La Manière Forte : … pour un dernier sursaut du genre.

Variation du genre Action au milieu des années 1980 sous l’influence des écrits de Shane Black qui ne se détachera jamais de ce style tout le long de sa carrière, le Buddy Movie va éclater le cinéma d’action en deux personnages détonnants. Popularisé par L’Arme Fatale réalisé par Richard Donner en 1987, le sous-genre va prospérer grâce à Walter Hill qui s’y appuiera pour orchestrer des westerns urbains entre les 48Hrs avec Nick Nolte et Eddie Murphy et Double Détente opposition guerre froide entre Arnold Schwarzenegger et James Belushi.
Les propositions pullulent au détour des années 1990 amenant vers La Manière Forte réalisé par John Badham. Valeur sûre des studios pour des productions explosives, le réalisateur de WarGames ou Short Circuit enchaîne, une année après Comme un Oiseau sur la Branche avec Mel Gibson et Goldie Hawn, avec The Hard Way en VO, polar mêlé de comédie qui mets en contraste Michael J.Fox et James Woods à la recherche d’un justicier dans la ville décidé à faire régner l’ordre.

La Manière Forte sort sur les écrans avec succès alors que le genre s’essouffle. Nous sommes en 1991 et Hollywood se prépare à voir émerger le Hannibal Lecter d’Anthony Hopkins. Le thriller va bientôt devenir phénomène de cinéma avec des titres comme Copycat ou Seven. Ce dernier cumulera les genres avec deux flics enquêtant sur un serial killer sacrément gratiné autour des sept pêchés capitaux. La Manière Forte accueille déjà cette idée autour d’un vigilante sociopathe adepte des jeux de société, enfant dégénéré et peroxydé incarné par un Stephen Lang en transe. Mais le film préfère s’appuyer sur la comédie et la popularité de Michael J.Fox venant tout juste d’en finir avec Retour vers le Futur. Le troisième et dernier film vient de sortir sur les écrans et l’acteur souhaite passer à autre chose. Son personnage de Nick Lang en sera le miroir, héros du divertissement hollywoodien, souhaitant un rôle plus entier. Ce qui l’amène, pour son prochain film, à prendre exemple sur un vrai flic. Il s’acoquine avec le Lieutenant John Moss pris dans cette affaire de meurtres et sa recherche intensive de conjointe. Un malencontreux mélange qui va donner le ton à un film déséquilibré où tous les personnages cherchent à exister en hurlant plus que l’autre. Si James Woods est parfait en flic taciturne ne sachant pas parler aux femmes, et Michael J.Fox idéal en sous-Tom Cruise cherchant le rôle adulte pour faire avancer sa carrière, c’est Annabella Sciorra qui peine à exister dans un rôle sous-écrit pour instaurer entre les deux hommes un personnage féminin et sa fille incarnée par la toute jeune Christina Ricci – juste avant d’incarner Mercredi dans La Famille Addams de Barry Sonnenfeld. 

La Manière Forte profite ainsi de la présence forte de Michael J.Fox à l’écran. Indéboulonnable acteur star des années 1980/1990, il s’époumone dans le film à s’amuser de son image et de son statut d’acteur cantonné à un seul et même rôle. Marty McFly lui colle à la peau et l’engluera à vie, La Manière Forte agissant comme un exorcisme vain, ses choix suivants débouchant tous sur des bides retentissants au Box-Office. Ainsi, le film de John Badham sera – avant Fantômes contre Fantômes de Peter Jackson – le dernier succès notable de l’acteur. En dépit de quelques faiblesses d’écriture, le film profite du savoir-faire du réalisateur. Le film est ainsi constamment rythmé par de sacrées séquences d’action, même les plus saugrenues dès l’ouverture du film où James Woods s’accroche désespérément au camion de la fourrière pour arrêter l’antagoniste du film. Tout est résolument bon pour tout exploser et ainsi singer L’Arme Fatale de Richard Donner, saga accumulant les cascades telles des slapticks à la grande époque du muet.

Tout est fait pour passer un bon moment de cinéma dans cette production calibrée accumulant les placements de produits entre les Marlboro dont John Moss s’efforce à ne pas fumer, les sacs GAP et la gamme Apple (bien présente déjà à l’époque). La Manière Forte – désormais disponible en DVD & Blu-Ray chez Rimini Editions – est un pur produit de son époque profitant d’un duo détonnant qui s’apprivoise forcément au fil d’un métrage évanescent vers lequel on revient toujours pour une redécouverte agréable.

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