, dans une salle neuve à l’écran géant et au son THX limpide. 90 minutes de techno et de combats à toute berzingue pour notre plus grand bonheur. Il n’en fallait vraiment pas beaucoup pour étancher notre soif nanardesque (c’est toujours le cas aujourd’hui, on est comme Julio, nous n’avons pas changé, sic!). Il y avait beaucoup à sauver dans le premier film que nous défendrons toujours corps et âme. À la revoyure, en est-il de même pour cette suite ? À priori, difficile de partir gagnant tellement tout ne va pas. Et notre désamour du réalisateur n’aide pas tant sa filmographie regorge de purges abominables (exception du récent The Silence qui nous avait agréablement surpris). Mais qu’importe, on aura toujours le temps pour défendre Mortal Kombat. Qu’y a-t-il à retenir du film aujourd’hui ?

Le seigneur Raiden, Liu Kang, Johnny Cage, le lieutenant Sonya Blade et la princesse Kitana sont revenus victorieux du Mortal Kombat. Selon le règlement du tournoi, la Terre est sauve pendant une génération grâce à leur victoire. Seulement, l’empereur d’Outre-Monde, Shao Kahn, décide d’enfreindre le règlement en envahissant immédiatement la Terre, ouvrant ainsi des portes dimensionnelles qui permettent la fusion de la Terre avec l’Outre-Monde. Raiden et ses amis n’ont que six jours pour vaincre Shao Kahn et ses guerriers et ainsi empêcher la fusion avec l’Outre-Monde.

Mortal Kombat : Destruction Finale porte bien son titre. Tout ce qui avait un semblant d’éclat dans le premier film part en fumée pour ne laisser place qu’à la désolation et la pauvreté artistique proche du néant. Malgré tout, impossible, une fois encore, de ne pas nourrir une certaine tendresse pour ce film. Oui c’est moche, oui c’est très mal joué, mal écrit, mal réalisé…mais c’est aussi moche qu’une partie de Mortal Kombat 3 sur Mega Drive, ce qui ne nous a jamais empêché d’y passer des heures. Si le premier film essayait de faire tenir un semblant de cohérence, ici on ouvre en grand les vannes du n’importe quoi et on y va à fond. Plus c’est con, plus c’est bon. Et à ce jeu, Mortal Kombat : Destruction Finale est un sérieux prétendant à la couronne des plus gros navets désolants qui existent. Le semblant d’histoire n’est prétexte qu’à aligner tous les personnages disponibles à l’époque du troisième jeu et de faire combattre tout le monde de manière aléatoire. On ne va pas répéter tout ce qui a été dit à son sujet sur la toile un peu partout. Les défauts du film, vous les connaissez aussi bien que nous.

En revanche, vous ne pouvez pas nier que Mortal Kombat : Destruction Finale est un film généreux. La générosité qu’il a à nous offrir une galerie de personnages hauts en couleur. À commencer par Shao Kahn planté par le succulent Brian Thompson. Trop souvent relégué au rang de second couteau dans des films ayant marqués leur époque comme Terminator, Full Contact ou encore Vampire…Vous Avez Dit Vampire ? Part. 2. On lui doit surtout un méchant iconique face à Stallone dans Cobra. Et de cette image iconique de bad guy, il en jouera diablement pour ce film. Il cabotine comme jamais, il est sous le feu des projecteurs, il a l’occasion de montrer qu’il a de la ressource et il donne tout ce qu’il a. Quel plaisir, mais quel plaisir ! Et surtout, quel talent ! Car, même s’il paraît vraiment mauvais, il est convaincant. On ne peut pas en dire autant des acteurs qui l’accompagnent. S’il sait jouer les méchant avec une justesse malicieuse à la frontière du surjeu, ses comparses tomberont dans le cliché inévitable alternant hystérie et grimaces grossières pour tenter de s’aligner à la cheville de son talent. Brian Thompson est vraiment un acteur et une gueule que l’on a toujours trop pris à la légère.

S’il a cette réputation de film indéfendable, nous n’avons pas peur de nous dresser fièrement devant tous ses détracteurs. Nous ne pouvons pas détester Mortal Kombat : Destruction Finale. Pour la simple et bonne raison que ce serait trahir notre « moi » enfant qui s’était régalé au cinéma à passer un moment fun avec son frangin et admirer la mine déconcertée de son père. Bien qu’il ne nous réconciliera pas pour autant avec Leonetti qui reste un vrai tâcheron de l’industrie à nos yeux, son premier film est une madeleine qu’on se régale à manger encore et encore tel un plat concocté par mamie : ça n’a clairement pas l’aspect d’un 3 étoiles, mais c’est tellement bon une fois en bouche !

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